Face à la crise du carburant qui prend de l'ampleur, les premières réquisitions ont été décidées ce mercredi.Destinée à débloquer la situation, la mesure cible certains travailleurs indispensables.Ils devront remplir à nouveau des camions de carburant, mais uniquement pour soulager pour les véhicules prioritaires.
À la première lueur de l'aube sur la raffinerie Esso de Normandie, les syndicalistes CGT entamaient ce mercredi une nouvelle journée de grève devant les dépôts toujours bloqués, quand ils ont appris la nouvelle : l'ordre de réquisition est lancé. "Il y a une liste de travailleurs, qui sont sur les expéditions, qui a été fournie par notre employeur, avec les adresses. On attend de voir si des véhicules officiels arrivent", explique dans le reportage du 13H de TF1 ci-dessus Germinal Lancelin, secrétaire général CGT d’ExxonMobil.
Comme annoncé par la Première ministre la veille, le gouvernement a procédé mercredi à une première réquisition de salariés grévistes du groupe, pour ravitailler les stations-service à sec, tandis que la grève se poursuit, faute d'avancées sur les négociations salariales. Le site normand de Port-Jérome-Gravenchon, en Seine-Maritime, est le premier sur la liste. Puis les grévistes du dépôt de Flandres de TotalEnergies, près de Dunkerque, seront les prochains, a confirmé le porte-parole de l'Élysée Olivier Véran.
Deux à trois personnes réquisitionnées par dépôt
Réquisitionné, le personnel indispensable aura l'obligation de remplir les camions de carburant, sous peine de sanctions pénales, comme lors du précédent de 2010, quand les gendarmes avaient débloqué l'accès d'une raffinerie pour que des salariés réquisitionnés puissent relancer le site. "À ce stade, c'est le déblocage des dépôts de carburants à l'intérieur des raffineries qui est concerné", a indiqué à l'AFP la direction du groupe Esso-ExxonMobil.
Cette procédure exceptionnelle est "une décision locale" : "l'État identifie une usine qui doit redémarrer et demande à l'exploitant quels sont les personnels indispensables au redémarrage", explique à l'AFP Olivier Gantois, président de l'Ufip Énergies et Mobilités, porte-parole des pétroliers. Leurs noms sont ensuite inscrits dans l'arrêté pris par l'État. "On est sur un nombre limité de personnes, de l'ordre de deux ou trois par dépôt", souligne auprès de l'agence le ministère de la Transition énergétique, qui précise que le recours aux forces de l'ordre sert uniquement à "notifier les personnes réquisitionnées".
Mais la décision semble crisper davantage encore les salariés grévistes. "Là, ça nous met plus en colère qu'autre chose", s'irrite Germinal Lancelin. "On est outré, le droit de grève est bafoué, alors que c'est un droit constitutionnel des travailleurs. C'est notre seul moyen pacifique de réussir à défendre nos droits", tempêtait-il déjà mardi soir dans le reportage du 20H de TF1 ci-dessous.
Pas de retour à la normale prévu
Toutefois, "le but de la mesure n'est pas de restaurer la normale, et que chacun puisse aller se servir aux stations services, parce que même si c'est une gêne très importante, il y a à côté de cela un droit de grève qui doit être respecté, et qui ne peut pas être entravé", expliquait dans la même vidéo l'avocate Nathalie Lailler. La réquisition ne doit viser qu'à assurer un service minimum, à savoir faire rouler les véhicules d'urgence et prioritaires, comme les ambulances, camions de pompiers ou voitures de police, mais aussi les transports scolaires. En bref, soulager certains secteurs, mais pas tous les automobilistes.
Aux dépôts de Fos-sur-Mer, une autre raffinerie Esso près de Marseille, les grévistes comptent s'appuyer sur cette notion de service minimum pour limiter, voire contester devant la justice, une éventuelle réquisition. "Que tout le monde ait du carburant dans sa voiture, ce n'est pas une nécessité absolue au sens de la loi, même si ça l'est au sens de la nécessité des gens. Cela ne justifie pas une réquisition", estime dans le reportage du 13H en tête de cet article Gil Villard, délégué syndical CGT.
Par ailleurs, les grévistes affirment que l'acheminement du carburant aux stations ne pourra pas prendre effet immédiatement. Pas une goutte d'essence ni de gazole n'a quitté ce dépôt depuis 21 jours. "Ça prendra le temps nécessaire pour redémarrer les installations, c'est-à-dire minimum quinze jours. Ce n'est pas jouer la montre, c'est juste le temps normal pour redémarrer une raffinerie en toute sécurité", mettait déjà en garde mardi soir dans le 20H de TF1 Lionel Arbiol, délégué syndical sur le même site.
Dans les stations-services de la région, les automobilistes sont partagés sur cette décision des réquisitions. "Cela pourra aider beaucoup de professions qui ont besoin de rouler et d'avoir du carburant, après il y a aussi le droit des salariés à respecter", fait valoir l'un d'eux. "Je ne pense pas que la méthode forte soit la bonne solution, ça risque d'envenimer les choses. Malheureusement, on va tous y perdre", prédit un autre. Ce mercredi, six des sept raffineries de France sont toujours en grève : les quatre de TotalEnergies et les deux d'Esso-ExxonMobil.
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