Traque des taxis clandestins à Paris : les fraudeurs visent les aéroports

par Amandine REBOURG Amandine Rebourg
Publié le 13 novembre 2018 à 8h51
Traque des taxis clandestins à Paris : les fraudeurs visent les aéroports

EXPLICATIONS - La vidéo de ces touristes thaïlandais "otages" d'un taxi clandestin a Paris a fait le tour du monde et a mis en lumière un phénomène grandissant : les taxis clandestins dans l'agglomération. Une brigade de police spécialisée les traquent dans l'agglomération parisienne : on les appellent les "Boers" et ceux-ci ont constaté que la plupart des infractions se déroulaient du côté de Roissy.

La séquence est effarante. La semaine dernière, un touriste thaïlandais en visite à Paris a posté sur sa page Facebook, la vidéo d'un taxi clandestin l'ayant pris en charge dans Paris. Le chauffeur de ce dernier, très virulent a exigé sous la menace, que les touristes règlent les 247 euros qu'il estimait être son dû pour rallier Roissy à Paris. 

Charkrid Thanhachartyothin, le touriste "otage" de ce taxi clandestin racontait au Parisien que "les portes étaient verrouillées, et nous avions tous nos bagages dans le coffre. Il ne voulait pas nous laisser sortir, et continuait à rouler tout en téléphonant à [sa prétendue] équipe pour trouver une médiation. Alors, nous avons décidé de payer 200 euros, pour descendre". 

A Paris, une brigade spécialisée est en charge de traquer ces véhicules et leurs chauffeurs qui exercent illégalement la profession de taxi. On les appelle les "Boers". 

Ce nom de "boers", remonte aux années 1910-1917, lorsque les premiers Russes, chassés par la révolution russe, sont arrivés à Paris pour exercer la profession de cocher. Déformant l'expression "les bourres", destinés aux policiers, en "boers", l'expression est depuis restée. Puis vingt ans plus tard, en 1938, la préfecture de police de Paris créait une brigade spécialisée dans le contrôle des taxis. 

Près de 70% des délits d'exercice illégal de la profession de taxi, relevés à Roissy

Ces policiers, au nombre de 80, opèrent en civil et sont opérationnels 7 jours sur 7, 24h/24. Chargés de la surveillance et de la répression des infractions, ils contrôlent de manière aléatoire les véhicules. Mais ils traquent aussi, "ces particuliers racolant les clients à bord de leur véhicule personnel, les chauffeurs travaillant à l’insu de leurs employeurs et autres pratiques illégales

qui faussent la concurrence, favorisent les infractions (défaut d’assurance, conduite sans permis, vols de bagages, etc.) et mettent en péril la sécurité de leurs passagers", ce que l'on appelle "les taxis clandestins". 

Depuis cinq ans, selon les chiffres de la préfecture de police, les boers ont constaté 1 475 délits pour exercice illégal de l’activité de taxi, dont 613 sur les zones aéroportuaires, ce qui représente environ 41.5% des délits. Concernant les deux aéroports parisiens, 546 ont été relevées sur Roissy. 

En 2018,  durant les huit premiers mois de l'année, 207 délits d’exercice illégal de l’activité de taxi ont été relevés, selon nos informations : des délits en hausse de 105% ! En tout, ce sont 285 contraventions qui ont été dressées à l’encontre de chauffeurs clandestins se livrant au racolage, soit une hausse de 103.6%, par rapport à 2017. Quant aux zones où les infractions ont été constatées, près de 70% d'entre elles ont été relevées à Roissy. 

Aéroports de Paris met en garde les touristes dès l'aéroport

Alors Aéroports de Paris a décidé de prendre les choses en main. Cette lutte contre les taxis clandestins se fait conjointement entre la police et la société d'exploitation qui a dû mettre en place une signalétique particulière pour lutter contre ces pratiques. De même que sur le site de l'aéroport de Roissy, une mention spéciale a dû être publiée, en anglais et en chinois. 

Une mention destinée à alerter les touristes étrangers au sujet de ces pratiques et pour les sensibiliser à ces pratiques répréhensibles. Pour Roissy, l'enjeu est de taille car, en moyenne, les taxis officiels effectuent jusqu'à 80.000 prises en charge, selon les chiffres de la préfecture déléguée aux transports. 

Comment reconnaître les taxis clandestins ?

Facilement reconnaissables, ces taxis non officiels racolent les clients dans les halls de gares et d'aéroports, alors que la pratique est interdite. Autre signe distinctif, ils n'arborent pas de macaron sur le pare-brise de leur véhicule, lorsqu'il s'agit d'un VTC, et n'ont pas l'enseigne lumineuse ni la plaque de licence à l'intérieur du véhicule, encore moins le taximètre. 


Amandine REBOURG Amandine Rebourg

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