À LA LOUPE – La grève du 5 décembre a mis une partie de la France a l'arrêt. Un mouvement social coûteux pour l'économie selon la présidente Les Républicains des Pays de la Loire, Christelle Morançais, qui sur RTL a évoqué le chiffre de 400 millions d'euros par jour. Doit-on s'y fier ?
Salariés bloqués chez eux et qui ne peuvent pas travailler, commerces désertés, livraisons retardées… Les épisodes massifs de grève tel que celui du 5 décembre ne sont pas sans conséquences pour l'économie, qui se trouve logiquement ralentie. Peut-on chiffrer l'impact de ces mouvements sociaux ? Christelle Morançais, présidente LR du conseil régional des Pays de la Loire s'y est risquée ce mardi sur RTL, évoquant une "catastrophe économique". Cette grève, assure-t-elle, "c'est 400 millions d'euros par jour".
Certaines estimations remontent à 2007
Pour aboutir à cette somme, l'élue LR n'a pas eu besoin de saisir sa calculatrice : elle a en effet repris des estimations largement relayées par la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) et son président, François Asselin.
Avant même que ne débute la grève et que soit connue l'ampleur de la mobilisation, il expliquait que pour chaque journée de grève massive, "c'est environ pour le pays 400 millions d'euros d'activité en moins". Contactée par LCI, la CPME apporte quelques précisions sur ce chiffre, et se réfère à des éléments fournis il y a quelques années par des ministres.
"En 2007, le gouvernement a évoqué un coût de 300 millions d’euros pour une journée de grève lors des manifestations contre la réforme des régimes spéciaux (il s’agissait alors d’une grève de grande envergure, comprenant notamment la RATP et la SNCF)", note la CPME, "en Île-de-France, le coût a été de 150 millions d'euros, soit 0,03% de son PIB". Autre référence invoquée : 2010, lorsque Christine Lagarde, "quand elle était encore ministre de l’Economie, a évoqué sur Europe 1, un coût de 200 à 400 millions d’euros par jour".
Pour finaliser son estimation, l'économiste de la CPME s'est basé sur le PIB de l’Île-de-France, "supposant que l’impact serait le même (soit 0,03 % du PIB)". Ainsi, "le coût actualisé pour la région serait de l’ordre de 200 millions d’euros." Pour obtenir des données nationales, "l’hypothèse est que le coût en province serait équivalent à l’Île-de-France (soit comme en 2007)", d'où un résultat final approchant les 400 millions d'euros.
La prudence est de mise
L'Insee, sollicité, partage de son côté une note de synthèse sur les mouvements sociaux qui ont marqué la fin de la l'année 2018. Grève de la SNCF, chez Air France, début du mouvement des Gilets jaunes... Des événements dont l'institut de la statistique a tenté de mesurer l'incidence à travers ses relevés. "Comme souvent pour ce type d’estimations", explique l'Insee, "si les effets de ces mouvements sociaux ont pu être sévères dans certaines zones et pour certaines entreprises, leur impact global au niveau macroéconomique apparaît relativement modéré". Et de souligner que "ces chiffrages restent sujets à des limites méthodologiques".
Si l'on se réfère aux déclarations de Christine Lagarde en 2010 (en pleine réforme des retraites, déjà), citées comme source par la CPME, on observe une prudence identique. Pour l'ex-ministre, la facture se révèle "difficile à chiffrer, parce qu'il y a une partie qui est un préjudice matériel, que certains estiment entre 200 et 400 millions d'euros par jour". D'emblée, l'actuelle présidente de la Banque centrale européenne prévient : "C'est un peu délicat les chiffrages", car ils dépendent des données remontées par les différents secteurs d'activité. Du côté de Bercy, on confirme aujourd'hui que "si l'on raisonne sur la seule journée du 5, il est très difficile de dire que ça a eu un impact sur l'économie". Dans les faits, "pour beaucoup de commerces, ça a seulement reporté ou avancé des achats. On peut prendre l'exemple du coiffeur, où les gens vont simplement décaler leur venue".
Les références régulières à l'impact de précédents mouvements sociaux doivent nous inciter à relativiser les chiffres avancés aujourd'hui. En effet, depuis les grèves de 1995 ou 2010, l'économie et nos modes de vie ont évolué. La croissance du e-commerce, le développement considérable du télétravail ou encore la mise en place de solutions de transports alternatives (vélos ou trottinettes en libre-service dans les agglomérations par exemple) sont autant d'éléments nouveaux susceptibles de faire baisser les coûts liés à une grève.
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