Pour la première fois, la mère de Lucas témoigne.L’adolescent victime de brimades et de vexations s’est suicidé chez lui au début du mois."En colère" contre ses camarades à l'origine du harcèlement, elle a toutefois estimé qu'il ne s'agissait "que de gamins".
"Je suis désolée parce que je n'ai pas pu le sauver et que personne n'a pu le sauver". Pour son fils, Séverine a accepté de témoigner. Accompagnée de son avocate, la mère du jeune Lucas, adolescent victime d'insultes homophobes au collège et qui a mis fin à ses jours le 7 janvier dernier, a décidé de prendre la parole, une seule et unique fois. Une prise de parole remplie d'émotion pour alerter et sensibiliser sur les dangers du harcèlement scolaire.
Ne pas "nourrir la haine"
Car face au calvaire enduré par son fils, sa mère avait alerté l’établissement de Golbey, dans les Vosges, où il était scolarisé et les élèves concernés avaient été convoqués. Pour Séverine, le collège n’a pas su protéger son Lucas. "Il y a des choses qui n'ont pas été faites, donc oui ils auraient dû faire plus. C'est mon sentiment", explique-t-elle. Elle aurait souhaité que des mesures "disciplinaires" soient prises "bien plus tôt" contre les "harceleurs". Contacté par les équipes du 20H de TF1, pour le reportage en tête de cet article, l’établissement n’a pas souhaité répondre.
Quatre adolescents sont soupçonnés d’avoir harcelé Lucas, ils seront jugés devant un tribunal pour enfants dans les prochains mois, mais Séverine ne veut pas les accabler. Ils seront jugés "au printemps" et "à huis clos" devant un juge des enfants, a précisé l'avocate de la mère de Lucas, Me Faivre, qui a prévenu que sa cliente, soumise à une intense "pression" médiatique, ne s'exprimerait plus publiquement jusqu'à l'audience. Séverine a toutefois appelé à ne pas s'en prendre à eux, estimant que cela reviendrait "à nourrir la haine (...) La justice doit faire son travail".
"Ça reste des gamins", a-t-elle souligné. Mais "je suis quand même obligée de leur en vouloir, mon fils n'est plus là" parce qu'ils "ont été méchants avec lui", a-t-elle ajouté, la voix étranglée par l'émotion. Elle leur a malgré tout tendu la main, souhaitant que leur comparution devant la justice les fasse "réfléchir" et qu'ils "ne recommencent plus". Les peines encourues en pareils cas sont normalement de 10 ans de prison et 150.000 euros d'amende, mais les quatre auteurs bénéficient de "l'excuse de minorité" : les peines encourues sont ainsi divisées par deux, a précisé Me Faivre.
"Ça pourrait être bien qu'ils interviennent avec nous"
Désormais, Séverine souhaite faire de la lutte contre le harcèlement son combat. Pour elle, les insultes dont il a été victime ont été "l'élément déclencheur" de son suicide et elle souhaite raconter l’histoire de Lucas dans les écoles, pour qu’elle ne se reproduise plus jamais. "Quand on ira faire des interventions, qu'ils (les quatre adolescents, ndlr) viennent avec nous, ça pourrait être bien qu'ils interviennent avec nous", pour expliquer les conséquences de ce "qu'ils ont fait", a-t-elle encore estimé. "Si je pouvais aider les autres, avec leur ressenti à eux, ça serait une victoire de plus, un pas en avant pour faire réfléchir tout le monde", a ajouté Séverine.
Une marche blanche en hommage à Lucas se tiendra dimanche à Epinal, a-t-elle par ailleurs annoncé. "C'est notre manière de rendre hommage" à Lucas et de le "maintenir en vie", a-t-elle expliqué. La mort de l'adolescent, qui avait indiqué dans son journal intime sa volonté de mettre fin à ses jours, avait provoqué une vive émotion et déclenché de nombreuses réactions sur les réseaux sociaux. Pour l’instant, Séverine s’est mise en retrait de son activité professionnelle pour se consacrer à ses deux autres enfants.
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