Dos d’âne illégaux : mais pourquoi rien ne bouge ?

par Léa TINTILLIER Reportage TF1 | Antoine Bourdarias, Philippe Véron
Publié le 17 janvier 2023 à 19h52

Source : JT 13h Semaine

En France, une forte proportion des dos d’âne ne sont pas conformes à la règlementation.
Pourtant, un décret de 1994 encadre l’installation de ces ralentisseurs dans notre pays.
Pourquoi rien ne bouge ?

Moussy le Neuf (Seine-et-Marne), 3200 habitants, compte... une trentaine de dos d’âne. Ici, presque toutes les rues ont un ralentisseur. C’est un peu trop pour les automobilistes rencontrés par TF1. "Ceux avec les pierres sont particulièrement dangereux", affirme l’un d’eux dans le reportage ci-dessus. "Ils sont un petit peu haut et il y en a beaucoup", poursuit une autre. "Il y a une ligne d’autobus et normalement, il ne devrait pas y avoir de ralentisseur dessus", ajoute un habitant. En effet, dans cette rue empruntée par deux lignes de bus, quatre ralentisseurs s’enchaînent en moins de 300 mètres, avec des conséquences physiques pour les chauffeurs. "Ça fait mal au niveau du dos", assure l’un d’eux. 

Pourtant, un décret de 1994 encadre très clairement l’installation de dos d’âne dans notre pays. Ils doivent faire quatre mètres de long pour dix centimètres de hauteur maximum. Les ralentisseurs doivent aussi être installés sur des routes limitées à 30 km/h, empruntées par moins de 3000 véhicules par jour et sans transports en commun. 

Une association pour répertorier les dos d’âne illégaux

Thierry Modolo a fait de ces dos d’âne non conformes son combat quotidien. Il tient à nous montrer un dos d’âne situé dans une zone industrielle et emprunté selon lui par 30.000 véhicules tous les jours. "Il est totalement illégal, peste-t-il. On voit qu’il y a énormément d’impacts de camions, certains faisant à peu près deux centimètres de profondeur"

Thierry a même créé une association pour permettre aux usagers de les répertorier. "La plupart des personnes qui nous contactent sont des pompiers qui ont un gros problème avec ces ralentisseurs quand ils ont des blessés à bord", poursuit-il. 

"Il faut normaliser ces installations"

Les contentieux autour de ces dos d’âne hors la loi se sont multipliés ces dernières années. Mais les mairies, responsables de la voirie, refusent presque systématiquement de les enlever et les recours au tribunal administratif sont souvent très longs. Pour Me Rémy Josseaume, qui défend une cycliste gravement blessée à cause d’un ralentisseur, l’installation des dos d’âne n’est pas suffisamment contrôlée. "On a mis un mouchoir sur la réglementation parce qu’on s’est rendu compte que c’était compliqué de respecter cette réglementation. Concrètement, il faut normaliser ces installations pour que toutes les installations soient identiques partout en France, et qu’on ne laisse pas faire tout et n’importe quoi selon les choix de tel ou tel maire", explique-t-il. 

Selon une étude réalisée en 2018, au moins 40% des ralentisseurs sur nos routes ne sont pas conformes à la règlementation. 


Léa TINTILLIER Reportage TF1 | Antoine Bourdarias, Philippe Véron

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