Tous les lundis, Alain Finkielkraut livre un regard critique sur l'actualité de la semaine dans 24H Pujadas sur LCI. Au programme : le déchaînement de l'antisémitisme à l'occasion du concours Miss France.

Le parquet de Paris a ouvert une enquête ce lundi après les tweets antisémites dont a fait l'objet la Miss Provence le soir de l'élection de Miss France 2021. Lors de la cérémonie, April Benayoum a évoqué les origines israéliennes de son père. Ce qui a provoqué un déferlement d'insultes antisémites sur les réseaux sociaux. Depuis, les réactions se multiplient. Au-delà de l'indignation, quelle lecture de ces attaques ?

La mémoire de la persécution, de l'extermination des Juifs ne nous permet pas d'ouvrir les yeux sur ce qui arrive aujourd'hui. L'antisémitisme se répand, mais ce n'est pas un retour des vieux démons. Ce n'est pas une continuation ou une résurgence de l'antidreyfusisme. Au cœur de cet antisémitisme : Israël, un pays nazifié par ceux qui le haïssent. L'État hébreu est nazifié par un certain nombre d'enfants issus de l'immigration, un certain nombre de progressistes. C'est un antisémitisme qu'Alain Finkielkraut qualifie d'"islamoprogressiste", qui n'a rien avoir avec le fascisme, l'extrême droite, et à fortiori, le nazisme. On est en droit de critiquer l'occupation israélienne de la Cisjordanie, mais il n'y a qu'à voir la démographie palestinienne pour bien comprendre que c'est tout sauf un holocauste ou une extermination. C'est cet antisémitisme là qui s'est exprimé contre la pauvre Miss Provence quand elle a avoué que son père était Israélien. Cela démontre que le devoir de mémoire est totalement démuni parce qu'il attaque l'antisémitisme comme racisme. Cette haine des Juifs s'inscrit aujourd'hui dans un tout autre contexte, une toute autre réalité, qui est de plus en plus inquiétante.

Le philosophe et écrivain déplore le fait que la presse dite "vigilante" n'en a pas dit un mot le jour qui a suivi l'élection de Miss France. Il dénonce cette vigilance qui consiste à passer sous silence toutes les formes de racisme et d'antisémitisme qui ne répondent pas à l'idée qu'elle se fait de ces fléaux. C'est une forme de censure qui occupe un certain nombre de journaux et d'associations, comme la Ligue des droits de l'Homme, à temps plein. Si on avait pu imputer ces tweets vengeurs, haineux, à n'importe quel groupe identitaire, cela aurait fait les gros titres de la presse "vigilante". Alain Finkielkraut espère qu'à son tour, elle réagira et s'interrogera sur cette réalité qui s'installe aujourd'hui au cœur de notre pays.


La rédaction de TF1info

Sur le
même thème