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Sécheresse et boom du recours aux sourciers : que nous dit la science sur ces chercheurs d'eau ?

Publié le 11 août 2022 à 19h47, mis à jour le 11 août 2022 à 20h05
JT Perso
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Source : JT 20h WE

Face à la sécheresse, de nombreux Français se tournent vers les services de "sourciers".
Objectif : trouver un emplacement avec de l'eau dans leur jardin.
Sauf qu'à ce jour, cette méthode n'a jamais fait ses preuves.

Pour trouver de l'eau par magie, ils reprennent leur baguette. Les "pouvoirs" des sourciers sont de plus en plus sollicités pour faire face à la sécheresse. Avec le manque d'eau dans les rivières et les restrictions des autorités, ces chercheurs d'eau sont devenus une solution privilégiée pour certains Français. Pour preuve, dans le reportage du 20H de TF1 en tête de cet article, l'un d'eux nous expliquait avoir vu ces commandes grimper de 25% cet été. Mais si la pratique regagne du terrain, que sait-on réellement de sa crédibilité scientifique ? 

Une pratique qui manque de sources

Ici, pas de formule magique, ni de potion. Mais deux baguettes ou une pendule. Le sourcier prétend utiliser ces deux outils afin de détecter de l'eau souterraine. Pas d'école des sourciers pour la maîtriser, il s'agirait selon eux d'une "sensibilité" unique. Elle leur permettrait de ressentir le "champ magnétique de l'eau". C'est ce qu'on appelle la radiesthésie. Mais derrière cette pratique, peu de sources scientifiques. En fait, la totalité des expériences réalisées sur le sujet se sont avérées non concluantes. 

La plus grande expérience menée à ce jour remonte à 1986. Et elle est très sérieuse. Réalisée sur demande du gouvernement allemand, qui souhaitait savoir si la radiesthésie était un véritable talent afin de l'exploiter, elle fut conduite pendant deux ans par deux physiciens de l'Université de Munich. Le protocole respecte scrupuleusement l'étude dite en "double aveugle". Un chariot rempli d'eau en mouvement circule sur un axe de dix mètres, sous un faux plancher. Au-dessus, le sourcier n'a qu'à déterminer la position de l'eau, à l'aide des outils de son choix. À chaque fois, une personne qui ne connait pas la position de l'eau note les résultats. Une première phase d'essais visait à trouver les "meilleurs" sourceurs. Du premier groupe test composé de 500 participants, seules 43 personnes étaient jugées crédibles. En tout, ce deuxième échantillon a réalisé 843 essais en 104 séries, sur deux ans. Chaque fois, la vitesse de l'eau et sa teneur en sable, graviers ou en sel étaient modifiée. Résultat, six des 43 "meilleurs" participants présentaient des résultats légèrement supérieurs au seul hasard. Soit, 1,2 % du total des personnes qui s'étaient présentées pour cet essai.

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Étaient-elles dotées d'un pouvoir particulier ? Non, à en croire les statistiques. Quelques années plus tard, des statisticiens ont en effet démontré qu'il était mathématiquement normal de trouver six bons éléments dans un échantillon aussi large. En 1999, Tom Napier, un chercheur de la Philadelphia Association for Critical Thinking (PHACT), a ainsi simulé exactement la même expérience par ordinateur. Et les résultats étaient précisément les mêmes que ceux obtenus à Munich. Six sourciers virtuels avaient, eux aussi, montré un taux de réussite significatif. 

Les devins continueront à être embauchés par les croyants

James Randi, illusionniste canado-américain

Des résultats pas meilleurs que de tirer à pile ou face. C'est la même conclusion que celle d'un duo australien. Composé d'un entrepreneur et d'un illusionniste professionnel, il a proposé en juillet 1980 un concours particulièrement alléchant. 40.000 dollars pour quiconque arrivera à prouver qu'il peut trouver dans quel tuyau coule de l'eau. Les règles du jeu sont simples : dix tubes sont enterrés côté à côte. À chaque fois, l'eau circule dans un tuyau différent. Pour gagner, il suffit d'atteindre le score prédit par chaque participant au moment de son inscription, et donné dans un questionnaire préliminaire. En moyenne, ce taux s'élevait à 86%, d'après les données des chercheurs. Or, parmi les 16 participants, aucun n'a atteint ce pourcentage nécessaire pour remporter le prix. Pire, sur 50 essais, le tuyau n'a été trouvé que onze fois. Soit un taux de réussite de 22%, proche du hasard (une chance sur dix). 

En résumé, si folklore n'est pas toujours synonyme de superstition, rien n'a jamais prouvé à ce jour qu'un "chercheur d'eau" faisait mieux que le commun des mortels. Comme l'écrivait James Randi, jamais les approvisionnements en eau trouvés par des sourciers ne prouveront que la radiesthésie fonctionne. "Ils prouveront seulement qu'il y a beaucoup d'eau sous la terre."

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Felicia SIDERIS

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