Certains s'émeuvent que Sciences Po a "viré" une professeure de danse qui utilisait les mots "hommes et femmes".L'institution rétorque avoir reçu "plusieurs plaintes" d'étudiants la concernant.On revient sur cette polémique.
Comme deux franges de la société qui ne savent plus s'écouter. Entre ceux qui plaident pour "l'inclusivité", et ceux qui s'inquiètent de la "montée du totalitarisme woke". Au cœur de ce débat, se trouvent le genre et ses représentations. Alors, lorsque cette question s'immisce dans la danse de couple, elle crée quasi-inévitablement la polémique. Depuis ce mercredi 7 décembre, Sciences Po et l'une de ses anciennes professeures de danse sont dans la tourmente. Certains affirment que le prestigieux établissement aurait "viré" l'enseignante pour avoir "osé utiliser les mots hommes et femmes" pendant son cours. TF1info fait le point.
"Follower" et "leader"
Tout commence mercredi soir, lorsque des articles de presse affirment que Sciences Po Paris aurait "écarté" une professeure de danse jugée "sexiste". Une accusation contre laquelle la principale concernée va rapidement s'inscrire en faux. Interrogée dès le lendemain sur Cnews, Valérie Plazenet revient sur les événements. Selon son récit, l'école aurait modifié les inscriptions pour ses cours de danse en couple. Au lieu d'avoir un quota hommes et un quota femmes, ces termes ont été remplacés par "follower" et "leader". Une terminologie qui aurait trompé les élèves, d'après le récit de cette professeure. "Des danseuses se sont inscrites en leader en croyant qu'il signifiait le niveau au-dessus." Pourtant, le fichier d'inscription disponible en ligne donne bien la définition de chaque mot. Il est en effet précisé dans la section "commentaires" que "le rôle du follower est de suivre la danse" et celui de leader de "guider". Par ailleurs, certains cours sont classés comme "débutant" et d'autres "tous niveaux".
Face aux questionnements de ses élèves, la professeure dit leur avoir proposé de "reprendre (leurs) positions". "Les hommes d'un côté et les femmes de l'autre." Or, elle estime que c'est l'utilisation de ces mots qui aurait provoqué la colère d'un élève et un coup de téléphone de la direction. "On m'a dit que maintenant, il fallait faire très attention aux élèves, qu'ils sont très sensibles, qu'on ne peut plus parler de certaines choses", poursuit-elle au micro de la chaine d'information en continu, laissant entendre que ces mots seraient interdits à Sciences Po. Et d'ajouter que les termes seraient même devenus "politiquement incorrects". Un témoignage qui prend une tournure très politique lorsqu'elle se place en défenseuse de ces "milliers d'hommes et de femmes à qui on impose une dictature morale", elle qui craint que ce "wokisme" soit en train de "bousiller la femme".
Un témoignage "complètement faux"
Des "mensonges" que Sciences Po a immédiatement voulu dénoncer dans un communiqué publié le 8 décembre. Auprès de TF1info, la direction de l'établissement parisien évoque "deux fausses informations". D'une part, la professeure n'a pas été virée ou congédiée, explique l'institution. "C'est elle qui a décidé de partir." D'ailleurs, si Valérie Plazenet entamait son témoignage en s'insurgeant d'avoir été "virée", son récit laissait comprendre qu'elle a choisi de quitter ses fonctions pour "résister" aux directives de l'école.
D'autre part, Sciences Po note que le sujet "n'est évidemment pas celui de dire hommes ou femmes". Pour preuve, sur son site, ce sont bien ces mots qui sont utilisés pour évoquer l'égalité des sexes. "Simplement, il se trouve que dans la terminologie de la danse, 'leader' et 'follower' sont plus adaptés aux couples qui dansent aujourd'hui. Mais on peut évidemment dire hommes ou femmes."
Les discriminations n’auront jamais leur place à Sciences Po ➡️ https://t.co/b9SmWcYUq7 pic.twitter.com/KkewG0yvoN — Sciences Po (@sciencespo) December 8, 2022
Alors qu'a-t-il été reproché exactement à la professeure ? La direction n'a pas souhaité nous donner d'exemples concrets. Mais elle assure qu'ils relèvent de propos "sexistes, discriminatoires, dégradants et minimisant les violences sexistes et sexuelles". Sur Twitter, un élève très clairement militant sur ces questions a en tout cas pris la parole pour justifier ce choix. L'enseignante aurait notamment "demandé l'orientation sexuelle d'un élève en plein cours" et aurait refusé faire danser deux hommes ou deux femmes ensemble, préférant les orienter vers des écoles "same-sex", qui proposent des cours en couples homosexuels. Dans son témoignage, la professeure de danse confiait d'ailleurs que ce point lui posait un problème. Reconnaissant qu'elle ne se voyait "pas dire à des messieurs qu'ils sont obligés de danser avec un homme", elle a souligné à l'antenne de Cnews que des cours "same-sex" existaient pour cette pratique.
Quant à savoir combien de personnes se sont plaintes de cette situation, là encore, la direction n'a pas pu nous donner de chiffres, arguant que l'alerte a d'abord été donnée par l'association sportive de l'école. "Elle nous a fait remonter cette information par messages, donc la proportion ne doit pas être négligeable", considère la direction, ajoutant que deux élèves se sont également tournés directement vers l'administration.
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