TOTE BAG - Depuis toujours, c'est bien souvent dans les cours de récré que se jouent les phénomènes de mode. Et il y en a un qui a la vie dure auprès des collégiennes et lycéennes : elles veulent toutes un sac à main pour transporter leurs fournitures. Un choix qui n'est pas si anodin que ça. Explications...
Alors que les fédérations de parents d'élèves mènent campagne depuis des années contre les cartables trop lourds, les pré-adolescentes s'en soucient comme de leur première paire de chaussettes. Leur truc à elles, c'est d'avoir le sac tendance et de marque comme cartable. Un point, c'est tout !
Au pilori donc, le cartable en cuir ou le sac à dos fantaisie : les jeunes filles veulent aller en cours avec un sac qui les fera paraître cools, branchées, dans l'air du temps, "mais aussi et surtout qui ressemblera à celui utilisé par le plus grand nombre", insiste la psychologue Béatrice Copper-Royer. Comme le souligne dans Madame Figaro Nathalie Debans, ex-professeure dans plusieurs lycées parisiens et auteure du livre "Mes élèves s'habillent en Prada" (Editions K&B), "si, adulte, on est content de dénicher la bonne pièce afin de se différencier, jeune, c’est l’opposé. Les adolescentes veulent le même sac que les copines pour appartenir à une tribu. C’est un processus normal".
Qu'importe si ledit sac n'est pas conçu à l'origine pour y mettre livres, cahiers et lourds classeurs. L'essentiel étant non pas de transporter convenablement ses fournitures, mais bien d'avoir un look qui permettra de s'intégrer au bon clan. "A un âge où on n'a pas tellement confiance en soi, cela les rassure beaucoup", nous explique Béatrice Copper-Royer. "Et comme l'entrée au collège, c'est le moment où l'on quitte l'enfance pour rentrer dans le monde des grands, on veut en prendre quelques codes pour confirmer que c'est bien vrai. Quoi de mieux que de s'affubler d'un sac à main, symbole extrêmement féminin, qu'elles ont toujours vu au bras de leur grand-mère et de leur mère ?"
Vanessa Bruno et Longchamp ont toujours la cote chez les collégiennes
Et comme tout mouton de Panurge qui se respecte, dans le cœur des jeunes filles en fleur, c'est le cabas Vanessa Bruno qui a toujours la cote - et ce en dépit de son prix relativement élevé : compter plus de 100 € pour le modèle de base -. "Il faut dire qu'entre ses paillettes colorées susceptibles d'évoluer en fonction des tendances du moment et sa forme cabas parfaitement adaptée au nécessaire scolaire", ce best-seller a de quoi séduire la collégienne qui rêve de zapper son cartable pour un sac de cours plus trendy, décrypte le site Tendances de mode.com.
Autre sac de prédilection des fashionistas en herbe, qui truste les cours des collèges et des lycées depuis les années 2000, même s'il avait perdu ces dernières années un peu de sa superbe : le Pliage de Longchamp, un peu plus accessible en terme de prix, autour de 70 €. Mais ces classiques risquent d'être détrônés cette année par LE cabas en cuir noir, marron ou beige. "C'est la grande tendance, du coup on le trouve dans à peu près toutes les marques (H&M, Bershka, Mango, Zara, Asos...). Le must c'est qu'il soit le plus sobre possible", décrypte Bénédicte Fabien, directrice du planning stratégique au bureau de tendances Leherpeur Paris.
Les lycéennes aspirent au cabas en cuir
Ce type de sac, très féminin, est en général plus prisé par les lycéennes, de moins en moins contraintes de transporter des livres, et surtout moins sujettes à cette mode "moutonnière". "Au lycée, il est davantage question d'individualité, assure Béatrice Copper-Royer. Les plus grandes cherchent à se différencier, et osent le faire parce qu'elles ont plus d'assurance. C'est un âge où les filles ont un peu d'extravagance dans leur tenue".
