Au lendemain d'une 4e journée de mobilisation contre la réforme des retraites, les syndicats veulent maintenir la pression.Toutefois, ils sont soucieux de ne pas rendre leur action impopulaire.Du coup, que ce soit dans les raffineries ou à la SNCF, l'intersyndicale agite le spectre d'une "France à l'arrêt" le 7 mars, soit après les vacances de la zone C.
En réussissant à rassembler, samedi, entre 963.000 et 2,5 millions de manifestants selon les sources, les syndicats unis emmenés par le binôme CFDT-CGT ont démontré au gouvernement qu'ils pouvaient toujours compter sur le soutien de la rue face au report de l'âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans. De quoi conforter l'intersyndicale dans sa stratégie.
Celle-ci appelle à un cinquième acte ce jeudi 16 février et agite le spectre d'une "France à l'arrêt" le mardi 7 mars - au sortir des vacances scolaires, selon des modalités qui varient entre les deux locomotives syndicales du mouvement : la CGT privilégiant "des grèves reconductibles", la CFDT évoquant "des opérations villes mortes", comme l'a suggéré son secrétaire général, Laurent Berger, invité du "Grand Jury RTL-Le Figaro–LCI" dimanche.
Pas question de se rendre impopulaire
Sauf surprise, les grèves dures dans l'énergie et les transports ne sont donc pas pour tout de suite. Ce qui est de bon augure pour les vacanciers, notamment ceux de la zone C, qui entament leurs congés ce samedi 18 février. "Nous ne voulons pas entraîner des perturbations qui pourraient retourner l’opinion publique", expliquait début février au Parisien, Didier Mathis, le secrétaire général de l’Unsa. Lors du week-end de Noël, la grève des contrôleurs avait écorné l'image de la SNCF chez de nombreux voyageurs. Cette fois, les syndicats de cheminots ne veulent pas refaire la même erreur. D'autant que l'opinion publique est majoritairement contre cette réforme, un soutien qu'il serait fâcheux de s'aliéner en compromettant par des blocages les départs en vacances.
"On a décidé d'avoir une démarche plutôt positive avec l'action des 'Robins des bois'" (gratuité, rétablissement du courant pour les ménages coupés par leur fournisseur), mais beaucoup sur le terrain disent être "prêts pour des actions plus dures, n'attendant que le top départ", indique pour sa part Fabrice Coudour, secrétaire fédéral de la CGT-Energie, un des fers de lance du mouvement. Autre facteur, la volonté de préserver un front syndical uni face au gouvernement. "Il y a du monde dans les rues, on bat même certains records historiques" et l'union des syndicats est "très démonstrative et paraît très solide : chacun joue une même partition en harmonie", souligne à l'AFP Dominique Andolfatto, politologue et spécialiste du monde syndical.
Aucune pompe à sec
En conséquence, pas d'arrêt de la production dans les raffineries en vue. Pas "prêts", ou du moins pas encore : alors qu'un blocage énergétique du pays semblait se profiler pour la semaine dernière, avec un arrêt des raffineries TotalEnergies, leurs employés ont souhaité temporiser. "Le seul impact sur l'outil de travail, ça va être des baisses de débit de production, mais pas un arrêt", a expliqué à l'AFP Thierry Defresne, secrétaire CGT du comité TotalEnergies Europe, selon qui, "pour l'instant, les salariés nous disent : 'on ne veut pas partir seuls'".
"Le but, c'est d'être le plus nombreux possible sur les mêmes dates et de taper tous en même temps sur le même clou au même moment", a-t-il encore déclaré. "Quand on fait le bilan des derniers grands mouvements sociaux, c'est à chaque fois ces secteurs-là qui vont au charbon : raffineurs, transports, énergie", avance Stéphane Sirot, historien spécialiste des médias, selon qui ces professions, "au bout du compte, se retrouvent aussi à devoir en assumer les conséquences".
La SNCF "ne veut pas bloquer le chassé-croisé des vacances"
Même son de cloche du côté de la SNCF. "On se mobilise pour une question de réforme des retraites qui concerne l'ensemble des Français et à ce titre, on ne veut pas bloquer le chassé-croisé des vacances", expliquait Erik Meyer, secrétaire fédéral de SUD-Rail, à propos de la journée de mobilisation du 11 février. Ce dernier se dit convaincu que c'est la grève reconductible "qui fera plier le gouvernement", mais il souhaite des "garanties" pour les cheminots qui se mettraient en grève "de ne pas être les seuls", avec un élargissement maximum de la mobilisation interprofessionnelle.
Le mouvement pourrait très bien connaître le même sort qu'en 2010, pour Stéphane Sirot : "les organisations syndicales avaient multiplié les journées d'action sur plusieurs mois", et avaient "gagné la bataille de l'opinion", mais elles n'avaient pas empêché le gouvernement Fillon de porter à 62 ans l'âge légal de départ à la retraite.
Attention toutefois aux grèves surprises. Comme ce samedi 11 février, jour de départ en vacances pour les zones A et B, où un vol sur deux a été annulé à Paris-Orly, tandis que l'aéroport de Toulouse a été fermé en soirée : des contrôleurs aériens avaient cessé le travail, bien que leurs syndicats n'avaient pas appelé à la grève.
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