"On pense à l’avenir et on ne veut pas de cette vie-là" : avec les lycéens mobilisés contre la réforme des retraites

Publié le 31 janvier 2023 à 14h45

Source : TF1 Info

En ce 31 janvier, 2e round de la contestation de la réforme des retraites, les lycéens sont, eux aussi, dans la rue... et devant leurs établissements.
La perspective de prendre leur retraite à 64 ans, comme le prévoit le texte, pourrait paraitre bien éloignée de leurs préoccupations.
Ceux qui se mobilisent et que nous avons rencontrés, devant des lycées parisiens, entendent défendre leurs intérêts, mais aussi ceux de leurs parents.

"La jeunesse, déter' et en colère." Devant le lycée Turgot, à quelques mètres de la place de la République à Paris, quelques dizaines de lycéens se sont réunis ce mardi 31 janvier pour bloquer l’entrée de leur établissement. Des poubelles, une banderole, quelques affiches, un fumigène est craqué. Tous les éléments sont réunis pour montrer leur détermination à s’opposer à une réforme des retraites qui semble pourtant bien loin des préoccupations de ces élèves, d’à peine 18 ans. 

Nous aussi, les jeunes, on est solidaire des futurs retraités.
Arthur, 16 ans

"Je trouve que c’est important de montrer que, nous aussi, les jeunes, on est solidaire des futurs retraités. Même nous, ça va nous toucher un jour", justifie malgré tout Arthur. À 16 ans, il se destine à faire de la politique ou de l’histoire, et a déjà des positions bien arrêtées sur cette réforme, qu’il considère comme "injuste" et "inégalitaire". 

Des positions partagées également par Selma et Frida, qui portent la voix des lycéens mobilisés dans leur établissement. Un masque sur le visage, elles défendent le blocage mis en place pour s’opposer au nouveau projet du gouvernement. "Des gens disent que ça ne nous concerne pas, mais ça va bientôt être le cas", estiment-elles, mettant en avant les lycéens qui seront amenés à travailler après leur baccalauréat et qui commenceront alors à cotiser. Par ailleurs, rallonger le temps de travail des personnes les plus âgées pourrait avoir des conséquences sur l’accès à l’emploi des plus jeunes, selon elles.

Je n'ai pas envie de me retrouver à ne plus pouvoir marcher et devoir aller au travail le matin
Selma, une lycéenne qui se destine à des études supérieures

À 15 ans, Selma sait qu’elle poursuivra ses études après le baccalauréat. C'est pourquoi elle se prépare déjà aux répercussions sur son âge de départ à la retraite. "Je vais commencer à cotiser plus tard. Je n'ai pas envie de me retrouver à ne plus pouvoir marcher, à ne plus pouvoir rien faire, et de devoir aller au travail le matin", indique la jeune fille qui se destine au journalisme. "Tous les jours, il y a des accidents du travail, il y a des burn out, il y a des gens qui travaillent trop… nous, on pense à l’avenir et on ne veut pas de cette vie-là", rejette-t-elle.

Car même si nombre de ces lycéens mobilisés n’ont pas commencé à travailler, c’est bien le sujet des conditions de travail que les jeunes rencontrés en cette 2e journée de mobilisation nationale contre la réforme des retraites s’épanchent, mettant en avant leur cercle proche. "Mes parents sont professeurs, ce n'est pas un boulot très pénible, mais ça reste usant. Pour les ouvriers, les gens qui travaillent dans le bâtiment, les infirmiers… on ne peut pas leur dire qu’ils vont devoir bosser jusqu’à 64 ans", juge encore Arthur.

"Avec le contexte actuel, l’inflation, et maintenant les retraites, on ne fait que travailler. Les gens n’ont pas le temps de vivre", justifie par ailleurs Lune, rencontrée du côté du IXe arrondissement. Là, le lycée Racine était également bloqué ce mardi 31 janvier, faisant suite à une mobilisation commencée dès le début de semaine. Les poubelles ont été entassées devant l'entrée de l'établissement, tandis que les élèves ont entonné slogans et chants pour se motiver. Les jeunes ont prévu ensuite de rejoindre la manifestation parisienne, place d'Italie. Mais au bout de deux jours de mobilisation, Lune fait part de sa fatigue. "On doit s’occuper de nos retraites alors qu’on n'a que 18 ans. Ça montre à quel point on est inquiet", ajoute-t-elle. 

D'autant que durant ces deux jours, les élèves de Terminales ne peuvent se consacrer à ce qui reste leur quotidien : leur orientation, comme les examens de fin d’année. "Si on sèche les cours, à deux mois du bac, à un moment où Parcoursup est décisif dans nos vies, ce n'est pas par plaisir", rappelle Elmer, une pancarte à la main et mobilisée dès l’aube. "On ne devrait pas avoir à faire ça donc si la jeunesse se mobilise, ce n'est pas juste pour rater les cours, mais parce qu’on y croit. On ne lâchera pas", espère-t-elle. Eric, en Terminale aussi, se montre plus radical. "La retraite de mes parents est plus importante qu’un quart de point au bac", estime-t-il.


Aurélie LOEK

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