Un député propose une loi interdisant la corrida aux moins de 14 ans : "Le sang versé, c'est du vrai !"

Publié le 17 mars 2018 à 18h48, mis à jour le 17 mars 2018 à 19h12
Un député propose une loi interdisant la corrida aux moins de 14 ans : "Le sang versé, c'est du vrai !"
Source : Thinkstock

VIOLENCE - Le député insoumis Michel Larive veut faire interdire les spectacles tauromachiques aux mineurs de moins de 14 ans "dans une optique de protection de l'enfance", explique-il à LCI. Le Comité des droits de l'enfant de l'ONU recommande à la France de tenir les mineurs éloignés de ces spectacles sanglants.

Les enfants doivent-ils pouvoir assister à des corridas ? Michel Larive, député France insoumise, a déposé vendredi 16 mars 2018 une proposition de loi visant à interdire ces spectacles aux mineurs de moins de 14 ans. L'élu de l'Ariège, également membre du groupe d'études sur la condition animale à l'Assemblée nationale, précise à LCI que, "hormis au Front national et dans le groupe Gauche démocrate et républicaine (GRD), des députés de tous les autres partis ont signé son texte".

Le parlementaire avait posé une question écrite au gouvernement le 1er février pour attirer l'attention de la garde des Sceaux sur "les mineurs qui assistent à des spectacles tauromachiques sanglants" qui encourent notamment des "effets traumatiques". La question étant restée sans réponse, l'élu a déposé sa proposition de loi, espérant ainsi "poser véritablement le problème" et espérant a minima qu'une discussion s'ensuive. 

Une proposition de loi qui se réfère aux recommandations de l'ONU

"Je propose ce texte dans une optique de protection de l'enfance, en me référant aux recommandations du Comité des droits de l'enfant (CRC) de l'ONU. La France est signataire de la Convention internationale des droits de l’enfant. L'institution a recommandé à notre pays, en janvier 2016, de multiplier les efforts pour faire évoluer ces pratiques violentes qui ont un effet néfaste sur le bien-être des enfants, et notamment d’interdire l’accès des enfants aux spectacles de tauromachie", rappelle le parlementaire.

"Le sang versé dans l'arène, c'est du vrai ! Il ne s'agit pas d'images de télévision. Les jeunes risquent une accoutumance à la violence, qui pourrait alors devenir une norme à leurs yeux. Une centaine de psychiatres et psychologues avaient signé une tribune en 2008 dans laquelle ils expliquaient que la formation psychologique des ces paradigmes a lieu pendant l'enfance", explique-t-il. Mais pourquoi cet âge de 14 ans ? "Il est vrai que la question s'est posée au sein de mon cabinet. Nous avons opté pour 14 ans car nous considérons qu'à 16 ans, un jeune est responsable de ses choix, d'autant que La France Insoumise prône l'abaissement du droit de vote à 16 ans", rappelle l'élu.

L'ONU a recommandé à l'Espagne et au Portugal notamment d'interdire la corrida aux mineurs

Il est certain que pour l'organe onusien dédié aux droits de l'enfant la pratique est préjudiciable. Sa vice-présidente avait rappelé en janvier dernier à Genève que "la participation d'enfants et d'adolescents (garçons et filles) à des activités liées à la tauromachie constituait une violation grave des articles de la Convention relative aux droits de l'enfant", rapporte la Fondation Franz Weber, une association suisse qui oeuvre pour la protection des animaux et de la nature. 

Cette pratique devient chaque année plus impopulaire en France. L’interdiction, faite aux mineurs de moins de 14 ans, d'assister aux corridas avec mise à mort des taureaux est encouragée par 84% des personnes interrogées, selon un sondage réalisé en 2017 par l'Ifop pour l'Alliance anticorrida, une association qui oeuvre pour l'abolition de ces spectacles. La suppression pure et simple de cette pratique, toujours avec mise à mort des taureaux, remporte les faveurs de 73% des interviewés. En 2010, 66% étaient contre et en 2007, 48%.

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Le 2 février dernier, le CRC a recommandé à l’Espagne d’interdire les corridas aux mineurs de moins de 18 ans. C'est le septième pays auprès duquel elle fait une telle demande, après le Portugal, la Colombie, le Mexique, le Pérou, la France et l’Equateur.


Laurence VALDÉS

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