Vacances chez les grands-parents : les conseils d'un psy pour un été sans nuages

Publié le 12 juillet 2022 à 17h50, mis à jour le 6 juillet 2023 à 17h19

Source : JT 13h Semaine

Votre enfant s'apprête à passer ses premières vacances chez ses grands-parents cet été?
Inutile de stresser, tout va bien se passer.
Nous avons sollicité un psychiatre pour vous expliquer comment et pourquoi.

Soyons clairs : séjourner chez ses grands-parents durant les vacances d’été, c'est la promesse d’un beau moment partagé. Pour l'enfant, c’est la première expérience "sans tutelle parentale", avant la première colo et le premier camping avec les potes. Pour le grand-parent, c'est l'occasion de renforcer ce lien distendu pendant toute l'année scolaire, souvent en raison de l'éloignement géographique. Et les parents dans tout ça ? Lorsque votre enfant part en vacances pour la première fois chez vos parents, sur une durée plus longue qu'une simple nuit ou un week-end, une foultitude de questions, souvent anxieuses, traverse votre esprit. La première étant : que faire pour que ces vacances se passent dans une totale quiétude ? 

Un confort de base pour tous

Règle essentielle afin d'éviter tout malentendu, les jours de vacances doivent être validés par tout le monde en amont, aussi bien par les parents que par les grands-parents : "Il faut qu’il y ait ce pacte pour tous", nous assure le psychiatre Nicolas Regnault, considérant les premières vacances de l'enfant chez les grands-parents comme "essentielles" pour son développement : "Pour l'enfant, les vacances avec les grands-parents permettent de fructifier un lien affectif. Et avec les parents, c'est une manière de dire "on se quitte pour mieux se retrouver", c’est bénéfique pour tous.

Il est aussi question à travers ce lien enfant-grands-parents de transmission, de donner des repères, d’inscrire l’enfant dans une culture, de révéler un passé qui éclaire le présent.
Nicolas Régnault, psychiatre

Premier conseil afin que tout soit clair dans l'esprit de l'enfant pour éviter cette fameuse "peur de l'abandon", c'est de tout expliquer avec des mots simples, de le rassurer en lui disant que les grands-parents vont bien s’occuper de lui, qu'il sera en sécurité, que vous viendrez le chercher à la fin des vacances et que, surtout, c’est une chance d'être chouchouté. Inutile d'en faire plus.

Toujours selon le psychiatre, "les enfants ne se repèrent pas forcément dans le temps, dans la durée (cela se résume souvent au nombre de dodos), ils vivent au jour le jour." Plus que les parents, c'est aux grands-parents qui seront présents avec lui d’être rassurants, rappelant incidemment à quel point leur lien avec l'enfant demeure extrêmement précieux : "Ce lien grand-parent/enfant est à la fois puissant et léger, les grands-parents sont des piliers affectifs a fortiori lorsque les familles s’avèrent marquées par l’éclatement. Les grands-parents sont dans l'écoute et dans le récit (celui des souvenirs, par exemple), les enfants aiment bien savoir comment leur parent était à leur âge.

Ainsi, raconter d'où l'on vient, le métier que l'on a exercé, la jeunesse que l'on a vécue, tels sont les petits détails structurants qu'il est nécessaire de partager avec ses petits-enfants : "Il est aussi question à travers ce lien enfant-grands-parents de transmission, de donner des repères, d’inscrire l’enfant dans une culture, de révéler un passé qui éclaire le présent.

D'autant que les grands-parents sont résolument disponibles, résolument modernes, ils aiment à travailler et ils ont évolué avec de nouvelles familles (famille recomposée, homoparentale…). En somme, ils sont "connectés".

Que proposer comme activités quand on est grand-parent ?

Bien sûr, le fossé générationnel peut effrayer certains grands-parents (signalons que selon un rapport, 34% des grands parents ne s'occupent JAMAIS de leurs petits-enfants) et si l'effroi peut être trop présent, il est toujours possible aux parents de proposer des alternatives comme celle d'instaurer un roulement avec des jours en centre de loisirs. Mais, en dépit d'addictions modernes au grand-tout numérique, "un enfant reste un enfant et les jeux sont toujours aussi efficaces", nous assure le psychiatre. 

