SOCIÉTÉ – Au lendemain de l'évacuation des consommateurs de drogue du parc situé à cheval entre les 18e et 19e arrondissements, ces derniers se retrouvent sur le trottoir, sans solution. Les riverains se disent ce jeudi "choqués" et "abasourdis" par une telle situation.
"Jamais nous n'aurions imaginé un tel scénario. Là, on peut difficilement faire pire, déclare Vincent, riverain du parc Éole. On a sorti les crackeux du jardin, maintenant ils sont une cinquantaine sur le bitume, devant les grilles du parc, devant les habitants, avec des dealers qui défilent pour les approvisionner. Tout le monde ici est choqué, abasourdi que l'on puisse laisser des gens comme ça."
"Oui, Hidalgo a tenu sa promesse : tous les toxicos dehors le 30 juin et un parc pour les habitants, avec entrée ouverte, rue d'Aubervilliers, et filtrée par des agents de la ville. Très bien. Sauf qu'à présent, les toxicomanes sont sur le trottoir, défoncés, à attendre leur dose, ou allongés par terre. Nous sommes maintenant dans une situation honteuse, pour les habitants comme pour les consommateurs de drogue ", s'énerve Frédéric Francelle du collectif 19 joint par LCI ce jeudi matin.
Engagement d' @Anne_Hidalgo tenu!! Jardins d'éole le 30/06 à 19h pic.twitter.com/gOdTJKjiXo — ak75 (@Ak_75018) June 30, 2021
#Hidalgo a décidé le démantèlement hier du camp de toxicomanes qu'elle avait décidé d'installer au jardin d'Eole conjointement avec la préfecture. Résultat hier soir, les rues accaparées par les toxicomanes et #Stalingrad redevient leur point de chute pic.twitter.com/AVyRWlp7ke — Miss Lili (@LiliMiss75) July 1, 2021
Mercredi, quelques heures après l'évacuation du parc par les forces de l'ordre, Anne Hidalgo s'était rendue sur place .C'est elle, qui, le 7 juin, avait demandé une restitution du jardin à cette date butoir du 30 juin. Ce fut chose faite, mais sans aucune alternative pour ces personnes. À l'occasion de sa visite, la maire de Paris a affirmé qu'elle "ouvrirait des lieux" pour les toxicomanes si l'État "ne prenait pas ses responsabilités". La mairie vise "une ouverture à la rentrée", selon un communiqué, qui ne précise cependant aucun endroit. "L'endroit, il fallait le trouver avant d'éjecter tout le monde" s'agace Farida.
La situation est désormais catastrophique", selon plusieurs riverains. Ainsi Dans la soirée de mercredi, plusieurs toxicomanes ont essayé de pénétrer dans le parc en escaladant les grilles, d'autres se sont réunis devant et n'ont plus bougé, d'autres encore ont déambulé dans les rues, les halls d'immeubles, ou dans les parkings. Ce jeudi, c'est une femme de 84 ans qui a été agressée. "C'est certainement pas cela qui était voulu, ironise Frédéric Francelle. Mme Hidalgo a voulu se faire mousser, elle est venue, elle a fait son coup de 'com' devant les journalistes, sans répondre aux interrogations de la presse ou des habitantes, et en plus elle semble contente de ce qui a été fait. Mais de qui se moque-t-on? ".
Ce midi à #Paris19 , une dame âgée de 84 ans a été agressée par une personne toxicomane. ➡️ Réactivité des policiers de la #DSPAP qui ont immédiatement interpellé l'auteur. La victime a été prise en charge par les @PompiersParis et conduite à l'hôpital. pic.twitter.com/BCvgWt5VX3 — Préfecture de Police (@prefpolice) July 1, 2021
Vives réactions des autorités aussi
Les riverains ne sont pas les seuls à s'agacer de la situation imposée par la maire de Paris. En amont du 30 juin déjà, le 25 juin précisément, le préfet de police de Paris Didier Lallement avait adressé un courrier à Anne Hidalgo dans lequel il faisait part de ses doutes quant à sa décision d'évacuer le parc à cette date. "Si vos services mettaient fin à l'ouverture en soirée du jardin d'Éole sans que soit préalablement identifié de nouveau lieu vers lequel diriger les toxicomanes, ceux-ci ne manqueraient pas à la fois de revenir sur le site de Stalingrad et de se disséminer dans d'autres lieux, en particulier dans le 18e arrondissement".
2/8 Le document est en soi très révélateur : - Il montre l'état de la communication entre les deux autorités responsables de Paris. Le préfet en est réduit à envoyer une lettre à la maire... - Et on y apprend enfin la position de la Préfecture de police sur le sujet. ⤵️ pic.twitter.com/R3CaJTuWcZ — JDSE (@JCQDSE) July 1, 2021
La droite parisienne s'est fendue d'un communiqué mercredi soir pour dénoncer "le cynisme" de la maire de Paris après cette évacuation sans solution pérenne pour la suite. "Le jardin' d'Éole fermé, à qui le tour ?", interroge ainsi le groupe Changer Paris dans son document.
Anne Hidalgo interdit l’accès des jardins d’Eole aux toxicomanes sans apporter aucune solution de prise en charge. Quel cynisme! Les toxicomanes errent aux abords, squattent les immeubles voisins, et les dealers prospérent dans tout le quartier #crack #Stalincrack pic.twitter.com/RlYNOoypN3 — Rachida Dati ن (@datirachida) June 30, 2021
Quant au gouvernement, pointé du doigt devant les caméras par la maire de Paris mercredi matin, il n'a pas tardé à réagir. Anne Hidalgo "dit que du jour au lendemain, elle peut trouver une solution, qu'elle a fait des propositions ; on attend de voir ces propositions et on sera toujours très ouverts à travailler sur ce sujet, qui est un sujet grave pour les riverains", a déclaré ce jeudi matin, le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal sur LCI.
"L'État agit depuis le début et on aimerait qu'elle puisse agir davantage avec nous", a-t-il ajouté, en soulignant que "l'État met les moyens : (...) les opérations de police dans le quartier ont été quadruplées", avec "en moyenne cinq opérations par jour", et le nombre de CRS porté à 60.
"Les toxicomanes étaient dans ce jardin", dont l'accès leur est désormais interdit depuis mercredi matin, "car c'est elle qui a proposé qu'ils (y) aillent, car on a voulu évacuer la place Stalingrad", a rappelé Gabriel Attal.
Tous les acteurs sont donc désormais invités à se réunir au plus vite pour trouver une solution ensemble. "On nous parle de septembre... Mais il faut impérativement qu'il se passe quelque chose avant. Sinon, ce sera encore des drames et des scènes de rues à peine croyables pour ceux qui ne vivent pas là et qui, sans les vidéos postées sur les réseaux, ne le croiraient pas", conclut Vincent. Viols, enfant agressé, personne en train de déféquer ou de s'injecter de la drogue au vu et au sus de tous : depuis la mi-mai, les pires horreurs illustrant le quotidien du jardin d'Éole ont en effet été montrés sur Facebook, Snapchat ou Twitter.
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