CGT attaquée, policiers blessés : pourquoi les casseurs s'en prennent au 1er-Mai ?

par Fanny ROCHER Fanny Rocher
Publié le 2 mai 2021 à 8h20, mis à jour le 2 mai 2021 à 14h23

Source : TF1 Info

DÉCRYPTAGE - À Paris ce samedi, des heurts ont éclaté entre les forces de l'ordre et des individus apparentés aux "Black Blocs". Des casseurs qui s'en sont aussi directement pris à des camions et des militants de la CGT. Un défi pour les autorités comme pour les syndicats.

Ils s’étaient donné rendez-vous sur les réseaux sociaux depuis plusieurs jours. À Paris et plusieurs villes de France, le traditionnel cortège du 1er-Mai a été perturbé ce samedi par des individus apparentés au mouvement des "Black blocs". À Lyon, où 3000 personnes ont défilé, selon la préfecture, un bref affrontement a ainsi éclaté entre un petit groupe et des policiers, l'un d'eux ayant été violemment projeté au sol. 

Dans la capitale, c'est la CGT, l’un syndicats organisateurs de la mobilisation, qui a été directement visée, l'un de ses véhicules ayant été dégradé et tagué avec l’inscription "CGT Collabo", tandis que 21 de ses membres ont été blessés, dont quatre gravement. "Il y a eu des erreurs graves dans la gestion de cette manifestation [...] C'est scandaleux que nos camions et nos militants aient été caillassés", a dénoncé le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez sur LCI dans la soirée, à l'issue du défilé qui a réuni entre 17.000 et 25.000 personnes à Paris. 

Une enquête pour "violences volontaires" et "dégradations" a été ouverte, a indiqué le parquet de Paris dimanche.

Aujourd'hui, il faut dire que ce sont les Black blocs qui ont gagné cette bataille de communication
Patrick Martin-Génier, politologue.

Pour Benjamin Amar, porte-parole du syndicat dans le Val-de-Marne, les violences des "Black blocs" étaient "prévisibles". "Si vous étiez là depuis 13h, vous avez vu arriver un certain nombre de personnes facilement identifiables, tout de noir vêtus qui sont passés devant tout le monde, y compris devant les policiers", a-t-il expliqué au micro de TF1. 

Depuis plusieurs années, les "Black blocs" - un mouvement apparu à Berlin Ouest dans les années 1980 - perturbent les cortèges syndicaux, dégradent certaines façades appartenant souvent à des agences bancaires et s’en prennent aux forces de l’ordre, notamment à l’occasion du 1er-Mai. En 2019, Philippe Martinez, avait même dû être évacué du défilé, déjà émaillé de violences. 

"Quelques centaines" de fauteurs de troubles

"Fut un temps, les syndicalistes avaient des responsables des services d'ordre avec des gens qui étaient là pour garder et, aujourd'hui, manifestement, les casseurs échappent à ce service d'ordre, qui n'a plus la capacité de tout maîtriser. Il faut dire que ce sont aujourd'hui les "Black blocs" qui ont gagné cette bataille de communication", analyse Patrick Martin-Génier, politologue. 

Un défi pour les forces de l’ordre, qui tentent de contenir les casseurs. "Il y a naturellement en amont, un travail considérable qui est effectué par les forces de renseignement, et le jour J, on empêche certaines personnes d’accéder à la zone. Quand elles y sont, le travail est de les identifier, tout en essayant de maintenir le calme", explique Pascal Bitot-Panelli, expert en sécurité. 

Pourquoi les "Black Blocs" échappent-ils à la police ?Source : JT 20h WE

Ce samedi à Paris, les fauteurs de troubles étaient estimés à "quelques centaines", tandis que 5000 policiers et gendarmes étaient mobilisés, d’après une source policière, citée par l’AFP. Selon le ministère de l’Intérieur, 56 personnes ont été interpellées en France, dont 46 à Paris et six policiers ont été blessés, dont trois dans la capitale. Par ailleurs, quatorze personnes ont été placées en garde à vue, a indiqué le parquet.

Sur Europe 1, la ministre du Travail Elisabeth Borne a condamné "très fermement" les perturbations ayant émaillé certains défilés, jugeant "scandaleux que ces casseurs, les 'Blacks blocs', aient voulu voler ce moment aux organisations syndicales".


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