Pourquoi les dons aux associations ont considérablement baissé en 2018

Publié le 9 janvier 2019 à 15h55, mis à jour le 9 janvier 2019 à 16h10
Pourquoi les dons aux associations ont considérablement baissé en 2018
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EN BERNE - Les associations caritatives font un triste bilan de 2018, au cours de laquelle les dons de particuliers ont considérablement baissés. En cause : des mesures fiscales qui ont fait s'envoler la générosité des Français au même rythme que leurs impôts.

En 2018, les Français n'ont pas eu le cœur sur la main mais plutôt la main sur le portefeuille. Selon le syndicat France générosités, qui regroupe 97 associations et fondations caritatives, la suppression de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) est la principale raison de la baisse de plusieurs milliers d’euros de dons sur l'année.

Jusqu’en 2017, les assujettis à l’ISF pouvaient bénéficier d'une réduction d'impôt de 75% du montant de leurs dons aux associations et fondations reconnues d’utilité publique. Or l’année dernière, sa transformation en Impôt sur la fortune immobilière (IFI), qui ne pèse plus que sur les actifs immobiliers, a libéré 200.000 foyers de cette imposition. Moins taxés, ces anciens ou potentiels donateurs n’ont visiblement plus trouvé d’intérêts financiers à être généreux.

La consommation, l'épargne et l'investissement privilégiés

Selon l’enquête de France Générosités, ils ont plutôt prévu "d’affecter leurs économies d’impôt aux dépenses de consommation (41%), à l’épargne classique (39%) ou encore à des investissements dans des entreprises (30%) bien devant les dons à des organismes d’intérêt général (21%)".

Et cela s’est traduit très visiblement par une baisse de 54% de dons au 30 juin 2018, date de déclaration du patrimoine taxable. Pour les associations du groupe, c'est 150 millions d’euros qui ont ainsi disparu par rapport à l'année précédente, sur un peu plus de milliards de dons déclarés par les particuliers tous les ans.

Et les pertes se comptent dans toutes les organisations caritatives. La Fondation Caritas, du Secours catholique, annonce une perte de la moitié de ses dons à cause de la suppression de l'ISF, soit 4,5 millions d’euros. Pour l’Institut Pasteur, c'est -60% de dons, donc 3 millions d’euros en moins. Même manque à gagner de 3 million d'euros pour Les Petits Frères des pauvres. Et pour la Ligue contre le cancer, 8 millions d'euros manquants.

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Hausse de la CSG et prélèvement à la source

Mais quand les taxes augmentent… Ce n’est pas mieux. Juste après la suppression de l’ISF, les raisons qui expliquent la baisse significative de dons sont la hausse de la Contribution sociale généralisée (CSG) pour les retraités, et le prélèvement à la source de l’impôt sur le revenu.

La hausse de la CSG a directement impacté les retraités et leur pouvoir d'achat. Une très mauvaise nouvelle pour les associations puisque plus de la moitié des donateurs ont plus de 50 ans, selon les chiffres de France Générosités. D'après leur bilan de 2018, "1 donateur retraité sur 5 à ainsi l'intention de réduire, cesser ou reporter ses dons". 

Enfin, d'après les estimations de France Générosités, "28% des personnes imposables vont modifier leurs dons suite au prélèvement à la source." Si ce nouveau mode de collecte, mis en place le 1er janvier 2019, n'a pas de conséquence directe sur l'impôt ou le système de déduction d'impôts, l'inquiétude provoquée par son arrivée à geler les dons. Malgré les astuces fiscales pour continuer à donner aux associations, le flou autour du prélèvement à la source a poussé les donateurs a zapper leur bonne action de fin d'année : 40% des dons annuels se font sur le dernier trimestre, dont la moitié en décembre. 


La rédaction de TF1info

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