"Ainsi, certaines ne vont pas hésiter à débourser plus de 250 € pour s'offrir le Michael de Michael Kors. Toutes les jeunes filles le veulent ! Il n’y a pas forcément un modèle précis, du moment qu’il est en cuir", analyse Bénédicte Fabien. "Autre valeur montante, le petit sac à dos de ville à la ligne très épurée, très inspiré d'une marque qui cartonne sur les réseaux sociaux : Mansur Gavriel, et que l'on retrouve chez plein de petites marques".
Mais le sac de cours de la lycéenne peut aussi bien être un cabas en raphia trouvé sur un marché, ou un tote bag, ce sac en tissu donné dans les magasins lors d’un achat. "Une tendance qui s'amplifie, avec une prédilection pour ceux de marque, comme Monki ou Stradivarius, tout comme ceux avec des messages, voire un peu graphiques. Cela ne va pas forcément être le sac principal mais plutôt celui que l'on va utiliser pour le cours de gym ou de dessin", précise à LCI notre spécialiste ès-tendances.
Et puis, on trouve aussi le sac un peu vintage, hérité de maman. "Ce n'est pas forcément un sac de marque mais celui qui a été porté, qui a vécu. On sait que cette notion de vintage commence à prendre de la valeur à la fin du collège. Les adolescentes veulent s'emparer de l'histoire familiale avant d'écrire leur propre histoire". Bref, le choix est vaste...
8,5 kg, c'est le poids qu'un élève doit porter pour aller à l'école
FCPE (Fédération des Conseils de Parents d’Élèves)
Oui mais voilà... Effet de mode ou pas, une chose est sûre, le choix du cartable ne doit pas être négligé si l'on veut préserver le dos de ses enfants et favoriser leur bonne croissance. Dans un rapport publié l'année dernière, la FCPE (Fédération des Conseils de Parents d’Élèves) s'alarmait du poids qu'un élève doit porter pour aller à l'école. Selon elle, "il est en moyenne de 8,5 kilos, soit l’équivalent d’un pack de 6 bouteilles d’eau à porter chaque jour durant toute une année scolaire. Un poids bien trop excessif pour un enfant qui devrait en moyenne porter un cartable n’excédant pas 10% de son poids, autrement dit 3,4 kg pour un élève de 11 ans et 4,4 kg pour un élève de 13 ans.
Et quand ledit cartable se transforme en sac à main, il ne faut pas négliger les répercussions physiques que cela peut avoir chez l'adolescent. "Ce que l'on voit régulièrement en consultation en cette période de rentrée, que ce soit avec un cabas, que les jeunes filles portent souvent dans le creux du bras, ou un sac à dos, porté en général sur une seule épaule et non les deux, ce sont des douleurs dans le bas du dos, dans l'épaule ou dans la nuque", assure à LCI Robin Véteau, ostéopathe et secrétaire général du syndicat français des ostéopathes. "Cela crée des tensions et des raideurs musculaires dans toutes ces zones-là, qui peuvent dégénérer en maux de tête chez certains ou en douleurs chroniques le reste de l'année".
"En fait, plusieurs facteurs interagissent : au collège et au lycée, on a des sacs plus lourds car on ramène ses livres à la maison, et puis c'est aussi une période de la vie où la croissance faisant, on peut avoir des problèmes de scoliose qui apparaissent. Tout cela va s'accumuler pour créer chez certains jeunes des douleurs assez importantes", poursuit le thérapeute.
Pas question, donc, de prendre le problème à la légère. Faut-il pour autant que les parents interdisent à leurs enfants de succomber à ces effets de mode ? "Une chose est certaine, comme on ne peut pas diminuer le poids des cartables en claquant des doigts, le plus simple c'est de s'adapter. Du coup, je conseille aux adolescents d'alterner le port de leur sac de cours, une fois du côté droit, une fois du côté gauche, afin de reposer l'épaule qui aura été trop sollicitée. Et en cas de douleur récalcitrante, il me semble judicieux de revenir parfois au cartable disons... plus conventionnel", tempère Robin Véteau. Et quid du sac à main ? "Le refuser à sa fille quand on est une maman, c'est refuser de la laisser grandir en jouant avec ces codes de la féminité. C'est finalement un clin d'œil pas bien méchant", conclut Bénédicte Fabien.
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