Carburants : deux raffineries sur huit en grève, le gouvernement appelle à éviter les "pleins de précaution"

Publié le 27 décembre 2019 à 6h14

Source : JT 20h Semaine

BRAS-DE-FER - La CGT tente d'amener la grève dans les raffineries en bloquant depuis lundi l'usine de Lavéra, dans les Bouches-du-Rhône, et mardi celle de Grandpuits (Seine-et-Marne). Plusieurs stations sont déjà à sec. Mais le gouvernement assure, lui, ne pas s'inquiéter d'éventuelles pénuries.

La lutte contre la réforme des retraites va-t-elle "s'exporter" dans différents secteurs ? Après avoir coupé l'électricité dans certaines villes de France, c'est une autre énergie que la CGT bloque depuis quelques jours. La raffinerie de Lavéra, près de Martigues dans les Bouches-du-Rhône, est à l'arrêt complet depuis le 23 décembre, immobilisée par des grévistes pour contester le projet du gouvernement. Le mouvement de contestation s'est étendu mardi 24 décembre à la raffinerie de Grandpuits-Bailly-Carrois, en Seine-et-Marne, qui tournait au ralenti et assurait une production minimum depuis le 5 décembre dernier.

Le blocage pourrait continuer à se propager à d'autres unités. Si plusieurs sites ont été fortement perturbés ces dernières semaines, les grévistes devaient se réunir lundi soir en assemblée générale pour voter le durcissement du mouvement dans les usines de Feyzin (Rhône) et celle de la Mède (Bouches-du-Rhône). Concrètement, désormais deux raffineries sur les huit que compte la France sont à l'arrêt, la CGT prévoit une baisse de 20% de la production de pétrole dans les prochains jours. Les autres ne connaissent "que" des perturbations.

Communiqué de la FNIC CGT concernant le blocage des raffineries, le 23 décembre 2019
Communiqué de la FNIC CGT concernant le blocage des raffineries, le 23 décembre 2019 - FNIC - CGT

Tout cela va s'accélérer dans les jours à venir
Thierry DEFRESNE, délégué central CGT chez Total

Cela aurait déjà des conséquences diverses à la pompe. Dans le département des Bouches-du-Rhône, notamment à Marseille, des stations-essence étaient déjà vides. Au total, ce sont 130 stations service qui sont fermées, sur les 11.000 répertoriées sur notre territoire. Dans le même temps, les prix des carburants ont poursuivi leur hausse la semaine dernière, selon des chiffres officiels publiés lundi. Le litre de gazole, carburant le plus vendu avec près de 80% des volumes, a atteint 1,4667 euro par litre, en hausse de 1,03 centime par rapport à la semaine précédente. L'essence super sans plomb 95 valait 1,5227 euro, en progression de 0,19 centime. Le SP95-E10, qui contient jusqu'à 10% d'éthanol, s'affichait pour sa part à 1,5036 euro, soit 0,39 centime de plus. Enfin, le SP 98 a atteint 1,5872 euro, en hausse de 0,10 centime.

Interrogé par franceinfo, Thierry Defresne, délégué central CGT chez Total, évoquait d'ailleurs "un durcissement du mouvement" qui s'est enclenché. Selon lui, la situation en région PACA et en région parisienne est déjà "extrêmement tendue". "Il est possible que la distribution de produits (essence et gazole, ndlr) soit très impactée entre Noël et le jour de l'an. (...) 360 stations connaissent une pénurie sur au moins un produit. Tout cela va s'accélérer dans les jours à venir", ajoute-t-il.

Doit-on craindre une pénurie ?

Seulement voilà, le gouvernement ne semble pas s’alarmer. "Aucune inquiétude", assure même le ministère des Transports. Dans un communiqué, il certifiait d’ailleurs lundi après-midi que "toutes les raffineries continuaient de produire" et que "six raffineries sur sept assuraient leurs expéditions normalement", permettant "l’approvisionnement des stations-service". 

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Comme le notait l'Union française des industries pétrolières (Ufip), le 11 décembre dernier, les quelque 11.000 stations-service que compte le pays disposent chacune d’une autonomie de deux ou trois jours. Au-delà de ce répit, et notamment pour éviter une pénurie, la France possède des stocks stratégiques sur son territoire. Ils représentent à eux seuls trois mois de réserve de carburants. "Il faudrait une grève de toutes les raffineries pendant très longtemps, et encore, pour qu'il y ait des problèmes d'alimentation", indique un professionnel du secteur à LCI.

Le gouvernement joue toutefois la prudence et appelle les consommateurs à ne pas faire de pleins de précaution qui eux, par contre, peuvent créer des "points de tension". Une prophétie auto-réalisatrice qui avait été observée, en 2016 comme en 2017, où la peur de manquer avait conduit à se ruer sur les stations service et avait précipité leur assèchement.


La rédaction de TF1info

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