Tuerie de Chevaline : "Le suspect a le profil d'un type un peu cinglé"

Publié le 18 février 2014 à 16h29
Tuerie de Chevaline : "Le suspect a le profil d'un type un peu cinglé"

INTERVIEW -Un an et demi après les faits, un suspect était en garde à vue mardi dans l'enquête sur le quadruple meurtre de Chevaline. Une première arrestation en France dans cette retentissante affaire qui ne surprend guère le psychiatre et criminologue Michel Bénézech.

Selon vous, le tueur a toujours été un homme de la région.
J'avais dit à l'époque : "si cela se trouve, il habite dans une ferme ou un village du coin." Je n'ai jamais cru à l'hypothèse anglaise : un frère qui ferait exécuter son frère avec toute sa famille à plus de 1000 km de chez lui par un amateur lequel utilise une arme ancienne périmée, tout cela pour récupérer un héritage... Même si tout est possible, ma préférence est toujours allée à un cinglé du coin.

Les faits se sont déroulés il y a 18 mois. Comment expliquer que les autorités soient passées à coté d'un tel suspect ?
Au départ, celui qui dirigeait l'enquête a tout de suite privilégié la piste anglaise à la piste locale. Ces grands déplacements en Angleterre me semblaient beaucoup pour une piste hypothétique... Les enquêteurs ont dû revenir un peu tardivement à la piste française alors qu'elle me semblait la plus vraisemblable. Il aurait peut-être fallu un peu plus de zèle localement.

Selon le procureur, le suspect présente une "forte ressemblance" avec le portrait-robot. Ce dernier a-t-il été décisif ?
Non, mais il peut aider dans certaines circonstances. En particulier s'il y a des éléments remarquables. En l'occurrence, un casque de moto peu commun et un bouc.

Que peut-on dire sur sa personnalité ? On parle d'une personne "marginale", mais il vivait avec sa concubine. Cela est-il paradoxal ?
Pas du tout. Un marginal n'est pas nécessairement un solitaire forcené. Ce qui m'avait frappé durant l'enquête, c'est son côté "aguerri". Je m'étais demandé s'il ne s'agissait pas d'un ancien militaire ou d'un chasseur, quelqu'un ayant fréquenté des clubs de tirs. A supposer que ce soit bien le coupable, cela correspond à l'idée que je m'en faisais. Un type un peu "cinglé", peut-être raciste, un haineux ayant des comptes à régler.

Faut-il s'attendre à d'autres interpellations comme le procureur le laisse sous-entendre ?
Il peut avoir fréquenté des gens à qui il a raconté les faits et qui ne l'ont pas dénoncé. On peut s'attendre à des mises en examen pour non-dénonciation de crime. Mais je ne pense pas qu'il s'agisse d'une action de groupe.


La rédaction de TF1info

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