COMMUNAUTÉ - Donald Trump érigé en homme "courageux" ou, au contraire, de mèche avec Sanofi. L'annonce du président américain, qui a indiqué ce lundi prendre de l'hydroxychloroquine à titre préventif, a provoqué l'espoir chez les soutiens de Didier Raoult.
Ils sont parfois une centaine, souvent des milliers et même près de 500.000 dans l'un d'eux. Sur Facebook, les groupes en soutien au professeur Didier Raoult et son "protocole", notamment à base de chloroquine, sont toujours aussi actifs. Surtout lorsqu'ils sont portés par l'actualité. C'était le cas ce mardi 19 mai, après l'annonce de Donald Trump, qui a confié prendre cette molécule tous les jours de façon préventive.
"Hydroxychloroquine is HOPE"
Ce n'est donc pas une surprise si, dès l'annonce diffusée dans les médias français, l'information avait déjà sa place d'honneur dans cette communauté. Elle y fait désormais office de thématique du jour, si bien que la publication annonçant le choix du président américain - et dont le texte se conclut par "Bravo Professeur Raoult" - est épinglée en tête du groupe. Mise en ligne à 1h du matin, elle comptabilisait plus de 5000 "likes" et 1300 partages à peine dix heures plus tard. C'est cinq fois plus que la meilleure publication issue de pages officielles de médias traditionnels.
Et pour cause, ces groupes sont devenus de véritables chambres d'échos. Car ils voguent sur l'espoir de la population de trouver un traitement à cette maladie. Le créateur du groupe Facebook le plus populaire, qui compte 470.000 membres, nous confiait ainsi en avril dernier, quelques jours après sa mise en ligne, être dans cette démarche pour "redonner de l'espoir". Ce mardi matin, il s'est d'ailleurs fendu de ce message : "hydroxychloroquine is HOPE". Une référence à l'affiche "Espoir" de Barack Obama lors de sa campagne présidentielle de 2008.
Alors, dans ce groupe comme dans d'autres, on salue le "courage" du locataire de la Maison blanche. Estimant que lui seul ose "dire la vérité", qu'il est un homme prêt à tout. "Donald Trump risque le tout pour le tout et donne de l'espoir à son peuple" écrit un internaute, arguant qu'il sert "lui-même de cobaye". Un terme repris par de nombreux commentateurs, comme celui qui salue un homme "déterminé", qui n'a "rien à perdre". Un champ lexical qui s'apparente à celui utilisé pour défendre le travail du professeur marseillais. Toutes les deux atypiques, ces deux personnalités jugées "anti-système" semblent, aux yeux des membres de ce groupe, s'unir dans un combat commun. "Trump est libre, atypique et malin", se félicite un internaute, quand d'autres décrient la "campagne de désinformation" dont ils seraient tous les deux victimes. Un duo créé de toute pièce. Interrogé par Radio Classique, Didier Raoult a assuré avoir lui même appris par les médias que le chef d'Etat américain prenait de la chloroquine. "Je ne suis pas le médecin traitant de Donald Trump", avait-t-il ironisé.
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Quand on a des amis comme ça, pas besoin d'ennemi
Un internaute sur le groupe Didier Raoult vs Coronavirus
Mais si cette information est vivement saluée, elle provoque aussi le débat. Car certains craignent la mauvaise publicité que pourrait faire Donald Trump, qui a tout de même proposé de soigner le Covid-19 avec une injection de désinfectant, au "protocole" du très soutenu Didier Raoult. "Trump, ce n'est pas vraiment une référence en médecine…" note un défenseur de l'épidémiologiste marseillais. Alors, au lieu d'ériger le président américain en héros, certains y voient plutôt la marque d'un complot. Les uns crient au mensonge d'Etat, s'insurgeant que "les hommes politiques prennent tous la chloroquine depuis longtemps" mais que "personne ne l'avoue". Une idée assez répandue, comme nous avons pu l'observer. D'autres y voient la marque de l'amitié entre les élites, décelant dans ces annonces une "opération commerciale orchestrée par Sanofi". "Donald Trump annonce qu'il prend de la chloroquine et en contrepartie Sanofi fournit en vaccins les USA en priorité !", suppose par exemple un membre de ce groupe, en référence à la polémique sur la livraison de ce potentiel vaccin par le géant français. Pour rappel, selon le New York Times, l'obsession du président des Etats-Unis pour la molécule s'expliquerait par les actions qu'il détiendrait dans le capital de la société.
De nombreuses interrogations, et de multiples explications, majoritairement tirées par les cheveux. Pourtant, deux informations de taille semblent avoir quant à elles échappé à ces fervents défenseurs. D'une part, le "protocole" de Didier Raoult ne concerne pas le traitement du président américain, qui n'a évoqué qu'une dose de 200 mg de cet anti-paludique. Celui du professeur marseillais associe l'hydroxychloroquine et l'azithromycine, un antibiotique. De plus, le locataire de la Maison blanche prend cette molécule de façon préventive. Une méthode prophylactique jamais prouvée par l'IHU de Marseille, qui n'inclut dans ses recherches que des personnes testées positives. Contrairement à ce que laissent croire ces internautes, Donald Trump ne fait en fait pas un choix marginal. Loin de là. Un essai dans ce sens, baptisé PREP COVID, est actuellement mené à large échelle en France auprès de médecins de l'AP-HP. Deux oublis qui sont la preuve, s'il en fallait une, qu'il existe un réel biais d'interprétation de l'actualité dans ces groupes.
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