"Convoi de la liberté" : ce mouvement français inspiré des camionneurs canadiens

"Convoi de la liberté" en France, un risque pour le gouvernement ?

C.A.
Publié le 9 février 2022 à 16h45, mis à jour le 9 février 2022 à 17h13
JT Perso

Source : JT 13h Semaine

Le mouvement des "convois de la liberté" essaime à travers le monde, et notamment en France.
Interrogé sur le sujet ce mercredi, Gabriel Attal s'est montré compréhensif, mais peu inquiet.
Pour autant, marqué par la crise des "gilets jaunes", le gouvernement se tient sur ses gardes.

Ils sont des milliers à vouloir "rouler sur Paris" samedi. Prenant exemple sur la mobilisation des routiers canadiens qui bloquent le centre de la capitale Ottawa, de nombreux opposants au pass vaccinal ont bâti une action citoyenne baptisée "convois de la liberté". La page qui lui est consacrée est suivie par plus de 275.000 personnes.

Contrairement au Canada, cette mobilisation n'émane pas des chauffeurs routiers. Elle s'inscrit dans la lignée des "gilets jaunes", qui, avant la pandémie, dénonçaient la précarité et exprimaient le sentiment de ras-le-bol d'une partie de la population face au coût de la vie. Dans leur viseur encore une fois : la politique du président Emmanuel Macron avec l'occupation de la voie publique comme mode d'action.

Interrogé sur le sujet ce mercredi  à l'issue du Conseil des ministres, le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, a balayé toute inquiétude du gouvernement et s'est montré compréhensif. Selon lui, l'exécutif est "lucide, parfaitement conscient, qu'il y a une lassitude vis-à-vis de cette épidémie et des mesures qui continuent à s'appliquer"

La compréhension du gouvernement

"Il y a plus que quelques centaines de milliers de personnes qui en ont marre de vivre avec ce virus et, en France comme partout dans le monde, des mouvements politiques, souvent radicaux, ont cherché à capitaliser sur cette lassitude", a déclaré Gabriel Attal.

Mais "la France est probablement l'un des pays d'Europe qui a pris le moins de mesures contraignantes, qui entravent la liberté de ses concitoyens", selon le porte-parole. "Nous avons fait ce choix de limiter au maximum les mesures de restriction grâce notamment aux (...) pass sanitaire hier, au pass vaccinal aujourd'hui", a-t-il ajouté, en assurant que ces mesures seront levées "dès lors que la situation s'améliore(ra)".

"Convois de la liberté" : le gouvernement "lucide, parfaitement conscient, qu'il y a une lassitude", assure Gabriel AttalSource : TF1 Info

Si le porte-parole a tenté de minimiser la portée de ce mouvement, le gouvernement n'en reste pas moins marqué par la crise des "gilets jaunes". Les "convois de la liberté" sont ainsi scrutés de près par les renseignements français. Dans une note consultée par TF1/LCI, ils dépeignent une mobilisation au succès pour le moment limité, qui semble pour le moment trouver davantage écho en ligne que sur le terrain. "Profitant de la médiatisation de l'opération canadienne, les projets français connaissent un succès qui reste virtuel à ce stade", écrivent les auteurs du rapport, qui fait mention d'un sondage mené sur le compte Telegram "Le Grand Réveil". Sur plus de 13.200 participants, 69% ont indiqué soutenir ce mouvement, mais seuls 4% ont dit leur intention d'y participer.

Une mobilisation sans tête

Autre point rassurant pour les renseignements : le caractère désorganisé de la mobilisation, à laquelle aucune organisation syndicale ne s'intéresse pour le moment. "Seuls quelques routiers s'y associent à titre individuel, davantage pour dénoncer le prix du carburant à la hausse des péages que la politique sanitaire", font remarquer les services de renseignement, qui précisent qu'aucune consigne n'a non plus "été relayée dans le monde agricole".

En l'absence de ces organisations syndicales, le mouvement est "loin d'être solidement structuré", décrit la note. Ainsi, quand certains soutiens veulent un blocage complet qui implique des "ruptures d'approvisionnement en carburant et nourriture"  et des affrontements avec les forces de l'ordre, d'autres souhaitent que le mouvement reste pacifique.

Les extrêmes pour le moment peu engagés

D'après leurs observations, le mouvement n'inquiète pour l'heure pas non plus par sa radicalité. Selon les auteurs de la note, "la mouvance d'ultra gauche dans son ensemble n'appelle ni ne relaie aucun message relatif à l'organisation d'un 'Convoi de la Liberté' les 12 et 14 février prochains". Seul le groupe "Bloc Lorrain", composé de "'gilets jaunes' radicalisés du Grand-Est", relaie depuis le début du mois de février "des messages de soutien relatifs à l'organisation de cet événement sans toutefois mentionner de participation".

Du côté de l'ultradroite, le mouvement "n'est pas massivement relayé" non plus, indiquent les renseignements territoriaux, faisant uniquement mention du groupe catholique intégriste "Civitas" qui appelle ses fidèles à se mobiliser.

Les candidats à la présidentielle des deux bords s'y sont cependant intéressés. La candidate du RN, Marine Le Pen, a dit mercredi "comprendre" ce mouvement, tandis que le numéro 2 de La France insoumise Adrien Quatennens a "encouragé" "les Insoumis qui souhaitent à y aller"

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Malgré le profil balbutiant de cette mobilisation, les renseignements territoriaux assurent rester sur leurs gardes. "Ce mouvement de contestation sera néanmoins suivi avec attention par le service, tant sur les réseaux que sur les canaux plus confidentiels, afin d'anticiper au mieux les projets d'action", écrivent-ils.


C.A.

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