REPORTAGE – Alors que l’évacuation de la "jungle" de Calais touche à sa fin ce mercredi, de nombreux migrants mineurs sont encore dans l’attente. Beaucoup d’entre eux ont été placés dans le centre d’accueil provisoire installé sur place, et rêvent toujours de partir pour l’Angleterre.
Ce mardi matin, ils sont des centaines d’adolescents assis sur des sacs en plastique jaune. Epuisés, mais souriants. Autour d’eux, des dizaines de CRS leur empêchent l’accès au "sas", lieu de passage obligé pour tous les migrants qui souhaitent quitter la "jungle" de Calais. Dans quelques heures, ces mineurs seront contrôlés et interrogés pour vérifier qu’ils ont moins de 18 ans. Le cas échéant, ils ne monteront pas dans un bus pour être dispersés dans tout le pays, comme les migrants majeurs, mais seront admis au Centre d’accueil provisoire (CAP) qui leur est réservé, au nord de la "jungle".
Mercredi, le Haut-Commissariat aux réfugiés des Nations unies a réclamé des clarifications sur la façon dont est déterminé l'âge des migrants acceptés dans le dispositif "mineurs". En début de semaine, le ministère de l’Intérieur expliquait que deux personnes étaient chargées d'évaluer qui l'intégrait ou non, sans donner plus de détails sur la méthodologie.
"Dans le sas, une file est spécifiquement dédiée aux réfugiés", explique à LCI Pierre-Henry Brandet, le porte-parole du ministère de l’Intérieur. Ils bénéficieront d’une prise en charge et d’une mise à l’abri avant que l’on étudie leur situation individuelle, et que tous ceux qui peuvent rejoindre l’Angleterre en bénéficiant du regroupement familial puissent le faire". Selon France Terre d’Asile et le ministère de l’Intérieur, près de 1200 mineurs avaient été mis à l’abri au CAP ce mercredi. En outre, 273 mineurs migrants sont déjà partis en Grande-Bretagne depuis la semaine dernière.
Photo : un groupe de mineurs isolés entouré par un cordon de CRS
"UK ! UK !"
Entre deux entrées au compte-gouttes à l’intérieur du "sas", un groupe de migrants venu de la "jungle" fend la foule en scandant "UK ! UK !". Un slogan vite repris par ceux qui attendent de pénétrer dans le hangar, en particulier les mineurs. Beaucoup d’entre eux rêvent en effet encore de quitter la France pour l’autre côté de la Manche, qu'ils y aient de la famille, parlent l'anglais ou perçoivent la Grande-Bretagne comme un Eldorado. "Je sais que c’est long et fatiguant, mais il faut que tu attendes si tu veux pouvoir partir un jour en Angleterre, lance à l’attention d’un jeune migrant une militante britannique de l'ONG Refugee Youth Service. "Cinq heures s’il le faut. "
Abasin dit avoir 17 ans. Il vit dans la "jungle" depuis un an déjà. "Je n’aime pas vivre là-bas (dans le bidonville, ndlr), les adultes essaient de nous voler nos téléphones et nos chaussures", lance le jeune garçon. Aujourd’hui, il souhaite rejoindre son oncle, affirmant qu'il se trouve en Angleterre.
J'ai besoin de rejoindre mon frère.
Mineur isolé de 16 ans
Ce sont tous nos enfants, nos frères, nos sœurs…
Michael, de l'association Refugee Youth Service
En face du Centre d’accueil provisoire, les ados cherchent du regard des "gilets blancs". Les "gilets blancs", ce sont les membres de l'association Young Refugee Service. "T'es toujours là ? Pas encore en Angleterre ?", glisse Michael à un adolescent. "Non, mais je continue d’attendre", rétorque le jeune garçon, sourire jusqu’aux oreilles. "Ils sont incroyables, lâche Michael dans un anglais très british. Ils ont traversé tellement d’obstacles, mais ils essayent de garder le sourire malgré tout".
Après huit mois à travailler ici, l’associatif constate que l’Angleterre reste plus que jamais un Eldorado. "Beaucoup d’enfants veulent aller là-bas, mais ils se sentent perdus car ils n’ont aucune information des autorités. On leur donne des papiers qu’ils ne comprennent pas et qui ne sont pas traduits dans toutes les langues. Certains d’entre eux pensent qu’ils vont tous en Angleterre", déplore Michael. Il remarque néanmoins un changement depuis le début de la semaine : "Des mineurs commencent à comprendre que ce ne sera pas le cas"
Les femmes aussi rêvent d'outre-Manche
Et les mineurs ne sont pas les seuls à rêver d’Angleterre. Les femmes aussi espèrent pouvoir traverser la Manche. Ce mardi, nous en voyons une dizaine arriver devant le hangar d'où partent les bus, affirmant que plusieurs femmes ont pu quitter la France pour l'Angleterre la veille. Elles disent avoir de la famille ou un mari sur place. "Si on peut le prouver, vous pourrez probablement partir", leur affirme un membre de l'Office français de l'immigration et de l'intégration, avant de les inviter à entrer dans le sas. Les autres partiront en car vers un des 450 centres d'accueil et d'orientation en France. Une option que n'ont pas les jeunes de moins de 18 ans.
Lundi, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a affirmé que le Royaume-Uni accueillerait "tous les mineurs isolés" dont les attaches familiales en Grande-Bretagne sont établies, et que dans le cas contraitre, le pays s'était engagé à étudier les dossiers de ceux dont "l'intérêt supérieur" serait de le rejoindre. Mais alors, qu’adviendra-t-il des enfants pour qui la réponse sera "No" ? "Ils seront placés en France dans des structures spécialisées, comme des centres sociaux", affirme Pierre Henry de l’association Terre d’Asile.
Mais certains s'inquiètent de les voir disparaître. Une membre de l'association Save The Children tire la sonnette d'alarme : "Lors du démantèlement du sud de la jungle en mars dernier, une centaine de migrants a disparu dans la nature. Il faut les rassurer et leur offrir de la sécurité". Comme une réponse à ces inquiétudes, la préfète a assuré ce mercredi, alors que la "jungle" était désormais quasi déserte, que "tout le monde" a été mis à l’abri.
Photo : dans la "jungle", une baraque aux couleurs de la Grande-Bretagne
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