Une Gilet jaune a-t-elle été bousculée par un policier à Reims ?

par Claire CAMBIER
Publié le 19 mai 2019 à 12h52
Une Gilet jaune a-t-elle été bousculée par un policier à Reims ?
Source : Capture d'écran BFMTV

ACCIDENT - Environ 1.000 personnes, selon des journalistes de l'AFP, ont répondu ce samedi à Reims à un "appel national" non-déclaré. Une manifestation au cours de laquelle une femme a été blessée à la tête. La scène, filmée, suscite depuis la polémique. Violence policière ou non ? Les versions des protagonistes diffèrent.

C'est à Reims que l'"Acte 27" des Gilets jaunes a été le plus mouvementé. Dans cette commune de la Marne où environ 1.000 personnes manifestaient selon plusieurs journalistes présents sur place, des heurts ont eu lieu entres Gilets jaunes et forces de l'ordre.  Des vitrines ont été brisées et plusieurs Gilets jaunes ont été blessés. Parmi eux, une femme souffrant d'une plaie à la tête. La scène s'est déroulée devant les caméras de BFMTV, qui a diffusé l'incident en direct (vidéo ci-dessous). 

On y distingue une rangée de policiers qui avance, le vidéaste filme ce moment dans leur dos et les suit. A leur passage, une femme, jusque là statique sur la voie, se retrouve subitement au sol. Un policier l'enjambe, puis un autre agent se retourne, lui tend une main, avant de se détourner. Des manifestants dont des street-medics accourent pour lui porter secours.

Depuis sa diffusion, la scène a été largement relayée sur les réseaux sociaux, de nombreux internautes y voyant une bavure de la part des forces de l'ordre. La manifestante a été prise en charge par la suite par les sapeurs pompiers et conduite à l'hôpital Maison Blanche pour une plaie au cuir chevelu. Que s'est-il passé ? 

Nous avons pu aisément localiser la scène, elle se déroule à 16h, au niveau du 20 rue Condorcet, à proximité d'un manège et de l'église Saint Jacques, à Reims. Pour le reste, les images de la chaîne d'information, furtives et filmant en premier plan les dizaines de policiers, ne permettent pas de bien visualiser et comprendre la chute.

Les protagonistes et les témoins interrogés ne sont quant à eux pas d'accord. 

La victime a livré samedi soir son témoignage à BFMTV, à sa sortie de l'hôpital (vidéo ci-dessous). Le policier "m’a heurtée avec son bouclier délibérément (...) Il m’a carrément foncé dedans et il m'a enjambée, explique Dominique Boums. Je saignais abondamment au niveau de la tête, il a fallu qu’on me suture", ajoute celle qui indique être par ailleurs infirmière. Cette femme de 55 ans confie son étonnement de ne pas avoir vu les forces de l'ordre s'arrêter pour lui venir en aide ou s'enquérir de son état. "Je n'en reviens pas qu'ils n'aient pas eu plus d'états d'âme", souffle-t-elle. Et, comme pour prouver qu'elle n'a rien contre la police au quotidien, elle ajoute être "la femme d'un policier à la retraite".

Cette version des faits est corroborée par d'autres manifestants. Une amie de victime a confié à nos confrères de France 3 avoir "assisté à un acte gratuit de violence de la part d'un CRS" (en réalité des forces de l'ordre locales, ndlr). Elle assure qu'elle était aux côtés de Mme Boums quand les policiers sont arrivés. "Le policier qui se trouvait en face de moi m'a bousculée, je me suis écartée et, dès que je me suis écartée, j'ai vu que mon amie avait été jetée à terre par le bouclier du policier qui était à côté." Le Parisien rapporte également le témoignage de Gaëtan, un street-medic témoin de la scène. Lui aussi assure que la manifestante a été repoussée par un "bouclier" alors qu’elle "discutait avec ses amis".

Du côté des forces de l'ordre, on dément fermement. "Je conteste le terme 'bousculer'", prévient d'emblée Denis Gaudin, secrétaire général de la préfecture de la Marne. "Les policiers étaient en ligne avec leurs boucliers. Ils avançaient calmement, il n'y avait pas de charges." Selon lui, les forces de l'ordre n'ont effectué aucun geste à l'encontre de Mme Boums. "Elle avançait à leur contact, elle a posé ses mains sur un bouclier puis a chuté."

En ce qui concerne le manque d'empathie des policiers, Denis Gaudin estime qu'ils savaient que des soins seraient rapidement prodigués. "Il y avait des street-medics et les pompiers faisaient partie du dispositif mis en place pour la journée." 

Des témoins de la scène assure que cette version de l'accident est juste et que les policiers n'ont fait aucun usage de la force. "J’étais sur le côté et de mon angle de vue je ne l’ai pas vue se faire bousculer, je l’ai juste vu tomber", nous explique une femme qui était en train de boire un verre en terrasse et s'est levée pour voir ce qu'il se passer à l'approche des policiers. "A ce moment là, il n’y avait pas de manifestation dans la rue, la majorité du groupe de gilets jaunes était en train de se diriger vers la place Drouet d’Erlon" à quelques mètres de là. Les forces de l'ordre que l'ont peut voir sur les images "se dirigeaient vers cette même place en prenant juste un chemin différent." 

Comment explique-t-elle alors cette chute ? Le policer "aurait pu la toucher involontairement vu qu’elle était sur le chemin mais de là à la faire tomber violemment sur le sol, cela me parait très peu probable et puis nous l’aurions vu." La blessure, présente à l'arrière du crane, s'expliquerait alors par une mauvaise chute voire "un malaise".

Pour le moment, deux versions bien divergentes s'opposent donc. Impossible à ce stade et sans images montrant le contrechamp d'établir une stricte vérité. La victime, Dominique Boums, hésite actuellement à porter plainte. Le résultat de cette enquête pourrait permettre de faire la lumière sur cet incident.

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Claire CAMBIER

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