"REVOLTE !" - Plus de 20.000 personnes ont manifesté mardi soir devant le tribunal judiciaire à Paris pour rendre hommage à Adama Traoré et dénoncer les violences policières. Le rassemblement a commencé dans le calme mais des incidents ont éclaté vers 21 heures. Notre journaliste était sur place.
Mardi 2 juin en début de soirée, en dépit de l’interdiction prononcée tardivement par la préfecture de Police, plus de 20.000 personnes se sont rassemblées sur le nouveau parvis du tribunal de Paris, dans le 17e arrondissement, en réponse à l’appel du comité de soutien à la famille d’Adama Traoré, ce jeune homme noir de 24 ans mort en 2016 après une interpellation musclée. "Aujourd’hui, ce n’est plus que le combat de la famille Traoré, c’est votre combat à vous tous. Aujourd’hui, quand on se bat pour George Floyd (ndlr : ce noir américain tué par un policier blanc aux Etats-Unis), on se bat pour Adama Traoré", a lancé Assa Traoré, la sœur aînée d’Adama, face à des manifestants arborant des pancartes "Black Lives Matter" ("Les vies des Noirs comptent", en français) et scandant "Pas de justice, pas de paix", "Révolte !" ou "Tout le monde déteste la police".
Comme la plupart des manifestants présents ce mardi soir, Kevina, une étudiante de 19 ans, a été alertée via les réseaux sociaux. Elle n’a pas hésité une seconde. "Les policiers ne sont pas censés tuer, ils sont censés nous protéger", dit-elle à LCI, en colère. "Si nous sommes ici, pour manifester, c’est pour lutter contre les injustices, pour que, plus tard, nos enfants ne vivent pas la même chose", explique la jeune femme. A ses côtés, Fatima, 18 ans, embraye. "Le racisme et la haine n’ont pas de frontière. Ce qui se passe aujourd’hui aux Etats-Unis, avec la mort de George Floyd, a permis de réveiller les consciences, y compris ici en France", estime-t-elle.
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"Comme d'habitude, des casseurs sont venus pour foutre le bordel"
Le rassemblement, qui avait débuté à 19h, s'est déroulé dans le calme. Mais des incidents ont éclaté aux alentours 21h, au moment de la dispersion. Les pompiers se sont rendus sur place, encadrés par des CRS, pour éteindre plusieurs brasiers allumés sur les lieux. Un tronçon du périphérique parisien a ainsi été bloqué pendant quelques minutes par les manifestants au niveau de la porte de Clichy. Les forces de l'ordre ont fait usage de gaz lacrymogènes. La situation est progressivement rentrée dans l'ordre vers 22h30 avant un retour au calme total un peu avant minuit. "A la base, c’était un rassemblement pacifique. Mais, comme d’habitude, des casseurs sont venus pour foutre le bordel", déplore Gethro, 18 ans.
Pour Jessica, 22 ans, et Kenny, 27 ans, à travers ce rassemblement, c’est "le ras-le-bol de toute une partie de la population" qui s’est exprimé. "On nous traite différemment, en fonction de notre origine et notre couleur de peau. Ce sentiment d'injustice ne concerne pas uniquement les noirs, mais aussi toutes les minorités", soulignent-ils. Le 19 juillet 2016, Adama Traoré était décédé dans la caserne de Persan, près de deux heures après son arrestation à Beaumont-sur-Oise (Val-d'Oise) au terme d'une course-poursuite avec les gendarmes. Quatre ans plus tard, alors que trois expertises médico-judiciaires avaient écarté la responsabilité des gendarmes, une nouvelle expertise commandée par la famille, dévoilée ce mardi, affirme que c'est bien le plaquage ventral et non la santé du jeune homme qui est à l'origine de sa mort.
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