VIDÉO - "C'est horrible pour les gamins" : à Paris, le quartier Stalingrad toujours en proie au fléau du crack

V.F
Publié le 23 septembre 2021 à 23h06

Source : TF1 Info

TÉMOIGNAGE - Alors que les toxicomanes ont été chassés mi-juin des jardins d'Éole, dans le quartier de Stalingrad, à Paris, le JT de 20H est retourné sur place pour voir notamment si les familles ont pu reprendre possession des lieux.

Les riverains du quartier des jardins d'Éole, à Paris, ont-ils retrouvé un semblant de vie normale après l'évacuation des toxicomanes en juin dernier ? Rien n'est moins sûr. Aux abords de Montmartre, jusqu'à 300 consommateurs de crack sont toujours présents en pleine rue, comme a pu le constater le JT de 20H qui est retourné sur les lieux. 

Comme on peut le voir dans le reportage en tête de cet article, certains discutent au milieu de campements de fortune, d'autres sont allongés sur le trottoir une fois consommé ce mélange très addictif de cocaïne et d'ammoniac, acheté aux dealers postés quelques mètres plus loin. Et bien souvent, les forces de l'ordre sont absentes. 

De toute façon, en cas de contrôles, les utilisateurs connaissent la parade : il dissimule, par exemple sous la langue, cette drogue recouverte d'un film plastique. Son prix, lui, est très attractif : "La galette de crack vaut dix euros maintenant. C'était encore à 15 euros, il y a un an, un an et demi", affirme un consommateur. Les pouvoirs publics n'arrivent pas à stopper sa progression. 

Des riverains excédés

Certes, dans les jardins d'Éole, point de fixation des consommateurs de crack à Paris, ils n'ont plus le droit de rentrer depuis la mi-juin et les familles ont pu reprendre possession des lieux. Tandis qu'à l'entrée, c'est désormais filtrage obligatoire par des policiers. Mais cela n'a guère découragé les plus accros qui se sont déportés dans les rues adjacentes. 

Dans ce quartier où il y a 22 écoles dans un rayon de 200 mètres, les problèmes se multiplient et les riverains se disent excédés par l'immobilisme des pouvoirs publics. "Quand vous imaginez que, devant les crèches, il y a des gens qui se piquent ou fument une pipe de crack, c'est horrible pour les gamins. Ils voient ça tous les jours et posent des questions à leurs parents. C’est du grand n'importe quoi", fulmine Régine, porte-parole de l'association de riverains "Renaissance des jardins d'Éole".

Le problème, c'est que c'est un circuit sans fin. On s'enfonce tous un par un.
Un accro au crack

Des toxicomanes sont également postés à l'entrée des parkings et dans les cours intérieures. Ali El Omary, interrogé par l'AFP à l'angle des rues Riquet et d'Aubervilliers (nord-est), se désole de la situation "pire qu'avant" l'évacuation en juin. Jusqu'alors, les toxicomanes "étaient dans un espace délimité, entre eux, et moins nombreux", souligne le père de famille, qui habite le quartier depuis cinq ans.

Le tableau dégoûte une jeune femme, qui consomme tous les jours ; elle s'estime laissée pour compte. "Je n'ai rien. Je suis pire qu'un chien. C'est l'humiliation", dit-elle. Un peu plus loin, un autre toxicomane, âgé d'une trentaine d'années et accro au crack depuis l'adolescence, aimerait une prise en charge médicale. "Aujourd'hui on n'a pas le choix, on est obligé de s'anesthésier l'esprit d'une manière ou d'une autre. Mais malheureusement, ce n’est pas pour rien qu'on appelle ça la coke du pauvre. Le problème, c'est que c'est un circuit sans fin. On s'enfonce tous un par un", lâche-t-il.

Les agressions se multiplient

Les conséquences sont bien sûr désastreuses : bagarres, hurlements et fêtes jour et nuit se multiplient depuis le début de l'été dans le quartier. Et les commerces plongent à mesure que les agressions augmentent. "C'est des bagarres au couteau, ils trainent avec des sabres. Les gens ne se sentent plus en sécurité ici. Je pense que le gouvernement n'en a rien à foutre, il a laissé ça comme ça", s'agace un restaurateur.

Dans ces conditions, quelles solutions envisagent la Mairie de Paris dans les prochains mois alors que les plaintes s'accumulent ? "C'est insupportable et nous partageons évidemment ce sentiment d'exaspération. Ça fait quarante ans que ça dure", reconnaît le premier adjoint, Emmanuel Grégoire, qui ajoute que "la maire de Paris a proposé un dispositif extrêmement ambitieux de prise en charge". "La ville est vraiment déterminée à prendre sa part. Nous attendons des pouvoirs publics dans leur ensemble qu'ils prennent la leur", poursuit-il.

Quatre nouveaux centres de prise en charge pour les toxicomanes dont un, dans le quartier Pelleport, pourraient ouvrir d’ici à la fin de l'année dans la capitale. Mais pour l'heure, le gouvernement n'a pas encore donné son feu vert. 


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