Pour peu que les grands-parents aient un jardin, les enfants, qu'il ne faut pas laisser dépérir devant une énième rediffusion télé de Dora l'exploratrice, sont toujours curieux de découvrir la nature, les insectes, les animaux, les plantes, les fleurs. Et une bonne piscine gonflable marche toujours. 

Vers l’âge de six ans, les enfants auront besoin de se dépenser, incitant les grands-parents à se mouvoir eux aussi. On peut alors penser à des activités à l'extérieur comme la fréquentation d'un parc d’attractions. Pour autant, tempère le psychiatre, "les grands-parents ne doivent pas non plus être à la merci de l’enfant et c’est l’occasion pour l’enfant de faire autre chose que ce qu’il a l’habitude de faire."

Que faire (et ne pas faire) quand on est parent ?

Ne vous fiez pas aux apparences, les parents ont un rôle à jouer pour que les vacances de leurs enfants chez les grands-parents se passent bien. Comment ? En en faisant le moins possible. Pitié, évitez le harcèlement téléphonique : "Le bon déroulement du séjour va dépendre de l'état d'esprit des parents qui ont tout intérêt à ne pas abuser du téléphone pour savoir si tout va bien matin-midi-soir. Cela réactive l’idée de l'angoisse de séparation dont il faut à tout prix s’affranchir. Un seul coup de téléphone par jour suffit amplement, si possible en pleine journée." Et l'on dit aussi merci aux progrès techniques : les inventions de Skype et autres Facetime permettent aussi de se voir, ce qui est plus rassurant.

En cas de gros chagrin, ne paniquez pas et laissez les grands-parents dans le rôle de consolateurs : "C'est dur à comprendre pour les parents mais les vacances sont aussi la possibilité pour l’enfant de vivre des choses extraordinaires sans eux. C’est la fabuleuse opportunité pour lui de se faire des souvenirs et des histoires à raconter mais aussi pour le couple de parents de se retrouver."

Des consignes, oui, mais pas trop

Bien sûr, rien ne vous empêche de préparer une liste de consignes du genre "ne pas abuser du Nutella et de la télé" pour s'assurer que tout se passera bien. C'est même nécessaire de connaître les petits rituels de votre enfant pour qu’il ne panique pas la nuit (comment le rassurer avec de dormir, ne pas oublier le doudou transitionnel, ce genre de choses) ou encore le rythme sieste-biberon du bébé.

Mais attention à l'excès : "Trop de consignes rime avec trop de contrôle, trop d’anxiété. Il faut quand même laisser une latitude aux grands-parents qui seront moins dans le contrôle, plus dans le plaisir de l’instant et qui voient, dans cette nouvelle relation, une "deuxième chance de parentalité". Les grands-parents peuvent comprendre et accompagner l'enfant, sans pour autant forcément se placer comme les parents, ils seront dans une autorité plus laxiste mais non moins sereine."

La règle est simple : l'enfant ne sera pas inquiet si les parents ne sont pas inquiets
Nicolas Regnault, psychiatre

N’oubliez jamais qu'un enfant se comporte différemment avec ses grands-parents qu'avec ses parents, qu’il découvre un nouvel environnement et qu’effectivement il va s’autoriser quelques transgressions d'interdits, "précisément dans la surconsommation". 

Ne pas oublier non plus que l’enfant est suffisamment intelligent pour faire la distinction entre ces deux environnements. Quand il revient chez ses parents, l’enfant retrouve tous ses réflexes d’avant, sa chambre, ses jouets... "Les réflexes qu’il a pris chez ses grands-parents resteront chez ses grands-parents", nous assure le psychiatre. Vous voilà rassurés ?

Conseil de lecture : "Grands-parents, le maillon fort", de Béatrice Copper-Royer et Marie Guyot aux ed. Albin Michel


Romain LE VERN

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