Une élue PS lance une pétition pour demander la naturalisation des tirailleurs sénégalais

Barbara Azaïs
Publié le 17 novembre 2016 à 12h07
Une élue PS lance une pétition pour demander la naturalisation des tirailleurs sénégalais
Source : AFP

L'APPEL - Elle même petite-fille d'un tirailleur sénégalais, Aïssata Seck, élue PS à la mairie de Paris et militante engagée, réclame la naturalisation de ces anciens combattants non reconnus par la République française et désormais coincés en France.

Durant les deux guerres mondiales, environ 200.000 tirailleurs "sénégalais" (des unités d'infanterie désignant l'ensemble des soldats africains) ont combattu pour la France. Plus de 70.000 d’entre eux sont morts pour la France, dont 36.000 originaires d’Afrique du Nord et 30.000 d’Afrique noire. Pour leur rendre hommage, Aïssata Seck, 36 ans, élue PS à Bondy et elle-même petite-fille de tirailleur sénégalais, a lancé une pétition en ligne réclamant leur naturalisation. Près de 42.000 signatures ont déjà été recensées. Parmi les signataires, des personnalités telles que Jamel Debbouze, Omar Sy, Lilian Thuram, Cécile Duflot, Arnaud Montebourg, ou encore le président de l’Assemblée nationale, Claude Bartolone. 

"Ces anciens combattants sont tous en possession de leurs papiers et de leurs médailles de guerre. Comme tous les citoyens français, ils déclarent et payent leurs impôts, participent à l’économie de la France. Pour autant, l’Etat s’obstine à refuser de reconnaître qu’ils ont gagné une place au sein de la communauté nationale", dénonce Aïssata Seck. Ils ont entre 76 et 88 ans et se baladent dans la rue en portant leurs médailles. Fiers d’avoir combattu pour la France. Mais frustrés que cette terre pour laquelle ils ont sacrifié leur jeunesse et leurs frères d’armes, ne les reconnaissent pas comme faisant partie des siens. "Il est grand temps pour la France de leur offrir ce geste de respect et de reconnaissance", estime Aïssata Seck. 

Prisonniers dans le pays qu’ils ont défendu

Contactée par LCI, elle affirme avoir été approchée par Claude Bartolone. "Nous devons nous rencontrer. Il a assuré qu’il porterait le projet devant François Hollande. Je demanderai également audience au président sénégalais qui sera en visite officielle en France au mois de décembre". 

Car au-delà même de la symbolique, attribuer la nationalité française à ces arrière-grands-pères leur permettrait de retrouver leurs familles restées au pays. Comme le souligne l’élue, ces anciens combattants vivent en effet dans une situation précaire. "Munis de simples cartes de séjour, ces retraités n’ont d’autre choix que de rester seuls sur le territoire français. Partir finir leur vie au Sénégal, près de leurs familles, signifierait perdre leurs faibles pensions ; un choix matériellement impossible". "Avec nos maigres pensions (600 euros, Ndlr), on ne peut pas faire venir nos épouses", confie Ousmane Sagna, 85 ans, au Parisien. "La France ? C’est notre patrie, explique Yoro Diao dans son costume couvert de médailles de guerre. Pour avoir cette naturalisation, on nous demande des extraits de naissance, mais le chef du village ne savait même pas écrire". En Indochine d'abord, puis en Algérie, "il a perdu beaucoup de camarades", "en neuf ans, neuf mois et neuf jours" de service.

Si le ministère des Affaires étrangères ne communique pas sur les chiffres exacts, ils seraient au moins un millier de tirailleurs "sénégalais" sur le territoire français. "Ils font des allers-retours vers leur pays dès qu’ils peuvent pour voir leurs familles. A Bondy, précise Aïssata Seck, la plupart vivaient dans un foyer pour immigrés, dans des chambres de 7m2". Avec le temps, ils ont été relogés dans "un autre foyer situé au nord de la ville, où ils vivent désormais dans des petits studios de 17m2"... Dans l'attente que le gouvernement les reconnaisse.


Barbara Azaïs

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