CLASH - Après les Unes de Charlie Hebdo sur l'affaire Ramadan puis sur Mediapart et son fondateur Edwy Plenel, la querelle entre les deux médias s'est réveillée ces deux dernières semaines. Si ce désaccord ne date pas d'hier, il oppose toujours deux visions de la laïcité.
Pas un jour ou presque ne passe sans un nouveau soubresaut du "clash" qui oppose des membres de la rédaction de Charlie Hebdo à des journalistes de Mediapart, ainsi que leurs soutiens respectifs. Dernier épisode en date : Manuel Valls, qui a affirmé, mercredi 14 novembre sur BFMTV, à propos de Mediapart et de son directeur Edwy Plenel : "Je veux qu'ils reculent, je veux qu'ils rendent gorge, je veux qu'ils soient écartés du débat public".
La Une sur l'affaire Tariq Ramadan comme point de départ
Ce dernier épisode du clash "Mediapart-Charlie" trouve son origine dans les accusations de viol visant l'islamologue Tariq Ramadan. Une première couverture de Charlie Hebdo sur le sujet caricature un Tariq Ramadan priapique affirmant être "le sixième pillier de l'islam". L'hebdomadaire satirique reçoit par la suite des menaces de mort, et le soutien de nombreux médias.
L'affaire aurait pu s'arrêter là, mais plusieurs voix, notamment Manuel Valls, l'essayiste Caroline Fourest, des personnalités du "Printemps Républicain" et l'hebdomadaire Marianne, prennent position pour dénoncer les "complices" de Tariq Ramadan, dont fait partie, selon eux, Edwy Plenel. Le journaliste serait coupable, à leur sens, d'avoir légitimité l'islamologue en débattant avec lui, niant par la même occasion le travail d'enquête à charge entrepris par le site contre ce dernier.
C'est la deuxième couverture de Charlie Hebdo, montrant Edwy Plenel se cachant les yeux, les oreilles et la bouche, avec le titre "Affaire Ramadan, Mediapart révèle : on ne savait pas", qui fait entrer la polémique dans une nouvelle dimension. Une première réponse de Plenel, évoquant une "guerre" contre les musulmans, entraîne une nouvelle réponse de Riss, directeur de Charlie Hebdo, qui écrit dans un éditorial que Plenel les a "condamnés à mort une deuxième fois".
Soutien absolu à Charlie quand ils sont menacés ; les combattre avec les mots, les idées et les faits face à une Une (demain) aussi abjecte. pic.twitter.com/gml9uj9guJ — Fabrice Arfi (@fabricearfi) 7 novembre 2017
Derrière la polémique, deux visions de la laïcité et de la liberté d'expression
Sur les principes fondamentaux, tout le monde semble d'accord : toutes les discriminations sont inacceptables, la liberté d'expression ne se discute pas, et la laïcité doit permettre aux croyants et non-croyants de vivre ensemble. Pourtant, chaque camp défend des priorités différentes, et derrière ces priorités, deux conceptions de la laïcité et de la liberté d'expression se livrent bataille.
D'un côté, Edwy Plenel, d'autres journalistes de Mediapart, du Bondy Blog, ainsi que des militants anti-racistes ou des personnalités de gauche, entre autres, estiment que le fait de caricaturer l'islam, même si c'est un droit, revient à jeter l'opprobre sur tous les musulmans et occulte les discriminations dont ils sont victimes.
. @edwyplenel sur @franceinfo #CharlieHebdo : "M. Valls et d'autres trouvent n'importe quel prétexte, n'importe quelle calomnie pour en revenir à leur obsession: la guerre aux musulmans, la diabolisation de tout ce qui concerne l'islam et les musulmans" (3/3) — Taimaz Szirniks (@taimaz) 14 novembre 2017
De l'autre côté, des journalistes de Charlie Hebdo, de Marianne, des personnalités issu du mouvement de gauche laïque du Printemps Républicain, Manuel Valls, Caroline Fourest vont mettre l'accent sur les menaces physiques dont fait l'objet Charlie Hebdo, et sur le danger que représente l'islamisme, tout en affirmant que l'islam n'est pas l'islamisme.
Merci #Riss . Votre édito dans @Charlie_Hebdo_ est magnifique. Grave et juste, il est une réponse aux propos impardonnables de @edwyplenel . pic.twitter.com/E61CtTzu0w — Manuel Valls (@manuelvalls) 14 novembre 2017
En bref, les deux camps s'accusent d'un côté de détourner le regard d'un problème fondamental (l'islamisme ou l'islamophobie) et de l'autre de faire le jeu de ceux qui représentent un véritable danger. Au milieu, de nombreuses personnalités de gauche déplorent de voir leur camp se déchire sur cette question alors que, pendant ce temps-là, les "causes communes" risquent de passer à la trappe : la défense des droits des femmes, la sauvegarde de la planète, la lutte contre les paradis fiscaux et contre la pauvreté.
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