Pesticides, nitrates.... la qualité de l'eau française se dégrade encore et toujours

Publié le 18 octobre 2017 à 7h31, mis à jour le 18 octobre 2017 à 7h36
JT Perso

Source : Sujet TF1 Info

POLLUTION - L'association de consommateurs a lancé ce mardi 17 octobre une campagne d’alerte intitulée "S. Eau S", pour dénoncer les dérives de l’agriculture intensive, alors que les états généraux de l'alimentation se tiennent jusqu'au mois de novembre.

La qualité de l’eau en France ne cesse de se détériorer. Les états généraux de l’alimentation qui se tiennent jusqu'au mois de novembre doivent théoriquement permettre d'aboutir à la construction d'un meilleur rapport de force entre gros industriels et petits producteurs. L'association de consommateurs UFC-Que choisir a profité de l’occasion pour lancer ce mardi 17 octobre une campagne d’alerte intitulée "S. Eau S", pour dénoncer les dérives de l’agriculture intensive. Toujours plus rare et polluée, l'eau des rivières et des nappes phréatiques est dans un "état calamiteux", a affirmé dans un rapport publié ce mardi  l'l'UFC-Que Choisir, qui incrimine des "décennies d'agriculture productiviste" et "l'inaction des pouvoirs publics".

L’association de consommateurs pointe la contamination persistante des écosystèmes par les pesticides, essentiellement d’origine agricole. Ces substances chimiques sont désormais massivement présentes dans la moitié des rivières françaises et dans un tiers des nappes phréatiques. Ainsi, sur 53 % des points de mesure de la qualité des eaux de surface, la norme de qualité nécessaire pour l’eau potable (0,1 microgramme/litre) est dépassée. C’est aussi le cas dans 31 % des nappes souterraines, souligne l’UFC-Que Choisir dans une enquête à paraître demain en kiosque.

Le constat est le même en ce qui concerne les nitrates. Leur présence dans les eaux continentales provient à 66% de l’agriculture, suite à l’épandage des doses massives d’engrais azotés et de lisier (effluents d’élevage). Sur 15 % du territoire, leurs taux dépassent 25 mg/l, c’est-à-dire le niveau au-delà duquel il devient difficile de rendre l’eau potable. Les zones les plus atteintes étant les plaines alluviales qui récoltent les eaux des grands bassins versants et sont des lieux privilégiés d’agriculture intensive. Très solubles dans l’eau, les nitrates constituent aujourd’hui la cause majeure de pollution des grands réservoirs d’eau souterraine : son taux dépasse la réglementation européenne dans 43 % du territoire, tout en présentant une qualité chimique et bactériologique satisfaisante pour l’alimentation.

Initié en 2008 le plan Ecophyto avait pour objectif de réduire de 50% le recours aux produits phytopharmaceutiques en France d’ici 2018 dans un premier temps, puis d’ici à 2025 dans la deuxième version. Or, comme l’explique UFC-Que Choisir, en moyenne triennale, l’utilisation des pesticides a encore progressé de 18 % en cinq ans. Par conséquent, les traitements pour produire de l’eau potable coûtent de plus en plus cher, insiste l’association de consommateur. 

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"On a un système à bout de souffle, une gestion aberrante de la ressource"

"Le constat est assez effarant : une ressource qui continue à se dégrader comme si nous subissions une fatalité", a déploré le président de l'UFC-Que Choisir, Alain Bazot, au cours d'une conférence de presse. "On a un système à bout de souffle, une gestion aberrante de la ressource", a-t-il accusé, réclamant "une rénovation en profondeur de la gouvernance dans les agences de l'eau", chargées de gérer la ressource. "Dans la moitié du territoire français, les pesticides sont présents dans les cours d’eau à des doses supérieures à la norme autorisée dans l’eau potable". Cette norme est aussi dépassée dans "le tiers des nappes phréatiques", constate l'association. Pire, dans ces dernières, "les contaminations en nitrates ont progressé, ne laissant plus que la moitié des nappes indemnes", écrit l'UFC-Que Choisir.

Pour mener à bien cette enquête, UFC-Que Choisir a utilisé des chiffres provenant du portail d’information sur l’eau du ministère de la transition écologique ou des agences de l’eau. La FNSEA, premier syndicat agricole, a dénoncé de son côté un rapport "caricatural" et "à charge", manipulant les chiffres "quitte à dire des contre-vérités". Selon des données du ministère de l'Environnement de 2016, "il y a une baisse de 10% des pesticides dans les cours d'eau entre 2008 et 2013", a déclaré à l'AFP Eric Thirouin, secrétaire général adjoint de la FNSEA et président de sa commission environnement. De même, "il y a une baisse de 14% des teneurs en nitrates entre 2006 et 2014 dans les cours d'eau", a-t-il ajouté.

Les foyers, qui à eux tous seuls utilisent 24 % de l’eau fournie, en paient 70 %

L'UFC-Que Choisir regrette par ailleurs que la réparation des dommages environnementaux est toujours très majoritairement financée par les consommateurs via leur facture d’eau. Les foyers, qui à eux tous seuls utilisent 24 % de l’eau fournie, en paient 70 %, tandis que les agriculteurs, qui en consomment le double, contribuent pour 4 % ; et les industriels (hors du secteur de l’énergie qui prélève beaucoup d’eau mais relâche l’essentiel) utilisent 6 % de l’eau, contribuant à 18 % du financement total, relève l'association de consommateur.


La rédaction de TF1info

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