Dans un monde en plein bouleversement, où les progrès technologiques cohabitent avec les changements naturels, les armées tentent d'anticiper les attaques de demain.Pour cela, l'état-major français a fait appel à une équipe de spécialistes de la fiction composée d'auteurs, dessinateurs et autres scénaristes.Immersion au sein de cette "Red Team Défense", maillon potentiellement clé de la défense du futur.
Mieux appréhender les menaces du monde de demain. Comment se préparer aux guerres futures ? Comment imaginer les pièges que les ennemis de demain pourraient tendre ? Comment adapter ses réflexes sur une planète secouée par des révolutions technologiques ? Autant de questions cruciales auxquelles la Red Team Défense a été chargée, depuis 2019, de répondre. Rien n'est interdit à ces écrivains, dessinateurs, romanciers et scénaristes, recrutés par l'état-major français, pour concevoir les guerres de demain. Leur imagination est, a priori, moins bridée que celle des experts militaires. C'est bien là tout l'intérêt pour l'armée : mieux anticiper les menaces de 2040, 2050, 2060 en croisant fiction et réalité.
Leur mission principale est d'empêcher l'armée de dormir la nuit
Cédric Denis-Remis
Encadrée par l'université Paris Sciences et Lettres, l'Agence de l'innovation de défense (AID), l'État-major des armées, la Direction générale de l'armement et la Direction générale des relations internationales et stratégiques, cette équipe de spécialistes a reçu une habilitation secret-défense. "Leur mission principale est d'empêcher l'armée de dormir la nuit. Cela veut dire aller les chercher dans des problématiques, dans des contextes qu'ils n'auraient pas imaginés", explique Cédric Denis-Remis, chercheur à l'université Paris Sciences et Lettres et responsable du programme Red Team.
"Notre mission n’est pas d’imaginer comment faire la guerre. Elle est d’imaginer comment se prémunir des dangers du futur, c’est tout à fait différent. [...] Nous sommes dans une hypothèse de réaction à une agression, à une situation difficile, pas en train d’imaginer des hypothèses offensives", note François Schuiten, un dessinateur de bandes dessinées, lors d'une interview à Bruxelles 2. Concrètement, la Red Team "a pour but d’imaginer les menaces pouvant directement mettre en danger la France et ses intérêts. Elle doit notamment permettre d’anticiper les aspects technologiques, économiques, sociétaux et environnementaux de l’avenir qui pourraient engendrer des potentiels de conflictualités à horizon 2030 - 2060", est-il précisé sur son site internet.
Deux scénarios par an
Le processus est désormais bien rodé. Chaque scénario s’écrit en six mois environ (soit deux scénarios par jour). Lors de la première année par exemple, les auteurs ont imaginé un monde dans lequel la fusée Ariane-Heavy doit décoller du centre spatial de Kourou (Guyane), un jour d'août 2042, pour mettre en orbite les premiers éléments d'un ascenseur spatial qui doit faciliter les missions vers la Lune et Mars. Seulement, un tir de la nation pirate - la P-Nation, un ensemble disparate de réfugiés climatiques et d'activistes de tout genre - pulvérise le lanceur. Or ladite P-Nation, qui a d'ailleurs donné son nom au scénario, s'est bâtie sur une multitude d'embarcations, très densément peuplées, rendant une intervention armée particulièrement difficile.
Dans un autre scénario, la Red Team imagine des hackers qui piratent des implants neuronaux avec lesquels les soldats manœuvreraient des navires à distance. Une agression qui déclencherait ni plus ni moins qu'une guerre en Méditerranée.
Cette année, les deux scénarios ont été nommés "Guerre écosystémique" et "Après la nuit carbonique".
S'immerger dans un réel qui n'existe pas
Emmanuel Chiva
Après avoir étoffé les idées par écrit, des croquis sont réalisés en appui. Puis, pour passer, encore un peu plus, le mur de la réalité, des films dignes de Hollywood sont créées. "Vous lisez un rapport, vous n'êtes pas dedans. Là, vous avez une idée assez précise de ce que vous pouvez vivre, de ce qui pourrait arriver en 2030, 2040, 2060. Cela permet de s'immerger dans un réel qui n'existe pas", se félicite Emmanuel Chiva, directeur de l'Agence de l'innovation de défense à l'origine du projet.
Des limites pour plus de réalisme
Si les histoires proposées par les artistes doivent s'extraire des cadres de pensée du moment, elles doivent aussi être suffisamment précises et tangibles pour être crédibles. "Ce n'est pas la peine de raconter aux militaires qu'il y aura des sous-marins volants en 2040. C'est absurde. On fait vraiment ce travail d'adéquation, aussi forte que possible, avec ce qui est vraisemblable. Cette notion est essentielle", affirme Romain Lucazeau, l'un des auteurs membres de la Red Team. À ce titre, une Blue Team - composée de militaires dont la mission est de ramener leurs homologues de la Red Team vers une réalité logistique et capacitaire - effectue un premier tri. "En tant qu'auteur de science-fiction, on ne se confronte jamais au réel, et ce travail était l'occasion de se frotter à ces limites-là", témoigne l'écrivain Laurent Genefort, dans une interview à Slate.
De par son fonctionnement, la Red Team a d'ores et déjà eu des résultats opérationnels. En atteste, par exemple, le lancement, en novembre 2021, du projet Myriade autour de la guerre cognitive. Celui-ci est chargé d'explorer les risques potentiels issus des multiples techniques de manipulation des opinions publiques.
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