SONDAGE EXCLUSIF - Un nouveau Mai-68 en France ? La jeunesse y pense

Publié le 13 avril 2016 à 18h30

ENGAGEMENT – Selon notre enquête Ifop-Fiducial pour metronews et LCI sur les 18-25 ans, ces derniers soutiennent largement le mouvement "Nuit Debout" contre la réforme du travail et sont majoritaires à penser qu'un nouveau Mai-68 est possible. Ce goût pour l'action collective a son pendant : la défiance totale pour la classe politique, et en particulier pour François Hollande, et pour l'action politique en général.

"Nuit Debout", un mouvement qui n'intéresse que les jeunes citadins politisés ? Pas vraiment, d'après notre enquête Ifop-Fiducial pour metronews et LCI, qui s'est intéressée aux rapports des 18-25 ans à l'action politique.

Selon les résultats de l'étude, 76% de ces jeunes "comprennent" le mouvement "Nuit Debout", et pas moins de 61% le "soutiennent". En outre, 8 jeunes sondés sur 10 ont entendu parler de cette mobilisation contre la loi Travail qui essaime dans les grandes villes de France . Dans cette classe d'âge, le soutien est massif quel que soit le milieu socioprofessionnel et aussi bien dans les grandes agglomérations qu'en milieu rural. S'engageraient-ils eux-mêmes dans ce mouvement ? La réponse est plus timide, mais tout de même parlante : 47% seraient prêts y aller.

La classe politique fracassée

Plus généralement, l'enquête interroge la jeunesse sur un certain nombre de modes d'actions possibles. Et là encore, on les trouve plutôt enclins à faire bouger les choses. Ils pourraient ainsi recourir à la pétition (87% le feraient ou l'ont déjà fait), participer à une manifestation (78%) ou à un boycott (59%). De jeunes révolutionnaires ? Pas exactement… Quoique. Près de 7 jeunes sur 10 (69%) estiment que mouvement comme Mai-68 peut se produire à court terme en France, et ils sont tout de même 42% à juger qu'une certaine forme de violence "peut permettre de faire bouger les choses".

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Cette vision radicale et collective de l'action politique a un pendant : le désaveu total de la classe politique. Ils sont 84% à juger que leur génération "ne croit pas en l'action politique". Quand on leur soumet les principales personnalités du monde politique, de Jean-Luc Mélenchon à Marine Le Pen en passant par Alain Juppé ou même Emmanuel Macron, aucun ne trouve grâce à leurs yeux. La défiance s'établit en moyenne entre… 65% (Alain Juppé, Emmanuel Macron) et, dans le pire des cas, plus de 80% (Bruno Le Maire, François Hollande, NKM, Cécile Duflot). Une spécificité à noter : le crédit accordé au Front national. Pour 27% des 18-25 ans, le FN ferait mieux que l'actuel gouvernement (contre 21% pour Les Républicains), un chiffre bien plus élevé que dans le même type d'enquête auprès de la population générale (15%).

Gros avertissement pour Hollande

"C'est une génération qui est dans une défiance totale vis-à-vis du politique, mais qui est aussi à l'affût de nouvelles formes d'engagement", résume Frédéric Dabi, directeur général adjoint de l'Ifop. "Ils croient plus en l'action collective qu'en la capacité politique à changer les choses". Le sondage est aussi un avertissement pour François Hollande, qui avait fait de la jeunesse "la priorité du quinquennat" : 77 % des 12-25 ans désapprouvent son action.

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Vincent MICHELON

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