Le mouvement caritatif va lancer ce jeudi une campagne d'ampleur pour appeler les utilisateurs des plateformes de revente à donner leurs habits d'occasion plutôt qu'à les revendre.Il publie sur Vinted de fausses annonces, qui encouragent les internautes à "agir pour la solidarité".L'association déplore une baisse de la qualité des objets donnés.
Donner plutôt que vendre : le mouvement Emmaüs publie ce jeudi des fausses annonces sur l'application Vinted, pour appeler les utilisateurs à lui céder leurs vêtements déjà portés au lieu de les écouler en ligne pour quelques euros. Fragilisé par l'essor des plateformes de revente en ligne, il veut "contre-attaquer" pour défendre son modèle solidaire.
Sur Vinted, une certaine "Emma_Us" propose pour cinq euros un T-shirt "vintage" et proclame "Si tu ne le portes pas, donne-le", détournant le slogan de l'application "Tu ne le portes pas ? Vends-le". Le vêtement n'est en fait "pas à vendre", mais destiné à "interpeller, sensibiliser, nous rappeler que donner à Emmaüs, c'est (se) donner le pouvoir d'agir, pour la solidarité, pour l'environnement", peut-on lire sur l'étiquette.
"Provoquer un électrochoc"
À travers cette campagne, déclinée également par affichage, à la radio et à la télévision, mais aussi sur les réseaux sociaux, l'association fondée par l'abbé Pierre souhaite "provoquer un électrochoc" et amener les utilisateurs de Vinted ou autres Leboncoin à s'interroger, sans pour autant les culpabiliser, a expliqué à l'AFP Valérie Fayard, directrice générale déléguée d'Emmaüs France. Actuellement, Vinted compte 23 millions d'utilisateurs en France, ce qui en fait son premier marché mondial, tandis que Leboncoin, une filiale du groupe norvégien Adevinta, est consulté par 29 millions d'internautes chaque mois, relève Le Monde.
Avec l'essor des plateformes de revente, les Français ont tendance à moins donner à Emmaüs, et surtout à lui donner désormais uniquement leurs objets de moindre qualité, déplore l'association. Après tri et réparation, seuls 40% des quelque 320.000 tonnes collectées chaque année peuvent être revendues, contre 60% il y a 20 ans, détaille sa directrice. Auprès du Monde, elle a expliqué que les 200 salles de vente du mouvement lui permettent de dégager 300 millions d'euros de recettes, mais qu'au vu de cette détérioration de la qualité, les bénévoles et compagnons doivent maintenant "brasser et trier plus de volumes" pour atteindre un même chiffre d'affaires.
C'est donc "tout notre modèle économique qui est mis en danger", a déploré auprès de l'AFP Valérie Fayard, rappelant qu'Emmaüs permet à 15.000 compagnons ou salariés en insertion de retrouver une dignité par le travail. Les plus démunis peuvent aussi s'équiper à moindre coût dans ses 500 boutiques solidaires. Ce caractère solidaire a "plus de valeur que les quelques euros que vous allez récupérer sur Vinted", a-t-elle insisté. Pour elle, la plupart de ceux qui vendent en ligne "n'en ont pas véritablement besoin, ils génèrent des ressources pour s'acheter autre chose", participant ainsi à la "surconsommation".
Emmaüs a déjà tenté de concurrencer les grandes plateformes de revente et plus largement de e-commerce en lançant ses propres interfaces de vente en ligne. Label Emmaüs propose depuis 2016 des objets provenant d'acteurs du mouvement et d'acteurs de l'économie sociale et solidaire, mais aussi depuis janvier 2021 Trëmma, qui permet aux particuliers de créer leurs propres annonces, dont le revenu de la vente sera reversé à un projet de solidarité qu'ils peuvent choisir.
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