Sécheresse : se dirige-t-on vers une pénurie de lait dès cet automne ?

TF1info | Reportage : Manon Debut, Anaïs Guérard
Publié le 6 août 2022 à 19h38

Source : TF1 Info

Une sécheresse historique frappe actuellement la France.
Faute de pâturages, et avec une hausse des prix du fourrage, les éleveurs sont acculés.
Une pénurie de lait pourrait même surgir dès cet automne.

L'herbe n'est plus verte depuis longtemps. Chez un éleveur de Calvados, que l'on découvre dans le reportage en tête d'article, on ne peut que constater : les vaches laitières n'ont presque rien à se mettre sous la dent, dans des champs désespérément jaunis par la sécheresse prolongée. "Les seules petites pousses vertes que l'on voit ne repartiront jamais si on n'a pas une petite goutte d'eau", constate Nicolas Declomesnils au milieu de son troupeau. La France vit une sécheresse historique, avec la quasi-totalité de ses départements subissant des restrictions d'eau, et les deux tiers du territoire hexagonal déclarés "en crise" hydrique.

Il a été obligé de piocher dans ses réserves de fourrage, prévues pour l'hiver. "Il faut 'complémenter', juste pour garder un niveau de production moyen", explique-t-il, "sans quoi la production laitière chuterait à des niveaux très bas". Mais les réserves dont il dispose ne sont pas infinies, et la quantité de lait pourrait baisser rapidement. De nombreux éleveurs traversent des épreuves similaires dans tout le pays, réveillant le spectre d'une pénurie de lait dès cet automne.

On a des animaux (...) qui n'ont plus rien à manger
Yannick Fialip, FNSEA

C'est d'ailleurs l'alerte lancée ce vendredi par Yannick Fialip, éleveur et président de la commission économique de la FNSEA. "On a des animaux", a-t-il expliqué sur France Info, "qui sont dans les prés habituellement en cette période, et qui n'ont plus rien à manger". Le risque est que les stocks de fourrage soient trop vite consommés, ce qui amènerait les producteurs de lait à s'en procurer à un moment où ils seront encore plus chers sur les marchés - un phénomène aggravé par la guerre en Ukraine. De nombreux éleveurs sont déjà contraints de vendre une partie de leur troupeau pour faire face à ce surcoût.

Pour moi, le lait c'est capital
Une consommatrice

Dans les rayons d'un supermarché, qu'a parcourus une équipe de TF1, la perspective d'une pénurie de lait fait frémir. "Non, il ne faut pas dire ça", s'inquiète une grand-mère, "quand j'ai mes petits-enfants, je leur donne du lait à 4h00". Une autre dame témoigne : "Pour moi le lait, c'est capital". La probable hausse du prix du lait n'est pas mieux perçue : "Si le prix augmente vraiment, on sera peut-être amené à s'en passer", estime ainsi un passant.

La FNSEA espère une hausse du prix payé aux agriculteurs, "pour assurer la pérennité" de cette filière en grande fragilité, et les éleveurs espèrent une aide de l'État pour financer l'accès aux fourrages, qui leur seront vitaux pour passer l'hiver.


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