Les plateformes en ligne ont, depuis plusieurs années, remplacé les traditionnelles agences de voyage.Si les tarifs proposés semblent attractifs, et le classement des hébergements sérieux, est-ce vraiment une bonne affaire ?Le 20h de TF1 a enquêté.
Séjour d'une semaine en famille, week-end en amoureux ou encore escapade en solitaire à l'autre bout du monde, peu importe. Aujourd'hui, pour réserver un hôtel, neuf Français sur dix préfèrent utiliser une plateforme en ligne. Booking, Expedia, Trivago, elles sont une dizaine à comparer des milliers d'hébergements. Comment sont établis ces classements ? Réserver sur ces sites, est-il toujours un bon plan ?
Un prix moins cher en passant directement par l’hôtel
Les journalistes de TF1, dans le reportage du 20H en tête d’article, ont choisi une destination en France : Lorient, sur la côte bretonne. En haut du classement d’un célèbre comparateur, elles trouvent une chambre à 70 euros la nuit. Elles décident d'appeler l'hôtel en question. La chambre est neuf euros moins cher sur la plateforme qu'en direct, mais elle n'est pas remboursable en cas d'annulation. Autre hôtel, cette fois pour une chambre à 66 euros. La réceptionniste la propose aux journalistes à 59 euros. "Alors si vous passez par nous directement, on est moins cher que sur les plateformes, quasiment toujours." Sur dix hôtels appelés ce-jour-là, huit ont proposé des prix moins élevés en direct que sur les comparateurs.
Parmi eux, Mickaël Chevrier, cogérant de l'hôtel Victor Hugo, explique ces différences de prix "pour la simple et bonne raison, que la différence entre les deux, cela va être la commission". En effet, les centrales de réservation lui prélèvent entre 15 et 20% sur chaque vente. C'est pourquoi, il répercute presque la totalité de ce montant sur les chambres proposées sur ces plateformes. "C'est un choix qu'on fait. Un choix aussi pour valoriser le client qui va faire l'effort de nous appeler en direct."
Un classement vraiment objectif ?
Les plateformes en ont bien conscience. Elles ne ménagent pas leurs efforts pour inciter cet hôtelier à baisser le prix de ses chambres, ou souscrire à des programmes payants. "Ils nous annoncent, par exemple, qu'on augmente notre nombre de vues de 70% en moyenne en souscrivant à un programme. Éventuellement, on a 45% de réservations en plus par leur biais", précise Mickaël Chevrier.
En réalité, en ligne, la visibilité peut s'acheter. Le géant du secteur l'écrit discrètement sur son site : "Le montant de la commission payée et d'autres facteurs peuvent affecter le classement." Depuis deux ans, il est contraint d'afficher ce message sous la pression des fédérations d'hôteliers. La directrice générale, Malena Gufflet assume cette politique à demi-mot : "Il y a des hébergements qui souhaitent se distinguer et investir. Ce n'est pas encore pour cette raison qu'ils sont dans le haut du classement. Mais ça peut l'influencer."
Le référencement à tout prix
Éric Legros, gérant d'un camping dans les Vosges, a décidé il y a quelques années de rompre tous ses contrats avec les centrales de réservation. Malgré ses démarches, il continue d'être référencé sur plusieurs sites. Sur l'un d'eux, on peut y lire :"Malheureusement, nous n'avons plus de disponibilités correspondant à votre recherche dans cet établissement. Découvrez nos autres établissements dans la région Lorraine." "Le client qui va me chercher et qui ne va pas me trouver va se dire bon, il est complet. Donc du coup, cette plateforme va inciter l'internaute à aller ailleurs", déplore-t-il.
Un des sites en question, sollicité par les équipes de TF1, s'est engagé à supprimer la page. Mais pour les autres, il n'en est pas question. Car, référencer absolument tous les hébergements, c'est la garantie d'attirer le plus de clients. "Notre engagement vis-à-vis de notre audience, c'est d'être exhaustif, et de pouvoir répondre à la question d'un client. Donc, on répond sur toutes les recherches. Si le camping ne travaille pas avec nous, on le dit très clairement", explique Jérôme Mercier, directeur général de Campings.com. Sur ces plateformes, les bonnes affaires existent, mais ce n'est pas systématique.