EMPLOI - S'ils restent attachés au salaire et au travail, les jeunes valorisent les entreprises respectueuses de leurs salariés, révèle un baromètre publié par la Fondation Jean Jaurès. Plébiscitant le travail en présentiel, pour garder un lien avec les collègues, ils préfèrent les sociétés locales à taille humaine.
Connues il y a quelques années pour être plus "bougistes", promptes à changer rapidement de poste et d’entreprises, les jeunes générations seraient finalement bien plus attachées à la stabilité et à la sécurité financière qu’on ne l’imagine, sans doute fragilisées à cause de la crise sanitaire. C'est que révèle la Fondation Jean Jaurès, qui s’est penchée sur la relation qu’entretiennent les jeunes avec leur entreprise via son baromètre réalisé en partenariat avec la Macif et l’institut BVA, publié ce jeudi 16 décembre.
Une enquête réalisée par Internet du 5 au 15 novembre, auprès de 1000 Français âgés de 18 à 24 ans, un échantillon représentatif de la population nationale, assure la Fondation. Ses résultats balaient les idées préconçues : les jeunes salariés restent attachés aux "fondamentaux" de l’entreprise, à savoir notamment le salaire et le travail. Ils plébiscitent en revanche les sociétés locales, respectueuses et qui garantissent une bonne ambiance entre collègues, mais aussi porteuses d'engagements, plutôt que le modèle classique des grands groupes du CAC40.
Un bon salaire et la stabilité de l'emploi, des critères fondamentaux
"Argent" et "salaire" sont ainsi les termes les plus cités lorsque l’on évoque le monde de l’entreprise (26% des voix si on cumule les deux mots), juste derrière le terme "travail", que mettent en avant 40% des sondés - tout cela bien avant "équipe", "collègues" ou encore "patron".
Près de la moitié des répondants (43%) attendent en premier de leur travail d’être bien payé, bien plus que d’avoir une activité intéressante (32%) ou d’avoir un poste qui leur laisse des libertés dans la vie personnelle (30%). Au sujet d’un premier emploi, les jeunes sont d'ailleurs 43% à attendre que ce poste leur permette de "subvenir à leurs besoins", plutôt qu’une reconnaissance ou une élévation sociales.
À ce propos, pour 57% des personnes interrogées, le premier rôle d’une société est en premier lieu de créer de l’emploi et d’embaucher - une opinion surtout partagée par les étudiants, inquiets quant à leur insertion professionnelle. Loin derrière, une entreprise doit être "utile pour la société" pour 37% des jeunes sondés, surtout pour les plus diplômés et les jeunes femmes, et permettre aux salariés de s’épanouir professionnellement, pour 34% des participants.
Par ailleurs, contrairement à leur réputation de travailleurs nomades, une part non négligeable des jeunes préfèrent la stabilité : 28% des sondés souhaitent rester au sein de la même société autant que possible, en particulier la tranche d’âge la plus âgée (21-24 ans). Les salariés les plus diplômés et ceux qui habitant en région parisienne sont en revanche ceux qui s’imaginent changer d’entreprise à plusieurs reprises. De plus, un jeune sur quatre aimerait créer leur propre société.
Respect, confiance et sentiment de reconnaissance
L'enquête révèle aussi que les jeunes sont très attachés à la qualité de l'atmosphère de travail. Pour plus d’un participant sur trois en effet, un bon manager est un chef qui ménage un environnement épanouissant et qui reconnaît le travail réalisé. "Nous sommes là au cœur de deux notions fortes pour la jeune génération : le fait de se sentir accompli, d’une part, et le fait d’être reconnu d’autre part, dans sa singularité et pour ses facultés", analyse Jérémie Peltier, directeur du secteur Études de la Fondation sur leur site. Un sentiment de "justice" criant, tandis que selon plusieurs travaux, les salariés français ont moins un sentiment de reconnaissance de la part de leur entreprise que les autres travailleurs européens.
La notion de "respect" dans le cadre de travail est aussi fondamentale pour les jeunes, la première à être citée par 58% d’entre eux. Ceux qui ont un diplôme inférieur au baccalauréat sont encore plus exigeants sur ce point que les autres, signe peut-être d’expériences dévalorisantes. "Ce besoin de respect peut aussi être entendu comme une crainte exprimée par la jeune génération ayant perçu ou vécu une intégration difficile dans le monde de l’entreprise et dans des équipes déjà formées, difficulté d’intégration qui peut également être vécue comme un manque de confiance", poursuit l’expert.
Pour près d’un jeune sur deux, cette confiance est une valeur essentielle pour aller travailler dans une entreprise (bien loin devant la compétitivité, bonne dernière), tandis que 35% d’entre eux considèrent que le manque de confiance dans la jeunesse de la société est un obstacle à l’obtention d’un premier emploi, après le manque d’expérience.
L'entreprise idéale est locale et engagée, plutôt qu'un grand groupe du CAC40
Quant au type d'entreprise pour lesquelles les sondés préfèrent travailler, les groupes du CAC40, elles, n’ont plus le vent en poupe : 13% des jeunes seulement en font une société idéale, loin derrière les entreprises locales (39%), les entreprises de l’économie sociale et solidaire (25%) ou une start-up (26%), ces dernières étant surtout plébiscitées par les jeunes hommes et les citadins. Plutôt qu’un grand groupe "hors sol", leur préférence va donc aux entreprises à taille humaine, sûrement moins stressantes - une conséquence peut-être indirecte de la crise sanitaire, relève l'étude.
C’est aussi dans ces sociétés que l’on trouve une bonne ambiance de travail, critère crucial pour plus de la moitié des sondés, tandis qu’une grande partie des participants souligne aussi l’importance d’avoir des collègues sur qui on peut compter. Bref, "ce que souhaitent les jeunes, c’est de travailler dans un environnement sain, bienveillant, avec des collègues fiables sur qui l’on peut s’appuyer", appuie Jérémie Peltier.
Une atmosphère de travail essentielle, à l’heure de la généralisation pourtant massivement encouragée du télétravail : la plupart des jeunes préfèrent un équilibre entre travail à la maison et sur place, ne souhaitant pas abandonner le présentiel, seuls 12% préfèrent le télétravail à temps complet.
Quant aux engagements des entreprises, elles sont importantes pour 37% des sondés. Les jeunes sont particulièrement attentifs à la préservation de l’environnement, la lutte contre le racisme et les discriminations et la lutte contre les inégalités entre les femmes et les hommes (25%). Et pour eux, seuls les actes comptent et les déclarations médiatiques notamment ne suffisent plus. Un jeune sur quatre apprécie à ce propos qu’une entreprise développe des partenariats avec une association.
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