Mineurs et porno : les chiffres du fléau

par Maëlane LOAËC | Reportage TF1 Marine Brossard, Emilie Spertino
Publié le 7 février 2023 à 9h38

Source : JT 13h Semaine

Le gouvernement veut empêcher les mineurs d'accéder aux sites pornographiques, toujours peu regardants sur l'âge des internautes.
Il prévoit de mettre en place un dispositif de vérification de l'âge dès septembre.
Une majorité d'ados sont exposés à ces contenus aujourd'hui, une tendance inquiétante qui peut avoir des conséquences sur leur perception de la sexualité.

Sur le papier, aucun mineur ne pourrait entrer sur un site pornographique. Mais dans les faits, nombreux sont les sites à laisser les internautes accéder aux contenus, moyennant quelques clics, sans davantage de contrôle. Le gouvernement veut donc durcir le ton : à compter de septembre, les sites devront contrôler l'âge des internautes grâce à un dispositif sur lequel planche l'exécutif, a indiqué le ministre en charge du Numérique Jean-Noël Barrot, dans les colonnes du Parisien

"En 2023, c’est la fin de l’accès aux sites pornographiques pour nos enfants", a-t-il promis. Le chantier s'annonce ambitieux, puisque depuis plusieurs années, la consommation de contenus pornographiques s'accélère chez les plus jeunes, comme le montrent de nombreuses enquêtes. Des images pouvant traumatiser les enfants et adolescents, et avoir une influence négative sur leur rapport à la sexualité.

Un tiers des enfants de 12 ans déjà exposés

"Dès 12 ans, un tiers de nos enfants ont déjà été exposés aux sites pornos", s'est inquiété sur Twitter le ministre, s'indignant d'un "scandale". Un chiffre tiré d'un sondage réalisé par l'institution OpinionWay pour le quotidien 20Minutes, qui avait notamment interrogé des jeunes de 18 à 30 ans sur l'âge auquel ils ont pu consulter pour la première fois de la pornographie. Selon cette enquête, 31% des adolescents l'ont été avant ou lors de leurs 12 ans. Si l'on pousse le curseur jusqu'à 14 ans, ce sont un peu moins de deux tiers des jeunes qui sont concernés. Seuls 7% des répondants affirment avoir été exposés à ces contenus à partir de 18 ans, alors même que ces sites sont réservés aux majeurs d'après la loi. 

La majorité des mineurs ont déjà visionné ce type de contenu

Plus de huit mineurs sur dix ont déjà visionné un contenu pornographique. Selon cette même enquête, 82% des sondés ont déjà consulté ces images avant 18 ans, 7% à partir de la majorité, 8% disent ne plus se souvenir de ce moment et 3% affirment n'avoir jamais été exposés à ces contenus. Une expérience traumatisante pour une large part d'entre eux : la moitié des répondants reconnaissent avoir été choqués par ces images la première fois qu'ils les ont visionnées.

Des vidéos surtout consommées sur smartphone

Les enfants et adolescents utilisent surtout le smartphone pour visionner des vidéos pornographiques : c'est le cas pour 40% des garçons et 26% des filles, selon un sondage Ifop pour l'Observatoire de la Parentalité et de l'Éducation Numérique (Open), réalisé en 2017 auprès d'un millier d'adolescents âgés de 15 à 17 ans. Or, deux tiers des enfants de moins de 12 ans possèdent déjà ce type de téléphone, souligne la plateforme Jeprotegemonenfant.gouv.fr. En revanche, le premier visionnage d'une vidéo pornographique se déroule dans la majorité des cas (34%) sur un ordinateur portable. 

Près d'un jeune sur deux a déjà essayé de reproduire des pratiques

Quant au contenu lui-même des vidéos, les plus jeunes sont moins susceptibles que les adultes de pouvoir mettre à distance les images qu'ils visionnent, et mesurer l'écart entre ces mises en scène et la réalité de la sexualité. Ce sont 44% des jeunes ayant déjà eu un rapport sexuel qui affirment avoir déjà essayé de reproduire des pratiques vues dans ces séquences, d'après cette même étude. Par ailleurs, près d'un garçon sur deux et plus d'une fille sur trois estiment que la pornographie a joué un rôle dans leur apprentissage de la sexualité. Et plus d'un ado sur deux reconnaît lui-même qu'il a vu son premier film X "trop jeune".

Des parents inquiets mais pas toujours conscients du degré de consommation

Les parents ignorent souvent la consommation de porno que peuvent avoir leurs enfants. "Seulement 7% d’entre eux estiment que leurs enfants regardent de la pornographie au moins une fois par semaine", a signalé en 2021 dans un communiqué le ministère de la Santé. Mais d'après une enquête Médiamétrie de 2020, pour l'Open et l'association Unis pour les Familles (Unaf), ils semblent toutefois conscients que le numérique peut représenter un danger pour les plus jeunes : 79% des parents estiment que celui-ci expose les enfants à la pornographie.


Maëlane LOAËC | Reportage TF1 Marine Brossard, Emilie Spertino

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