Invitée sur LCI ce mercredi, la ministre chargée de l'Autonomie, Brigitte Bourguignon, a dénoncé le "cynisme pur" des dirigeants d'Orpea."Ils ont peut-être des actionnaires à rassurer, mais moi j'ai des gens à rassurer", a-t-elle insisté.Le livre "Les Fossoyeurs" sur les conditions d'accueil dans leurs Ehpad a plongé le géant européen du secteur au centre de la polémique.
Orpea au cœur de la tourmente. Dans un livre-enquête publié fin janvier, le journaliste Victor Castanet a accusé le groupe spécialisé dans l'hébergement des personnes âgées de "rationner" les soins d'hygiène ou la prise en charge médicale pour améliorer la rentabilité de l'entreprise. Mardi 1er février, la ministre chargée de l'Autonomie, Brigitte Bourguignon, a annoncé l'ouverture de deux enquêtes administratives, avant de recevoir les dirigeants du groupe. Mais pas l'ex-PDG de l'entreprise, Yves Le Masne, démis de ses fonctions peu avant.
"C'était une convocation, pas une invitation, pour les informer de ce que nous lancions", précise ce mercredi matin sur LCI la ministre de l'Autonomie, "en colère" après ces révélations (voir vidéo en tête de cet article). "Ils sont arrivés avec des dossiers, que je n'ai pas acceptés. Je leur ai expliqué mon émotion. Ils ont peut-être des actionnaires à rassurer, mais moi j'ai des gens à rassurer, des résidents, des familles inquiètes."
"On a joué sur mon côté empathique", dénonce Brigitte Bourguignon, déplorant que les dirigeants d'Orpea nient "tout". "Ils ne se remettent pas en question" et "ont l'air de dire qu'ils ont des explications et des preuves pour tout", poursuit-elle. "C'est du cynisme pur", regrette la ministre. "Il y avait aussi des phrases malheureuses, réitérées à la presse à la sortie. On ne peut pas répondre à une personne qui dit que sa mère a eu deux jambes cassées par le fait qu'une personne âgée ne ressent pas la douleur."
Une enquête pour vérifier l'utilisation de l'argent public
"Me dire que cela n'est jamais parfait... Personne n'a demandé à qui que ce soit d'être parfait, les hôpitaux ne sont pas parfaits, les cliniques ne sont pas parfaites", déplore encore Brigitte Bourguignon. "Mais si une gestion a été faite de cette manière, là c'est grave."
Pour le vérifier, deux enquêtes ont donc été lancées. Parmi elles, une de l'Inspection générale des finances. "L'enquête financière sert à vérifier que l'argent public n'a pas été utilisé pour servir d'autres intérêts que le soin et la dépendance des personnes", précise la ministre. "On ne peut pas nous parler des questions de moyens, dans la mesure où ce sont des établissements qui, parfois, ont choisi une offre hôtelière de haute qualité. Ce qu'il faut regarder, ce sont les prestations : est-ce qu'il y a le médecin ? L'infirmière de nuit ? Ce n'est pas seulement la prestation hôtelière."