OCCUPATION - Le recteur de la Sorbonne, haut-lieu de la contestation estudiantine en mai 68, a demandé jeudi soir l'intervention de la police "avec regret", a indiqué son cabinet. Du côté de Tolbiac, les CRS sont repartis sans évacuer les étudiants.
"Ouvrez la porte! Ouvrez la porte !" Ce jeudi soir, vers 21 heures environ 500 étudiants s'étaient donné rendez-vous devant la Sorbonne pour une assemblée générale interfac. Face à eux, une quarantaine de CRS bloquent l'accès. A l'intérieur, d'autres étudiants occupent la faculté.
Selon le cabinet du recteur, les étudiants réunis en assemblée générale avaient voté "l'occupation" du site, dans le cadre de l'opposition à la réforme de l'accès à l'université. "Après trois heures de négociations infructueuses" avec eux, le recteur raconte avoir demandé l'intervention des forces de l'ordre "avec regret" de ce haut-lieu de la contestation estudiantine en mai 68.
CRS dans la Sorbonne @cortegedetete @BlocusInfos pic.twitter.com/mePJl6tVeq — LaMeutePhotographie (@LaMeutePhoto) 12 avril 2018
"Environ 200 étudiants qui se trouvaient à la Sorbonne depuis le milieu de l'après-midi votaient une occupation et refusaient de quitter les lieux. En début de soirée, le recteur d'académie sollicitait la préfecture de police afin de procéder à l'évacuation des lieux", a indiqué la préfecture de police dans un communiqué. "L"évacuation, qui a concerné 191 personnes, s'est déroulée dans le calme et sans aucune incident".
Les CRS ont réussi à déloger les occupants de la #Sorbonne et à éloigner les manifestants de l'entrée. Selon les agents, il n'y a plus personne à l'intérieur. pic.twitter.com/Gjchfzid9d — Matthieu Desmoulins (@MatthDes) 12 avril 2018
"Tu as que ça a faire de me filmer. Je te donne pas mon matricule ! "
Faux, répondent certains étudiants qui dénoncent des brutalités policières lors de l'évacuation. Une heure plus tard, les locaux historiques de la Sorbonne sont vides. Dehors, des CRS restent présents pour éviter tout nouveau blocage. La nuit est tombée. La foule s'est dispersée.
Là, sur les trottoirs mouillés de la capitale, deux jeunes s'approchent de la fac. Les forces de l'ordre leur demandent de "dégager". Au passage, l'un des CRS assène un "coup discret" à l'un des deux étudiants, rapporte un journaliste présent au moment des faits. Sur son compte Twitter, il raconte, vidéo à l'appui, l’intimidation qui a suivi. "Tu as que ça à faire de me filmer. Je te donne pas mon matricule ! Je te le donne pas!", lance le CRS, avant de le traiter de "baltringue".
Deux jeunes ont tenté de rentrer. Des policiers les délogent et l’un d’entre eux donne discrètement un coup puis leur demande de dégager pic.twitter.com/2Y9AWg50vU — David Perrotin (@davidperrotin) 12 avril 2018
A l’issue de l’évacuation, qui s’est déroulée en moins d’une heure, le rectorat a annoncé la fermeture ce vendredi et samedi du site "par mesure de sécurité".
Pas d'évacuation de Tolbiac
Un peu plus au sud de Paris, l'antenne de Tolbiac, occupée depuis fin mars n'a, elle, pas été évacuée. Le président de l'université Panthéon-Sorbonne avait demandé mercredi l'intervention de la police. Mais la préfecture n'a pas donné suite à cette demande.
Jeudi soir, aux abords de l'établissements, une forte présence policière était visible. Les forces de l'ordre ont quitté les lieux vers 23h30, sous les huées de quelque 200 personnes.
La réforme de l'accès à l'université, qui s'apparente selon ses détracteurs à une "sélection" en raison du classement des candidatures des bacheliers, perturbe certaines universités depuis des semaines voire des mois.