Quel parent n'a pas redouté de voir sa progéniture se transformer en petit démon et avoir des réactions radicales ?En vacances, ces situations ô combien habituelles peuvent se révéler plus dures à supporter.Fort heureusement, un livre paru il y a quelques années vole à votre secours.
C'est la chair de votre chair, et pourtant... votre enfant peut parfois vous rendre la vie impossible. Et notamment quand vient le temps des vacances, là où chacun est en quête de repos et d'harmonie. Mais pourquoi ? Ne cherchez plus, c'est la faute à son cortex préfrontal. Mais pas la peine de se mettre la rate au court bouillon, selon Danielle Graf et Katja Seide, auteures du livre Cet enfant qui nous pourrit la vie (mais que nous aimons tant !) paru en 2018 aux éditions Michel Lafon : "Il faut déboulonner le mythe des tyrans mal élevés."
D'après elles, l'explication est donc plutôt à aller chercher du côté du cerveau humain. "Si un petit enfant subit un événement stressant, par exemple si un adulte lui interdit quelque chose, son cerveau émotionnel prend les commandes et bloque le fonctionnement du cerveau cognitif (son cortex préfrontal, ndlr) raisonnable et patient. L’enfant est submergé par ses émotions : il se met en colère. Il se jette par terre, crie, crache, frappe, tape du pied, il est hors de lui."
En plus, "il est difficile d’atteindre par les mots un enfant qui se trouve dans cet état, parce que c’est le cerveau cognitif (encore lui !) qui est responsable du langage. Or, à ce moment précis, celui-ci est pour ainsi dire 'hors service'", poursuivent-elles. Rien d’étonnant dès lors à ce que nos tentatives habituelles pour calmer nos enfants en leur parlant échouent lamentablement : ils ne nous comprennent tout simplement pas.
"S'armer de patience"
Il va donc falloir s'armer de patience, car cette phase d'incompréhension peut durer quelques années. "C’est seulement vers 6 ans que les enfants sont en mesure de contrôler assez efficacement leurs impulsions", précisent ces deux mamans, l'une juriste et conseillère en développement organisationnel, l'autre éducatrice spécialisée, que nous avions interrogées au moment de la parution de l'ouvrage.
Toutefois, des solutions existent et c'est d'ailleurs tout le propos de leur livre. D'autant que dès l’âge de 3 ans, "les enfants peuvent et doivent apprendre à refréner leurs émotions", soufflent-elles. Suivez le guide...
Mon enfant ne veut pas s’habiller
C'est l'heure de partir à la plage et votre enfant traîne des pieds pour s'habiller ? "Pas besoin de dégainer l'arme de la menace", avancent Danielle Graf et Katja Seide. "Parfois, certains parents se sentent tellement impuissants et désespérés qu’ils disent à leur enfant qu’ils vont partir seuls si celui-ci ne se prépare pas tout de suite. Le problème, dans ce genre d’éducation, c’est que les parents vont souvent se retrouver pris dans la confrontation avec leurs enfants. Cela ne favorise pas une cohabitation harmonieuse. Ces chamailleries permanentes finissent généralement par mettre tout le monde de mauvaise humeur, voire dégénèrent en disputes avant même que la journée ait vraiment commencé."
Conseil n° 1 : Les aider, tout simplement
"Quand un enfant est capable de s’habiller tout seul et qu’il le montre le reste de l'année à la crèche ou chez le pédiatre,
rien ne s’oppose à ce que vous aidiez votre marmotte ou votre accro du câlin."
Conseil n°2 : Créer une "route" de vêtements par terre
"Il y a des enfants qui se sentent dépassés par la logistique de l’habillage. Pour eux, on peut disposer les vêtements le long d’une "route" qui va du lit à la salle de bains. En premier, on pose la culotte. Un peu plus loin, le tee-shirt. Ensuite, les chaussettes. Enfin, le short. Depuis son lit, l’enfant enlève son pyjama et suit tout le parcours en enfilant un vêtement à chaque étape. Au moment où il est habillé, il doit être arrivé à la salle de bains."
Conseil n°3 : Retarder l’habillage
"Il y a des jours où pour les enfants, il est vraiment plus important de jouer que de s’habiller. C’est quelque chose que les parents doivent accepter : il faut alors leur demander plusieurs fois au cours de la matinée s’ils sont prêts à s’habiller. Normalement, on finit toujours par trouver un moment propice. En cas d’urgence, on peut simplement emballer les vêtements dans un sac et les emporter : si nous ne l’utilisons pas comme une menace, il est tout à fait envisageable de s’habiller une fois à la plage."
Mon enfant fait le difficile quand vient l'heure de manger
"C'est un grand classique du refus de coopérer", dixit nos deux mamans. Le problème, c'est que cette situation désespère de nombreux parents. "Dans les anciens manuels d’éducation, on conseille généralement de mettre fin au repas immédiatement, notamment quand l'enfant jette son assiette ou sa nourriture par terre, observent-elles. Sauf que cette interruption du repas n’apprend généralement rien à l’enfant : à la prochaine occasion, il recommencera."
