Selon une étude publiée mercredi, le regard des Français sur les chômeurs se durcit.Une majorité estime désormais que si les demandeurs d'emploi rencontrent des difficultés, c'est parce qu'ils ne font pas de concessions.Et 57% est convaincue qu'ils ne veulent pas risquer de perdre leur allocation chômage.
Les Français sont de moins en moins enclins à compatir avec la situation des personnes à la recherche d'un emploi. C'est ce qui ressort d'une étude Elabe* réalisée pour le baromètre Unédic et publiée ce mercredi 7 décembre. Selon le document, si 59% des Français estiment toujours que le chômage est dû aux évolutions de la société - en recul de 6 points par rapport à la dernière édition de ce baromètre réalisé en septembre 2021 - un sur deux considère désormais que les chômeurs ont une responsabilité dans leur situation (50%, en hausse de 7 points).
Dans le même temps, la perception de demandeurs d'emploi "victimes" d'une situation davantage subie que choisie demeure majoritaire (72%) mais recule de 3 points. En revanche, près d'une personne sur deux (49%) affirme que la plupart des chômeurs ne cherchent pas vraiment à retrouver un emploi.
Connaissance erronée des réalités du chômage
Dans un contexte de fortes tensions de recrutement, le "soupçon" à l’égard des demandeurs d’emploi progresse. Une majorité des personnes interrogées (60%) estime que s'ils rencontrent des difficultés, c’est parce qu’ils ne font pas de concession dans leur recherche d'emploi, et qu’ils ne veulent pas risquer de perdre leur allocation chômage (57%, +2). Alors qu'une nouvelle réforme de l'assurance chômage va entrer en vigueur en février, avec une baisse de 25% de la durée d'indemnisation pour les nouveaux inscrits, ce regard se fonde sur une connaissance erronée des réalités du chômage, pointe l'étude.
Selon le baromètre, le taux de chômage est notamment estimé en moyenne à 15%, alors qu'il est en réalité deux fois inférieur. Et pour 56% des Français, "un chômeur est forcément quelqu’un qui touche une allocation, alors que l’assurance chômage indemnise 2,5 millions d’allocataires, soit une fraction de l’ensemble des 6,5 millions de demandeurs d’emploi toutes catégories confondues", indique l'étude.
De leur côté, les demandeurs d'emploi ressentent ce durcissement de l'opinion. Invités à décrire spontanément ce que, d’après eux, les Français pensent des chômeurs, plus de la moitié (52 %, +7) cite un terme péjoratif (fainéant, profiteur, assisté, fraudeur, etc.). Cet élément a progressé de 13 points depuis le premier volet du baromètre en mars 2020.
*Enquête menée en ligne du 30 août au 26 septembre auprès d'un échantillon représentatif de 4.525 personnes de 15 ans et plus, selon la méthode des quotas (3.012 interviews du grand public et 1.513 interviews de demandeurs d'emploi).