VIDÉO - Pénurie de carburant : le cri d'alerte des agriculteurs

M.L | Reportage TF1 Guillaume Frixon et Patrick Delannes
Publié le 18 octobre 2022 à 10h03

Source : JT 20h Semaine

Les éleveurs et producteurs, qui consomment énormément de carburant, sont sur la liste des secteurs les plus touchés par la pénurie.
Certains ne peuvent plus travailler, d'autres prennent beaucoup de retard.
Le 20H de TF1 a recueilli des témoignages.

Dévisser le réservoir et y glisser la pompe, un geste anodin qui ne l'est plus du tout pour de nombreux agriculteurs, suite aux pénuries en cours dans près d'un tiers des stations-services françaises. Associé avec son frère et sa mère, Rémi Souche, producteur laitier à Cisternes-la-Forêt, dans le Puy-de-Dôme, possède plusieurs tracteurs sur son exploitation. Ce lundi, il reste dans sa cuve moins de 300 litres de carburant, soit l'équivalent de deux jours de travail intensif, avant de se retrouver à sec.

"Quand est-ce que l'on va retrouver une vie normale ?"

"Il y a trois ans, quand je me suis installé avec mon frère. On ne pensait pas vivre ça un jour. On s'attendait à avoir des épreuves difficiles, mais aujourd'hui, c'est vraiment compliqué", regrette le jeune homme dans le reportage du 20H de TF1 en tête d'article. Alors, dans cette famille d'agriculteurs, c'est l'urgence qui dicte le programme de la journée. La priorité est d'alimenter leurs 200 vaches, l'entretien de toute leur prairie attendra. 

"Forcément, on est toujours un peu anxieux. On fait attention au moindre tracteur qui tourne, et on fait des économies là où on peut", glisse son frère François Souche. Y parviennent-ils ? "Difficilement", répond-il pudiquement. Alors que le ravitaillement en carburant s'effectue aux compte-gouttes, les doutes, la colère et les questions s'accumulent, tandis qu'un mouvement de grève agite depuis plusieurs jours des sites de dépôts de carburants et des raffineries. "Comment on va faire demain, après-demain ? Quand est-ce que l'on va retrouver une vie normale ?", s'interroge, lasse, la mère de la fratrie, Christelle Souche. "Psychologiquement, faut s'accrocher." 

Et le fléau n'épargne aucune exploitation : "toutes les régions seront plus ou moins touchées", constatait auprès de TF1info Hervé Lapié, secrétaire général adjoint de la FNSEA, le principal syndicat des agriculteurs, dans cet article

"Avec la mécanisation, pas de carburant, pas de travail"

À 60 km de là, Frédéric Lauvergne, distributeur de carburants pour la société Lagarde Éco Énergie, constate au quotidien l'amertume des agriculteurs. Les livraisons de carburant sont rationnées par la pénurie bien sûr, mais aussi par le prix. "En trois semaines, le tarif a pris 50 centimes à peu près", explique-t-il. En d'autres termes, 500 euros de plus sur une livraison de 1000 litres. "D'habitude, les clients font entrer entre 2000 et 2500 litres. Mais maintenant, ils prennent 1000 litres par 1000 litres, en espérant toujours une petite baisse", poursuit-il.

Pour certains professionnels du secteur, le monde agricole est devenu dépendant aux carburants pour assurer la production. 

Dans sa ferme, Jean-François Guissez, agriculteur à Moureuille, est inquiet, sans perspective pour la suite, mais non sans une certaine désolation. "Maintenant, avec la mécanisation, pas de carburant, pas de travail. C'est aussi simple que ça", plante-t-il. "On subit, comme tout le monde." À l'instar des professionnels de santé, les agriculteurs souhaitent être considérés comme prioritaires pour être réapprovisionnés au plus vite, alors qu'une période de forte activité s'ouvre pour eux. 

D'autant que la profession a déjà été essorée par un été éprouvant, marqué par une sécheresse historique. "Tout retard pris aujourd'hui dans nos semis est irrémédiable et ne pourra pas être rattrapé plus tard. La saison des semis, c'est maintenant et dans un mois, ça sera trop tard", avertissait la semaine passée auprès de TF1info Christophe Hillairet, président de la chambre agricole d'Ile-de-France, région dans laquelle 20 à 25% des exploitations seraient complètement paralysées, faute de carburants.


M.L | Reportage TF1 Guillaume Frixon et Patrick Delannes

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