TRANSPORT - Jeudi et vendredi, 15 collectifs d’usagers excédés par leurs lignes de transport s’unissent pour lancer une grève des billets. Une première. Car si chacun sur sa ligne fait face à ses propres problématiques, tous veulent la même chose : voyager assis, être informé, arriver à l’heure. Aujourd’hui, zoom sur le collectif SNCF Vamtuer, qui œuvre en Picardie.
Quinze collectifs d’usagers programment une grève nationale des billets jeudi et vendredi. Chacun sur leur ligne, ils soulèvent des problèmes différents. Mais tous réclament une seule chose : le triple A, voyager Assis, Avertis et A l’heure. Chaque jour, metronews part à la rencontre de ces usagers exaspérés. Aujourd’hui, zoom sur le collectif SNCF Vamtuer, qui rassemble des voyageurs de différentes villes et gares (Clermont, Creil, Pont, Orry, Compiègne, ou encore Beauvais), transitant sur les lignes picardes reliant Paris tous les jours.
Derrière SNCF Vamtuer, une femme. Nora Muller-Conte, la quarantaine. Elle habite Lamorlaye, petite ville pas loin de Chantilly, au nord de Paris. Tous les jours, elle prend le train, direction la gare du Nord. Plus précisément, la voiture jusqu’à la gare, puis le train, puis le métro. Une heure de porte à porte, quand tout va bien. Parce que souvent, ça ne va pas bien, justement. Nora fourmille d’anecdotes sur les conditions de transport, les trains trop petits, les annulations au dernier moment. Et le monde, trop de monde, partout.
"Ca rappelle la cruauté du jeu des chaises musicales"
"Quand on est dans les gares en fin de ligne, Creil, Chantilly, Orry-la-Ville, on voit arriver un train de 400 places déjà rempli, que 1 000 personnes veulent prendre", raconte-t-elle. "Au début, on laisse passer un train, un autre. Puis on se décide à monter, et on force." Et là, c'est la pagaille, des batailles rangées de gens excédés : "Ça rappelle la cruauté du jeu des chaises musicales : un train arrive, il n’y a pas de place pour tout le monde, on se bat pour monter. Pour monter. Même pas pour être assis !" Dans cette guerre quotidienne, il n’y a pas de quartier. Nora a ainsi vu une "femme enceinte se faire bousculer, des bagarres, des gens qui hurlent et se poussent. Certains se sont fait des coups de boule." Du coup, pour éviter l’heure de pointe, les passagers prennent le train d’avant. Et se lèvent toujours plus tôt. "Avant, la pointe le matin était à 7 heures. Maintenant, les gens arrivent avant : le 6h34 est ultra plein."
Il y a trois ans, Nora passe le trajet coincé, le dos collé à la porte. Elle arrive au bureau, frigorifiée. "J’ai fondu en larmes devant mon patron. Comment peut-on être efficace dans son travail quand on met deux heures à se remettre de ses trajets ?", demande-t-elle. Pour cette chargée de développement dans une fondation médicale, ces mauvaises conditions ont d’ailleurs un large impact sur des problèmes de santé. Sur le coup, la jeune femme crée un blog, y écrit ses déboires, contacte d’autres usagers énervés sur les réseaux sociaux.
Le ton plaît, le collectif se renforce
. "Ça a bien pris. On est une quinzaine aujourd’hui. Chacun vient aider suivant ce qu’il sait faire : statistiques, veille internet, prospectus… Mais surtout, on essaie de râler utile, de garder un ton humoristique", détaille Nora.
"On m'appelle la fille du train"
Sur le terrain, le groupe passe à l’action, et affiche quelques faits d’armes, bien relayés médiatiquement. En 2012, SNCF Vamtuer distribue 1 500 "Pépinettes", allusion au patron de la SNCF Guillaume Pépy : des feuilles A 4 plastifiées, avec un slogan "Pépinette Picardie, et ton fessier ne s’ra pas Sali", à disposer sous les fesses… pour pouvoir s’asseoir sur les marches, dans les compliments à bagages sans salir sa tenue. En 2013, 1 750 passagers prennent le temps de renvoyer leur avis sur l’"enquête d’insatisfaction" distribuée sur les quais. Début septembre 2015, Nora écrit une lettre ouverte à François Hollande, demandant la démission de Guillaume Pépy.
Ces coups d’éclat n'empêchent pas d’être constructif. "On n’est jamais agressif avec le personnel SNCF, on essaie d’être factuel", explique Nora. "On n’est d’ailleurs pas contre eux, on sait que des conditions de travail du personnel SNCF dépendent nos propres conditions de transport." Ça marche, au point que SNCF Vamtuer est devenu un interlocuteur du réseau. "Ils nous reçoivent, nous posent des questions. Il y a eu quelques avances, comme des recrutements de nouveaux conducteurs… " Aujourd’hui, le nom du collectif commence à bien circuler dans les trains de Picardie. "Les gens commencent à connaître notre nom, c’est génial !", s'enthousiasme Nora.
> Pour suivre le collectif SNCF Vamtuer
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