Conseil n°1 : Utiliser de la vraie vaisselle
"Même pour les petits enfants, il est très différent de voir une assiette en mélaminé tomber sans se casser et rouler intacte sur le sol de la cuisine, ou d’entendre une véritable assiette en porcelaine se briser en mille morceaux dans un énorme fracas. Vous pouvez avoir la certitude qu’aucun enfant ne fera tomber volontairement ce genre d’assiette deux fois."
Conseil n°2 : Introduire un autre signal
"Quand on répète à un enfant qu’il ne doit pas faire quelque chose, cela ne signifie pas qu’il saura automatiquement quoi faire à la place ! Il comprend peut-être très bien que nous nous fâchons quand il jette son assiette, mais c’est à nous, ses parents, de lui expliquer ou de lui montrer ce qu’il doit faire à la place. Le plus simple est de lui montrer qu’il peut repousser son assiette devant lui sur la table quand il n’a plus faim. Il faudra répéter la manœuvre plusieurs fois, y compris quand on est soi-même à table, et sourire à l’enfant ou lui faire un signe d’approbation quand il suivra notre exemple. On peut aussi utiliser d’autres signaux, comme éloigner sa chaise de la table, ou se lever."
Mon enfant s’enfuit sans arrêt
"Pour beaucoup d’enfants, se sauver est un jeu. On les voit s’éloigner de leurs parents à toute vitesse en riant, sans
entendre les cris d’avertissement. Ils sont en mode jeu et ne voient pas le danger. Dans les manuels classiques, on
conseille le plus souvent d’agir avec cohérence et de prendre systématiquement l’enfant par la main ou de le mettre dans
sa poussette s’il ne respecte pas les règles. Si on ne peut pas lui faire confiance, on le prive de sa liberté. Mais nous
pensons qu’il existe des alternatives plus supportables, qui ne transforment pas le quotidien de la famille en combat
permanent", disent les auteures.
Conseil n°1 : Apprendre la circulation
"Cet apprentissage précoce de la circulation a son utilité, parce qu’à 12 mois environ, les enfants ne remettent pas encore en question ce que nous leur disons. La phase d’autonomie vient seulement de commencer. À cet âge-là, ils dépendent encore beaucoup de nous pour comprendre le monde et nous imitent volontiers. Ils prennent tout ce que nous disons pour des vérités indiscutables. Si, dès ce jeune âge, nous leur montrons qu’il est important de s’arrêter, de ne pas traverser quand le feu est rouge et de donner la main aux parents auparavant, ces principes s’ancreront si fermement dans leurs esprits qu’ils resteront accessibles plus tard, quand les enfants voudront suivre leur propre chemin."
Conseil n°2 : Se mettre d’accord - à l’avance
"Il est important de vous mettre d’accord avec eux, avant qu’ils s’éloignent, sinon ils ne vous entendront plus. Par exemple, vous pouvez leur dire : 'Tu as le droit de courir jusqu’au prochain lampadaire'. Au parc, vous pouvez utiliser les virages du chemin comme points de repère. Ou, sur le terrain de jeux, vous pouvez convenir avec eux d’une ligne imaginaire qu’ils n’ont pas le droit de franchir."
Mon enfant refuse d'aller se coucher
Bien des parents connaissent cette situation : on a passé l’après-midi et la soirée avec les enfants, on a joué, lu des histoires,
encore joué, encore lu des histoires, préparé le dîner et mangé, aidé les petits à se déshabiller et à se brosser les dents, lu une
dernière histoire, et maintenant, enfin, ils doivent s’endormir. Malheureusement, notre cher bambin ne pense pas du tout au dodo. Il débarque dans le salon une bonne centaine de fois : il veut encore un verre d’eau, il doit aller aux toilettes, il y a un monstre sous le lit, il fait trop chaud, son doudou a disparu...
Conseil n°1 : Accompagner l’enfant pendant qu’il s’endort
"La solution la plus simple au problème consiste à rester près de l’enfant le temps qu’il s’endorme. Allongez-vous près de votre enfant : il ne sera pas obligé de sortir de son lit et de vous gâcher la soirée, puisque son lien d’attachement n’est pas tendu. Il est tout près de vous, son cerveau n’a pas peur des tigres à dents de sabre et peut se reposer tranquillement. Pour votre enfant, c’est normalement le moyen le plus agréable et le plus confortable pour s’endormir."
Conseil n°2 : Laisser l’enfant choisir le moment d’aller se coucher
"Naturellement, il faut d’abord laisser aux enfants une 'période d’adaptation' quand on introduit le concept du libre choix de l’heure du coucher. La première fois, presque tous les enfants vont vouloir rester debout aussi tard que possible, mais au bout de quelques jours, les choses se régleront d’elles-mêmes."
Conseil n°3 : Un grand lit pour la fratrie
Et pourquoi pas le "cododo" pour les fratries ? : "Cela facilite le détachement vis-à-vis des parents, tout en garantissant
la présence dans le lit d’une personne d’attachement contre qui se blottir pendant la nuit. Cependant, cette solution pose un
problème, celui du chahut juste avant de s’endormir. Deux enfants qui dorment ensemble vont chahuter, c’est certain.
Mais nous avons constaté que c’est un processus naturel qui intervient juste avant l’endormissement définitif, et le favorise
même quand on laisse faire la nature."