L'Agence nationale de sécurité et du médicament a recueilli des témoignages de femmes ayant vu leur cycle perturbé après la vaccination contre le Covid-19.Parmi les symptômes, la plupart du temps "non graves" : saignements anormaux, retard et absence de règles.Le lien concret entre l'injection et les irrégularités reste toutefois encore à prouver.
Retard ou absence de règles, douleurs, saignements abondants... Depuis le coup d'envoi de la campagne vaccinale contre le Covid, des milliers de témoignages de femmes se plaignant de troubles menstruels survenus après leur vaccination ont déferlé sur les réseaux sociaux. Des effets scrutés par les centres de pharmacovigilance, dont l'analyse s'affine au fil des mois. Ces troubles existent, mais restent pour l'heure peu graves dans la majorité des cas, a indiqué dans un communiqué publié jeudi l'Agence nationale de sécurité et du médicament (ANSM), qui dresse un bilan de l'état actuel des connaissances sur le sujet.
Consultées, des associations de patients et des professionnels de santé ont repéré plusieurs irrégularités récurrentes, "entrainant parfois une répercussion sévère sur la qualité de vie" des patientes : des saignements plus longs que d'habitude pendant ou en dehors des règles, une absence de menstruations durant plusieurs mois (appelée aménorrhée), ainsi que des douleurs pelviennes ou abdominales fortes, liste le communiqué. Chez les femmes atteintes d'endométriose, les douleurs ont parfois été ravivées, "alors que la maladie était bien contrôlée jusqu’ici". Quant aux femmes ménopausées, certaines ont constaté des saignements anormaux. Sans pour autant que cela ne représente pour l'heure de sujet d'inquiétude.
Des effets souvent "non graves, de courte durée et spontanément résolutifs"
Parmi les associations sollicitées figurent notamment le collectif OùEstMonCycle, derrière le compte Instagram @vaccin-menstruel, qui relaie auprès de quelque 14.000 abonnés des dizaines de témoignages de perturbations du cycle menstruel suite à une injection, mais aussi Endomind et EndoFrance, mobilisées pour la lutte contre l'endométriose. Des organisations professionnelles ont également été consultées, comme la Fédération nationale des collèges de gynécologie médicale (FNCGM) et le Conseil national de l'Ordre des sages-femmes (CNOSF).
Ces professionnels ont relevé surtout des cas "non graves, de courte durée et spontanément résolutifs", autrement dit se résorbant tout seul. Dans de rares cas toutefois, certaines patientes ont dû subir, à cause de saignements trop longs et trop abondants, des hystérectomies, des ablations totales ou partielles de l'utérus.
De leur côté, les centres régionaux de pharmacovigilance (CRPV) ont jugé à partir de leurs études sur les sérums Pfizer et Moderna, tous deux à ARN messager, que la vaccination avait pu déclencher des effets indésirables sur les cycles menstruels, mais toujours "non graves" : saignements trop longs, parfois hors règles, retards et aménorrhées. Des troubles constatés "aussi bien après la première injection qu’après la deuxième ou la dose de rappel". Dans les cas d'endométriose, l'état des recherches actuelles ne permet pas d'estimer si la vaccination peut entraîner une aggravation des symptômes.
Quant au comité de pharmacovigilance de l'Agence européenne des médicaments (EMA), il a indiqué dans de premières conclusions rendues ce mois-ci que les preuves manquaient encore pour établir un lien entre les vaccins Pfizer et Moderna et la disparition des menstruations. L'effet reste toutefois sous sa surveillance, tout comme les saignements abondants, dont l'évaluation se poursuit. L'ANSM continue aussi ses recherches et le recueil de témoignages.
Derrière les troubles, maux de tête, fièvre et anxiété ?
Des études encore largement nécessaires, à l'heure où les professionnels de santé déplorent de manière générale le fait que les troubles menstruels soient difficiles à analyser, car "souvent peu documentés". Une zone d'ombre subsiste en particulier : comment ces effets surviennent concrètement suite à une injection. Les spécialistes envisagent plusieurs hypothèses, qui induisent un lien indirect entre la vaccination et des irrégularités dans le cycle.
Les effets secondaires tels que de la fièvre, des maux de tête ou des nausées pourraient "influer sur les hormones impliquées dans le cycle menstruel", comme c'est le cas lors de toute infection. L'anxiété liée par l'acte de vaccination lui-même ou le contexte de l'épidémie pourraient aussi avoir son rôle à jouer : "Stress et anxiété sont des facteurs connus de perturbation de l'axe hypothalamo-hypophyso-ovarien qui régule le bon déroulement du cycle menstruel", précise l'ANSM. Enfin, des facteurs propres à la patiente elle-même seraient aussi susceptibles d'avoir une incidence, comme une grossesse, un traitement contraceptif ou une maladie gynécologique.
Si vous pensez être concerné par des irrégularités dans votre cycle depuis la vaccination, et que ces troubles perdurent, l'ANSM recommande de consulter un médecin et de déclarer ces perturbations sur la plateforme du ministère de la Santé de signalement-social-sante.gouv.fr, ou auprès d'un professionnel de santé.
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