Covid-19 : le défi de la vaccination

Vaccination : ces centres qui, faute de doses, tournent au ralenti

Léa LUCAS avec François-Xavier Ménage et David Pires
Publié le 2 avril 2021 à 17h55, mis à jour le 2 avril 2021 à 18h02
JT Perso

Source : JT 13h Semaine

PÉNURIE - Si le gouvernement martèle que la campagne de vaccination s'accélère sur l'ensemble du territoire, de nombreux centres peinent à fonctionner à plein régime, faute de doses de vaccin suffisantes.

Trois mois. C'est la durée pendant laquelle les 15.000 habitants de Château-Thierry (Aisne) ont dû prendre leur mal en patience avant de pouvoir se faire vacciner. Dès que le gymnase de la ville a reçu le feu vert des autorités locales, il s'est métamorphosé en centre de vaccination. Cabanes en bois, plantes vertes, musique relaxante... Tout a été fait pour mettre les patients à l'aise afin de leur faire oublier le contexte potentiellement anxiogène. "Vivement que tout le monde soit vacciné et qu'on ne parle plus de cette vilaine affaire", lance un homme dans le reportage en tête d'article, venu avec son épouse.

Là où le bât blesse, c'est que ce centre de vaccination ne peut pas fonctionner à plein régime. Depuis son ouverture, les livraisons de vaccins arrivent au compte-goutte. "Si on avait suffisamment de doses, on pourrait facilement tripler, voire quadrupler le nombre de patients à la journée", explique une infirmière qui ne peut vacciner que 162 personnes. Et le maire ne peut hélas rien pour eux, manquant de visibilité quant aux quantités de vaccins acheminées vers sa commune. "Quand on demande des prévisions - et ça fait maintenant deux mois et demi qu'on en demande -, on nous répond 'on va vous les donner'. Or, à ce jour, on ne les a toujours pas", regrette Sébastien Eugène. "On sait qu'au niveau national des millions de doses doivent arriver, mais au niveau local, on est incapable de me donner un chiffre approximatif de doses qui pourraient être livrées." 

Peu de vaccins, beaucoup de vaccinodromes

Quarante kilomètres plus loin, le centre de vaccination de Meaux (Seine-et-Marne) est confronté au même problème avec seulement 150 doses réceptionnées. Mauvaise surprise pour cette salle des fêtes qui s'attendait au double. "Nous allons avoir la suite de la livraison, on en a commandé 364", dit l'une des organisatrices, en recomptant les petites fioles qui viennent d'arriver dans une glacière. Cette quantité de vaccins devrait leur permettre de "tenir deux jours", précise-t-elle. 

Pourtant, alors que les doses se font rares dans cette commune, un autre vaccinodrome pourrait ouvrir ses portes à une vingtaine de kilomètres. Un paradoxe qui agace le Professeur du centre Christian Allard, sollicité dans le sujet. "On ne peut pas fonctionner à moitié, ce n'est pas pensable. Sinon il va y avoir un problème de crédibilité vis-à-vis du public", souligne l'ancien chef de service en cancérologie et actuel maire adjoint de Meaux qui a adressé une lettre au Préfet pour l'alerter de l'incohérence de la situation. 

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Afin d'alléger la facture de la commune - les vaccinodromes étant onéreux -, le centre de Meaux compte sur la solidarité d'une centaine de bénévoles. Restaurateurs, salariés chez Disneyland Paris... la plupart d'entre eux ont vu leur emploi suspendu en raison de la crise sanitaire ; d'autres sont de jeunes retraités. "Dans le secteur de la restauration, il n'y a pas de bout du tunnel", s'est résigné un jeune homme au chômage depuis un an. "Donc il faut bien trouver autre chose, même bénévolement. Au moins, ça occupe mes journées", dit-il. Ces derniers devraient prêter main forte au centre de la région Parisienne jusqu'à fin 2021.


Léa LUCAS avec François-Xavier Ménage et David Pires

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