Un "cimetière d'Autolib" dans le Loir-et-Cher ? Gare aux informations qui circulent

Publié le 14 mai 2021 à 17h26
Les batteries de ces véhicules ont été préalablement retirés.
Les batteries de ces véhicules ont été préalablement retirés. - Source : Capture écran Twitter

ENTREPÔT - Retirées de la circulation en Île-de-France, des centaines d'Autolib sont entreposées à Romorantin. Il est toutefois trompeur d'affirmer que ces véhicules sont laissés à l'abandon.

Bien connues des Franciliens, les Autolib ont arpenté les rues de l'Île-de-France entre 2011 et 2018. Retirées de la circulation, ces voitures électriques développées par le groupe Bolloré auraient atterri dans le Loir-et-Cher. Des publications assurent en effet qu'elles sont rassemblées dans un "cimetière" à ciel ouvert, du côté de Romorantin. 

À en croire ces messages, les véhicules poseraient de multiples problèmes, à cause notamment "des dizaines de milliers de batteries qui fuient et répandent leurs produits toxiques dans les sols". Ils sembleraient condamnés à rester entreposés là puisque "personne n'en veut" et "personne ne sait qu'en faire". S'il est exact que des centaines de ces voitures sont stockées dans cette ville de Sologne, il est faux d'affirmer qu'elles sont laissées à l'abandon. Par ailleurs, la préfecture assure un contrôle des lieux où sont entreposées les Autolib, s'assurant de la conformité des opérations menées.

Deux sites distincts

Lorsque les petites citadines électriques ont disparu de la capitale, toutes n'ont pas été envoyées à la casse. La presse locale relatait à l'été 2018 que plusieurs centaines d'entre elles avaient déjà été envoyées à Romorantin, dans le Loir-et-Cher. Deux  entreprises implantées dans la ville les y stockent, sur plusieurs sites distincts. Avec plusieurs centaines de véhicules dans un bon état de conservation, le premier de ces sites est géré par la firme Autopuzz. Elle remet en état et revend ensuite des voitures électriques à des particuliers. Une activité qui semble fonctionner puisque les dirigeants assurent vendre une cinquantaine d'anciennes Autolib chaque mois et prévoient d'écouler leur stock de 800 véhicules avant l'été 2022. Nous sommes ici loin d'un "cimetière".

En marge de cette activité, c'est un autre site que l'on voit photographié sur les réseaux sociaux. Exploité par un propriétaire différent : l'entreprise Atis Production. Un peu moins de voiture sur celui-ci, et dans un moins bon état de conservation. Sollicité par France Info, le gérant n'a pas souhaité détailler ce qu'il souhaitait faire de ces Autolib en fin de vie, même si l'on peut imaginer que la revente de pièces ou de matériaux serait envisageable. Bien qu'en mauvais état, les voitures ne représentent pas un risque immédiat pour l'environnement. Leurs batteries ont en effet été extraites et seuls divers fluides tels que le liquide de frein sont encore présents. Évoquer "des dizaines de milliers de batteries qui fuient et répandent leurs produits toxiques dans les sols" est donc mensonger.

Précisons que les autorités suivent avec attention ces questions. La Direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement du Centre-Val de Loire (Dreal) indiquait en 2019 ne pas se soucier outre-mesure d'un impact environnemental. Il s'agissait à ses yeux d'un "parking de voitures d'occasion comme il en existe plein. Le risque de pollution, une fois que les batteries sont évacuées, est très limité". Ce qui n'a pas empêché l'institution de souligner l'été dernier, lors d'une visite, quelques infractions environnementales mineures, corrigées depuis. Quatre palettes de batteries étaient en effet stockées sans protection suffisante vis-à-vis des intempéries.

Le point le plus problématique soulevé  par les autorités concerne en réalité un problème d'agrément. La présence d'un petit atelier de démontage sur le site est pointée du doigt par la Dreal et fait l'objet d'une procédure, l'exploitant n'étant semble-t-il pas habilité pour une telle activité. Quoi qu'il en soit, ce contentieux ne porte pas sur un quelconque risque environnemental. Il faut par ailleurs noter que les Autolib disposent d'une carrosserie en aluminium, un matériau qui ne rouille pas malgré les outrages du temps. 

En résumé, les messages partagés sur les réseaux sociaux sont donc en grande partie trompeurs. Les véhicules stockés à Romorantin sont pour l'essentiel destiné à être remis en état et revendus. Ceux en moins bon état pourraient quant à eux faire l'objet de désossages afin de récupérer des pièces ou divers matériaux. Si des infractions environnementales mineures ont pu être constatées par la Dreal sur l'un des sites, ces dernières ont rapidement été corrigées, si bien que les centaines de véhicules encore stockés dans le Loir-et-Cher ne présentent pas de risque de pollution.

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Thomas DESZPOT

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