"Je suis prêt à mourir sur le trottoir" : un patron d'auto-école en grève de la faim pour être reconnu comme "essentiel"

par Léa LUCAS
Publié le 17 novembre 2020 à 14h09, mis à jour le 17 novembre 2020 à 14h39

Source : TF1 Info

CORONAVIRUS - Patrice Reynaud, patron d'une auto-école de Gironde, est en grève de la faim depuis une semaine afin que son centre de formation soit considéré comme "essentiel". Il espère être entendu par le gouvernement, reprendre le travail et sauver son entreprise.

"Tant que nous ne serons pas reconnus comme essentiels, je ne mangerai plus". Depuis une semaine, Patrice Reynaud, à la tête de l'entreprise "Reynaud école de conduite", qui compte cinq salariés, est en grève de la faim. "Je suis prêt à mourir sur le trottoir si il le faut", assure le patron de 60 ans à LCI. "Cette notion d'activités 'essentiellles' et 'non-essentielles' m'a heurté. Nous ne sommes peut-être pas essentiels, mais pourtant indispensables pour que les individus puissent se déplacer", insiste-t-il.

Il y a six mois pourtant, lors du déconfinement, la profession s'était soumise au protocole sanitaire renforcé avec port du masque, gants jetables, et désinfection des voitures après le passage de chaque conducteur. Un investissement qui a coûté presque 4.000 euros à Patrice Reynaud. Mais cela n'a pas empêché la nouvelle fermeture de son établissement le 30 octobre dernier. Il ne s'estime cependant "pas dangereux." "Aucun cas de Covid n'a été recensé dans les voitures", martèle le chef d'entreprise. 

Une décision d'autant plus "incohérente", souligne-t-il, lorsque l'on sait que les examens pour obtenir le permis de conduire sont, eux, maintenus lors de ce nouveau confinement. "On peut présenter nos élèves, mais on ne peut pas les former", s'insurge celui qui a 80 dossiers sur les bras. Certains élèves en ont impérativement besoin pour trouver du travail. Vendredi dernier, le moniteur a tenté de braver cette interdiction. Arrêté avec un élève par les gendarmes sur les boulevards de Sainte-Foy-la-Grande, il n'a pas été verbalisé mais les forces de l'ordre lui ont demandé de respecter les restrictions imposées. 

Je suis diabétique alors je peux vous dire qu'en 15 jours, c'est plié !
Patrice Reynaud

Il a alors décidé de poursuivre son combat autrement. Posté depuis mardi 10 novembre sur sa chaise devant la façade de son magasin, il y a inscrit : "En grève de la faim-fin".  Un double message adressé au gouvernement. Sur la santé financière de sa société en péril, d'abord : depuis le printemps, il en est déjà à 50.000 euros de découvert à la banque. "Pas plus tard que ce matin, j'ai dû contracter un nouveau prêt de 40.000 euros avec 2,5% d'intérêts." "On va finir par saisir ma maison", s'inquiète-t-il. Après trente années de travail, je vais me retrouver comme au début de ma carrière, sans rien." Sur sa santé personnelle en danger, ensuite. "Je suis diabétique alors je peux vous dire qu'en 15 jours, c'est plié", lance-t-il.

Samedi dernier, il a reçu la visite de plusieurs élus locaux, dont le maire de sa ville. Le député girondin Florent Boudié, qui le connaît bien, est aussi allé à sa rencontre. "De mes échanges avec Patrice Reynaud, que je connais personnellement de longue date, je retiens l'alerte lancée sur l'extrême fragilisation de notre tissu économique de proximité, associée à la très grande incertitude des conditions de la sortie de la crise sanitaire", relate dans un communiqué le député, qui a saisi le Premier ministre Jean Castex et le ministre de l'Economie Bruno Le Maire afin d'alerter sur la situation des écoles de conduite. 


Léa LUCAS

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