REPORTAGE – En juin dernier, une Mission d’information parlementaire relative au syndrome d’épuisement professionnel a été mise en place pour plancher sur l’épineuse question du burn-out. Ce mardi, les auditions étaient ouvertes à la presse. LCI y était.
"C’était un cadre, 40 ans, très sportif, un bon gars. Son équipe lui tenait à coeur. Il a voulu atteindre les objectifs que son entreprise lui demandait, avec le peu de moyens qu’on lui accordait. Il était très motivé, il a pris beaucoup sur lui, pour soutenir son équipe. Il a fini par s’écrouler. Le tribunal a fini par reconnaître que c'était de la faute de son employeur."
C’est une psychologue qui déroule cette histoire dans une grande salle à l’Assemblée nationale. Celle d’un de ses patients, victime de burn-out, ou syndrome d’épuisement professionnel. Elle se trouve au Palais Bourbon car elle est auditionnée par la "mission d’information relative au syndrome d’épuisement professionnel", mise en place en juin dernier. La psychologue évoque ces salariés, usés par leur travail, qui craquent. Perdent les pédales. S’écroulent sous un trop plein de stress, venu de l’open-space, de la hiérarchie, de la pression. Elle explique comment elle essaie d’intervenir, en prévention, dans les entreprises.
De 30.000 à 3 millions d'employés atteints de burn-out
La psychologue parle devant une grande salle vide. Pourtant, les audiences de la mission étaient ouvertes à la presse, aux députés. En témoignent les grandes tables, équipées de micros, de bouteilles d’eau, de calepins. Mais à l’exception, du président de la mission, le député Yves Censi,(Les Républicains), et de son collègue Gérard Sebaoun, rapporteur (socialiste), il n’y a personne. Quelques journalistes, quand même. Cinq à tout casser. Le sujet ne mobiliserait-il pas les foules ?
Le burn-out s’invite pourtant de plus en plus dans l’actualité. Il y a eu, il y a quelques années, les vagues de suicides de France télécom. Première alerte. Il y a, dans l’ombre, dans les entourages, ces salariés dévoués qui s’écroulent, brisés, cassés. Il y a ces chiffres, qui varient, car le concept est flou, allant de 30 000 à 3 millions d’employés atteints en France. En février dernier, l’Académie de médecine a appelé à se pencher sur ce concept, encore mal évalué, trop flou, et donc pas reconnu comme maladie professionnelle. L’enjeu est gros. Et même économique : les arrêts pour dépression coûtent chaque année 700 millions à l’Assurance maladie.
Des aides-soignants qui déshumanisent les patients, des cadres cyniques
C’est en partie pour remédier à tout cela qu’a été lancée cette mission à l’Assemblée nationale. Avec pour objectif de mieux cerner les définitions de l’épuisement professionnel, dresser un état de la situation, et formuler des propositions d’amélioration. Du coup, le planning est chargé : la mission va auditionner une soixantaine d’invités, chercheurs, psychologues, psychiatres, associations de victimes.
Avant la psychologue ce mardi matin, il y a eu un sociologue, spécialiste de la fatigue et du stress. Il a eu dix minutes pour faire un état des lieux, avant de répondre aux questions. Il a parlé du burn-out "comme un immeuble qui brûle et dont il ne resterait que les structures", ou une "fusée qui une fois qu’elle a décollé a utilisé trop vite son carburant". Il a parlé du milieu des aides-soignants, sursollicités, où les professionnels se mettent à déshumaniser les patients. Des cadres, éreintés, qui sombrent dans le cynisme, se désintéressant de la qualité de service qu’ils fournissent. De la perte d’estime de soi qui s’ensuit. Il a évoqué, l’exemple dans un hôpital, de ce directeur, téléporté d’une grande école, obnubilé par les chiffres, le sentiment de la perte de sens dans les équipes, la pression et les tensions générées.
La santé des collaborateurs n’est pas une priorité des dirigeants
Une psychologue
L’un puis l’autre, le président les a questionnés. Peut-on établir que c’est l’organisation dans le monde du travail qui dysfonctionne ? Ou est-ce une prédisposition des individus ? Faut-il légiférer sur un temps de travail acceptable pour les cadres ? Le sociologue est resté évasif. "Il faut trouver un équilibre entre norme étatique et responsabilité individuelle, il n’y a pas de règle générale", a-t-il finalement tranché. La psychologue, elle, s’est montré pragmatique, efficace : "A l’évidence, la santé des collaborateurs n’est pas une priorité des dirigeants pour l’instant", a-t-elle asséné. "Du coup, je préfère agir là où c'est possible : aider les employés est plus efficace que légiférer".
Intéressant. Déprimant. Désespérant ? Le burn-out est un si vaste sujet, chaque intervenant n’apportant qu’un petit, très petit éclairage. D’accord, il est désormais évoqué dans une salle de l’Assemblée. Mais après ? L’assistant du rapporteur y croit : "On n’est pas là que pour se faire plaisir", glisse-t-il. "Le rapport a vocation à aborder le sujet le plus largement possible, et déboucher sur des préconisations législatives." Alors oui, il le reconnaît, "les rapports nourrissent beaucoup les armoires". Mais celui-ci ne tombera pas dans l’oubli, selon lui : "Le burn-out, c’est un sujet d’actualité, qui intéresse les gens et les médias. On en parlera !"
Plus loin, Yves Censi, le président, abonde : "C’est un sujet majeur, la dépression est la première cause d’arrêt de travail en France, loin devant les problèmes de psychomotricité. A nous de rassembler les éléments pour éclairer le débat : faut-il le reconnaître comme une maladie professionnelle ? Quelles sont les solutions ?" Reste que si débat il y a à la suite à ce rapport, ce ne sera pas pour tout de suite. "Il sortira sans doute en janvier, février", précise le président. "Du coup, c’est sous le prochain mandat que le débat aura lieu." Ca avance, donc. Mais petit à petit.
VIDEO. Reconnaître le burn-out, un véritable enjeu social
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