Tampons hygiéniques trop taxés : et si on lançait le débat en France ?

Publié le 19 février 2015 à 14h04

POLÉMIQUE – En Grande-Bretagne, des internautes ont lancé un mouvement pour abolir une taxe sur les tampons hygiéniques, rangés dans la catégorie des produits de luxe. En France non plus, les tampons et les protections périodiques ne sont pas considérés comme des "biens de première nécessité", et se voient donc appliquer un taux de TVA de 20 %... Osez le féminisme, qui s'apprête à lancer une campagne contre les "tabous" entourant les règles, nous assure que le combat des Britanniques pourrait l'inspirer.

L'été dernier, une journaliste américaine avait publié dans le Guardian US une tribune réclamant la gratuité pour les tampons et serviettes hygiéniques . "Le soin menstruel devrait être considéré comme un soin à part entière, et remboursé comme tel", lançait-elle, après avoir appuyé son argumentation en rappelant que dans de nombreux pays, les protections périodiques sont inaccessibles à la majorité de femmes. Sans aller jusqu'à demander la gratuité, des internautes britanniques ont lancé il y a quelques mois une pétition en ligne pour demander l'abolition des prélèvements qui s'appliquent outre-Manche sur les tampons : considérés comme des "produits non essentiels", ils y sont taxés à hauteur de 5% (jusqu'à 2001, c'était 17,5%).

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"Stop taxing periods. Period" ("Cessez de taxer le cycle menstruel des femmes. Point barre") a récemment dépassé les 150.000 signatures - 161.361 au moment où nous écrivons ces lignes -, amenant les médias à la mettre sur le devant de la scène. Dans The Independant , une journaliste calcule ainsi que les 10.000 tampons qu'une femme utiliserait en moyenne au cours de sa vie, au tarif de plus de 4 euros la boîte de 20, représentent environ "38 jours à temps plein" de travail pour une femme payée au smic anglais. "Non seulement c'est injuste, mais le fait de taxer ces produits hygiéniques au même taux que les articles de 'luxe' contraint certaines femmes à prendre des mesures désespérées", souligne-t-elle, citant le témoignage d'une jeune fille qui est allée jusqu'à choisir de prendre la pilule en continu pour bloquer ses règles et faire des économies.

En France, c'est 20% de TVA

Au Canada également, un mouvement similaire, "No Tax on Tampon", vient d'être lancé . Cette fronde pourrait-elle gagner la France ? Chez nous non plus, les tampons et serviettes périodiques ne sont pas considérés comme des produits de première nécessité. Ils sont même taxés à hauteur de 20%, le taux de TVA normal (contre 5,5% pour de produits comme l'eau, les denrées alimentaires ou les préservatifs). Pour être vendus à un prix moyen d'environ 4 euros la boîte.

Contactée par metronews, la porte-parole d'Osez le féminisme, Anne-Cécile Mailfert, nous confie que son association va lancer en 2015 une campagne contre les "tabous" et les "stéréotypes" entourant les règles, et qu'elle pourrait s'inspirer du combat des Britanniques et des Canadiennes pour des protections intimes moins taxées. "Si l'Etat prenait une telle mesure, il faudrait qu'en contrepartie les marques s'engagent à ne plus utiliser de produits chimiques toxiques et à ne plus communiquer en culpabilisant les femmes, comme avec ces serviettes et tampons parfumés qui sous-entendent que les règles seraient sales", souligne-telle.

Les féministes françaises ne pourront toutefois pas reprendre un argument de leurs homologues britanniques : là-bas, "l'injustice" est encore plus criante puisque les rasoirs pour hommes ne sont pas considérés comme des "produits non essentiels", et ne sont donc de leur côté pas touchés par la taxation.


Gilles DANIEL

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