Les hommes prennent conscience que la responsabilité de la contraception leur incombe aussi.Quelques milliers en France choisissent de franchir le pas de la vasectomie.Plusieurs d'entre eux ont témoigné auprès de TF1.
À l'occasion de la journée mondiale de la vasectomie, comme chaque année en novembre, TF1 a voulu rencontrer ceux qui militent activement pour la contraception masculine. Le reportage du 20h, que l'on peut voir en tête d'article, commence par un atelier insolite. Pour nombre de participants, c'est une première : des hommes apprennent à coudre pour fabriquer leur propre méthode de contraception : un slip chauffant. Remontés grâce à une sangle, les testicules voient leur température augmenter de deux degrés au contact de la chaleur du corps, ce qui bloque la production de spermatozoïdes. Un dispositif inventé par un urologue toulousain il y a 40 ans, et qui reste confortable selon ses adeptes.
"À vrai dire, je trouve ça bien plus simple de me contracepter que de porter mes lunettes", assure dans l'enquête du 20H de TF1 en tête de cet article Erwan Taverne, cofondateur de l'association GARCON (Groupe d'Action et de Recherche pour la Contraception). Depuis cinq ans, il porte ce sous-vêtement quinze heures par jour et c'est devenu pour lui un automatisme : "Je l'enfile quand je me lève et je l'enlève quand je me couche". Chaque semaine, ce professeur de physique-chimie organise ces ateliers, pour des participants majoritairement âgés de 25 à 40 ans.
Tous refusent que la charge de la contraception repose uniquement sur leur compagne. "J'ai espoir qu'elle puisse être un peu plus tranquille, que l'on partage la chose", confie l'un d'eux. "On fait partie des précurseurs. J'ai plein d'amis qui pourraient être intéressés par la méthode mais qui ne sont pas forcément au courant. Voir que je la suis, que ça se passe bien, permettra peut-être de les motiver aussi à le faire."
Le slip chauffant, une méthode encore non reconnue faute d'essais cliniques
Mais ce moyen de contraception est encore expérimental. Les hommes qui le portent doivent être suivis par un médecin, comme le docteur Boris Delaunay, urologue et andrologue au CHU de Toulouse, qui accompagne des dizaines d'entre eux, pour vérifier qu'il n'y a pas de contre-indications et que la méthode fonctionne. "Si ces dispositifs sont utilisés une quinzaine d'heures par jour, cela augmente la température locale de façon suffisamment prolongée pour obtenir normalement une vraie diminution de la spermatogénèse", explique-t-il.
Après avoir utilisé cette contraception thermique pendant trois mois, les hommes doivent toutefois "refaire un spermogramme de contrôle, pour s'assurer que l'on soit à moins d'un million de spermatozoïdes par millilitre", seul taux pour assurer l'effet contraceptif, poursuit le spécialiste. Près de 10.000 hommes utiliseraient cette méthode aujourd'hui, un chiffre à la hausse, mais elle reste encore illégale : non reconnue par l'OMS et le ministre de la Santé, les médecins n'ont pas le droit de la prescrire. Sa vente, bien que possible sur internet, est en principe interdite et sa fabrication, n'ayant jamais fait l'objet d'essais cliniques, demeure artisanale.
"Un essai clinique avec une centaine d'hommes, surveillée par une équipe compétente dans un CHU coûte entre 500.000 et un million d'euros", explique Pierre Colin, cofondateur de l'Ardecom (Association pour la Recherche et le Développement de la Contraception Masculine) qui milite pour l'autorisation de cette méthode depuis 40 ans. "Après cela, le slip pourrait être mis en vente dans le commerce. Mais si l'équipe existe, il manque les fonds", déplore-t-il.
La vasectomie, une méthode définitive dont les opérations explosent
En attendant, il existe une méthode hormonale depuis quarante ans en France, sous la forme d'une injection hebdomadaire d'énanthate de testostérone dans les muscles, mais elle reste très peu prescrite, rapporte franceinfo. De plus en plus d'hommes se tournent en revanche la vasectomie, également reconnue.
"Rien ne change au niveau de l'érection, de l'orgasme et de la libido", assure le Dr Boris Delaunay. Cette opération permet seulement de sectionner le canal déférent, qui achemine les spermatozoïdes, mais elle doit être ainsi considérée comme définitive. "Il existe des interventions qui permettent de réparer une vasectomie, mais les taux de grossesse ensuite sont quand même très faibles", met-il en garde. "Il faut vraiment partir dans l'idée que si vous le faites, jamais vous n'aurez d'enfants." Un délai légal de réflexion de quatre mois est obligatoire avant l'opération.
"Je suis sûr de moi", confie un patient, Thierry, qui s'apprête quant à lui à passer sur le billard. "Avec mon épouse, on a 44 ans, on a déjà eu un enfant et on sait qu'on n'en veut pas d'autre. C'est la solution la plus simple." Réalisée sous anesthésie locale, la vasectomie ne dure qu'une quinzaine de minutes. En dix ans, ces opérations ont augmenté de 600% en France, passant de 2000 à 13.000 chaque année actuellement. Mais cela ne représente toujours qu'à peine 1% des hommes, contre 20% au Royaume-Uni par exemple.
Comment expliquer ce décalage avec nos voisins ? "Jusqu'en 2001, la vasectomie était interdite en France, car considérée comme une mutilation", explique Dr Boris Delaunay. "Le Français n'a pas encore la mentalité de s'orienter vers ce type de prise en charge pour la contraception." Mais ces comportements évoluent. Le spécialiste et son équipe ont déjà formé près d'une centaine de médecins à la contraception masculine, une des clés selon lui pour que le sujet ne repose plus uniquement sur les femmes.
Par ailleurs, le remboursement de la contraception masculine par l'État, sur le modèle de la gratuité de certains contraceptifs élargie aux femmes jusqu'à 25 ans depuis le 1er janvier, reste encore limité : pour l'heure, seules deux marques de préservatifs masculins, EDEN et Sortez Couverts!, sont remboursés à hauteur de 60% par l'Assurance Maladie. Mais en adoptant la loi sur la contraception féminine en octobre dernier, les députés ont prévu un rapport du gouvernement au Parlement sur les moyens à mettre en œuvre pour développer également les méthodes destinées aux hommes.
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