Ce dimanche 2 avril, les Parisiens sont invités à donner leur avis sur le futur des trottinettes en libre-service dans la ville.Depuis quelques semaines, les opérateurs mènent une campagne acharnée pour promouvoir leur usage, ce qui n’est pas du goût de la mairie.
"Pour ou contre les trottinettes en libre-service ?" Pour la première fois à Paris, les électeurs vont être consultés sur l’avenir des trottinettes électriques à disposition dans les rues de la ville. Ce dimanche 2 avril, 1,3 million de Parisiens sont appelés aux urnes pour se prononcer sur la présence de ces 15.000 engins dans la capitale.
Avant même sa tenue, le vote est critiqué par des groupes d’opposition pour son manque de clarté. Le fait que les procurations soient interdites et que le scrutin ne se tienne que dans les mairies d’arrondissements, le tout organisé un dimanche de marathon à Paris, fait grincer les dents de quelques élus municipaux. Comme Aurélien Véron, porte-parole du groupe Changer Paris, qui a parlé de "consultation pipeau", ou encore Pierre-Yves Bournazel, qui copréside le groupe Indépendants et Progressistes et qui a pointé "un manque de moyens" pour ce vote.
Des TikTokeurs et des stars de téléréalité
Le sujet est bel et bien politique, mais dépasse le Conseil de Paris. Car les trois opérateurs de trottinettes en libre-service, qui bénéficient de "titres d’occupation du domaine public", déplorent eux aussi le manque de visibilité du vote et craignent que son issue ne leur soit défavorable. "Nous constatons que beaucoup de 18-35 ans ne sont pas au courant de ce vote et des conséquences potentielles", selon une porte-parole de Lime, Dott et Tier à TF1info, après que des partenariats rémunérés passés avec des influenceurs sur TikTok ont été découverts par le journaliste Vincent Manilève… et que l’affaire a été reprise par les médias.
Vantant des aspects pratiques et écologiques, des stars de TikTok ont invité leur communauté parisienne à se déplacer le 2 avril, sans toujours afficher nettement la mention de "partenariat rémunéré". Un procédé également observé sur Instagram. Par exemple, dans une vidéo visible sur le compte officiel de Lime, "Bastoswithlove", un influenceur issu de la téléréalité, invite son million de followers à soutenir les trottinettes en votant le 2 avril. Contacté par TF1info, ce dernier n'a pas précisé les enjeux, ni le montant de ce partenariat.
Dernière annonce en date, la gratuité pour tous les utilisateurs dimanche 2 avril, jour de vote. Dans un communiqué, Lime, Dott et Tier soulignent qu’il s’agit ici "exactement la même offre que pour les dernières élections législatives, municipales et présidentielle en France, pour tous les électeurs, qu’ils soient POUR ou CONTRE". Seule condition : entrer un code "JEVOTE" dans chaque application pour en bénéficier. Ce n’est pas la première opération du genre pour Lime, qui était même allé jusqu’à offrir début mars quelques minutes d’utilisation contre une inscription sur les listes électorales, pour la future consultation. Des méthodes ressemblant à des "achats de vote" pour David Belliard, adjoint à la ville de Paris.
Sans nécessairement promettre de promotions, des rappels insistants ont en tout cas été observés par des usagers, comme le montre cette photo ci-dessous. Un moyen peu subtil de viser les jeunes et qu’assument ces opérateurs. "Ne laisse pas les boomers décider à ta place", ose une campagne de communication, diffusée en ligne.
Le vote sur les trottinettes est un coup de billard à trois bandes de la mairie pour pousser les jeunes à s’inscrire sur les listes électorales. Peut-être pas un coup intentionnel ;) pic.twitter.com/PMvo73VrED — Emmanuel (@EmmanuelSPV) February 27, 2023
En parallèle, la mairie de Paris espère pouvoir se servir de ce vote pour en finir avec les trottinettes jonchant les rues et promet déjà de s'engager envers "la réponse" obtenue. Certaine que leur exclusion "réduira les nuisances", Anne Hidalgo use également des moyens de communication à sa disposition pour inciter les électeurs à écourter l’aventure de ces engins en libre-service. Et les relations en coulisses ne sont pas bonnes. En septembre, la mairie de Paris avait menacé les trois opérateurs de ne pas renouveler leur licence d’exploitation, six mois avant leur terme, selon Le Courrier des Maires. En janvier, c’est par voie de presse que les opérateurs ont eu connaissance de l’organisation d’une grande consultation des Parisiens sur les trottinettes, raconte 20 Minutes.
L’exécutif, lui, n’a pas attendu l’avis des Parisiens pour prendre des mesures nationales et mieux encadrer l’utilisation des trottinettes. Il faudra bientôt avoir 14 ans, et non plus 12, pour monter sur une trottinette électrique et le montant des amendes infligées en cas de circulation à deux ou sur les voies interdites passera de 35 à 135 euros.
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