"NON-CONFORMES" - Selon un rapport publié ce 31 mai par Eric Debarbieux, ex-délégué ministériel à la prévention du harcèlement scolaire, le sexisme est la cause principale des violences à l'école, au collège comme au lycée. Avec une révélation de taille, les garçons en sont également victimes. De la nécessité de briser un tabou ?
"À l'école, les filles comme les garçons sont victimes de harcèlement". C'est le constat édifiant qui émane d'une étude rendue publique le 31 mai dernier et recueillant plus de 47 000 témoignages d’élèves, du primaire au lycée (soit de 8 à 19 ans).
Le moins que l'on puisse dire, c'est que cette décortication des violences sexistes à l'école, cornaquée par Eric Debarbieux, sociologue et président de l'Observatoire européen de la Violence à l’Ecole, et relayée par Lisa Azuelos, la présidente de l'association Ensemble contre la gynophobie, donne lieu à des révélations surprenantes sur la "victimisation", à l'abri des clichés et des préjugés.
"Non-conformité aux rôles socialement attribués à leur sexe"
Au départ, sept questions ont été posées aux lycéens concernant les insultes sexistes, SMS et MMS intimes... Et si on lit les témoignages de cette étude avec attention, on y constate dans un premier temps une violence toujours aussi présente : en primaire, 61 % des élèves disent s’être fait insulter et 52 % avoir été frappés au moins une fois au cours de l’année. Au collège, 51 % des élèves déclarent avoir été insultés, 23 % avoir été frappés et 29 % avoir été exclus par les autres. Au lycée, cette violence diminue considérablement même si une minorité concentre la majorité de ces violences. Par-dessus tout, les violences à connotation sexuelle s'avèrent fréquentes : en primaire, 19 % des élèves disent avoir été regardés dans les toilettes, 12 % avoir subi un déshabillage forcé et 16 % avoir enduré un baiser forcé.
Mais ce que cette étude révèle en substance, c'est qu'un certain nombre de jeunes s’adonneraient à l’agression d’autres individus en raison de "leur non-conformité aux rôles socialement attribués à leur sexe". En d'autres termes, que si les filles sont victimes de sexisme, les garçons se révèlent autant agresseurs qu'agressés.
L'"oppression viriliste", une des causes du harcèlement scolaire
Toujours selon le rapport, en primaire, les garçons prennent davantage de coups que les filles (67 % contre 45 %), sont davantage insultés (65 % contre 55 %) ou subissent davantage le déshabillage forcé (14,2 % contre 10,3 % pour les filles). Au collège, les garçons sont plus frappés (27 % contre 19 %) et insultés (56 % contre 47 %) que les filles.
Qu'est-ce qui serait l'origine de la violence à l'égard des garçons ? Une "oppression viriliste". Soit une certaine représentation de la normalité qui est à l’œuvre dans les écoles et qui fait des garçons des oppresseurs des filles mais aussi d’autres garçons jugés "décalés" par rapport à la norme. De fait, les victimes subissent ainsi la domination de leurs camarades qui vont construire leur virilité en tapant sur l’autre.
C'est notamment ce que confie en filigrane le rappeur Eddy de Pretto, témoignant de cette injonction à "être un homme" jusque dans ses chansons (Tu seras viril, mon kid) : "J’ai grandi dans un contexte où il y avait tout autour de moi des figures de virilité, c’était une obligation d’avoir des gros muscles, de représenter la virilité, d’être fort… Et on attend de toi que tu sois ce fils-là (…) Pour ne pas embêter, j’ai pris les codes virils, j’étais obligé." Et ainsi une injonction à refouler tout ce qui est féminin.
Les cibles idéales sont les garçons jugés "faibles", considérés comme "trop petits", "trop doux" ou "bons élèves", victimes des préjugés machistes : "Ce sont des garçons jugés 'non conformes' au modèle viril par leurs pairs, assure Eric Debarbieux, interviewé par nos confrères de 20 Minutes. 67 % des auteurs de violences physiques en primaire sont des garçons (20 % sont des filles et 13 % des groupes mixtes) ; des agresseurs qui refusent le féminin ou des qualités supposées féminines. Ces derniers vont, par exemple, s’en prendre aux 'bons élèves' au collège et au lycée, qui sont moqués car ils sont très calmes en classe, ou à ceux qui sont plus petits ou fragiles physiquement."
Le rapport précise toutefois que toute cette violence "ne se joue pas à l’école" et qu'il importe de prendre en compte d'autres paramètres comme l’environnement familial, le contexte socio-économique ou encore l’influence du cercle amical. Reste la nécessité de dire les choses franchement, pour dissiper ce malaise social, ou de tout "balancer" aujourd'hui pour un futur moins violent.
Sur les retombées de cette étude, la réalisatrice Lisa Azuelos confesse son espoir au site TerreFemina afin de faire évoluer les mentalités : "Il n'est pas trop tard pour les adolescents d'aujourd'hui et les générations qui les suivent. Les mouvements #MeToo et #Balancetonporc ont beaucoup affecté les jeunes. C'est auprès d'eux qu'il faut intervenir pour faire bouger les choses". Et le sociologue Eric Debarbieux de conclure joliment son rapport par un panégyrique de ceux qu'il appelle les "doux" : "Si le combat des doux est le combat de Sisyphe poussant sa pierre, il n'en reste pas moins le grand combat humain". De quoi nous interpeller, tous.
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