VIDÉO - École : Emmanuel Macron cajole les enseignants, qu'en pensent-ils ?

par La rédaction de TF1info | Reportage Sylvain Millanvoye, Pascal Michel, Nawal El Hammouchi
Publié le 21 avril 2023 à 10h07, mis à jour le 21 avril 2023 à 10h13

Source : JT 20h Semaine

Les salaires des enseignants ont chuté depuis les années 1980.
Dès la rentrée de septembre, les 900.000 enseignants français, sans exception, verront leur salaire augmenter, promet Emmanuel Macron.
Mais est-ce réellement suffisant ?

Tentant de renouer avec les Français et le terrain, Emmanuel Macron a annoncé jeudi dans l'Hérault une augmentation dès la rentrée de la rémunération des enseignants, non sans avoir été interpellé de nouveau par des habitants et des centaines de manifestants opposés à la réforme des retraites. 

Après avoir longuement échangé avec enseignants, parents et élèves, le président a annoncé une "hausse inconditionnelle" de rémunération de 100 à 230 euros nets mensuels pour les enseignants, "à tous les niveaux de carrière" et "dès la rentrée". L'augmentation annoncée sera portée "jusqu'à 500 euros par mois" pour ceux qui accepteront de nouvelles missions, sur la base du volontariat, a ajouté le chef de l'État, sans donner davantage de précisions. Question : que pensent les principaux concernés de cette annonce

"Gagner plus en travaillant plus"

"C'est très insuffisant", a réagi Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes-FSU, premier syndicat du second degré (collèges et lycées), pour qui "Emmanuel Macron ne tient pas la promesse de 10% d'augmentation pour tout le monde". Pour Audrey Lalanne, professeure à Bayonne (Pyrénées-Atlantiques) sollicitée dans le sujet ci-dessus, sa vocation ne se résume pas à sa feuille de paie. Pour autant, les chiffres qui y apparaissent chaque mois, reflètent-ils vraiment son investissement ? "Au bout de 4 ans d'ancienneté, j'ai 2070 euros. Heureusement, j'ai une prime en plus qui me permet d'arriver à 2190. Mais autrement, on voit bien qu'il y a beaucoup de collègues qui ne touchent pas assez d'argent"

Le salaire net mensuel moyen des enseignants du secteur public s'élevait en 2020 à 2.596 euros, selon le dernier bilan social publié par le ministère de l'Éducation (primes et indemnités comprises), avec de fortes disparités entre les enseignants, selon leur statut, leur ancienneté, etc. Le gouvernement propose ainsi aux enseignants de gagner plus en travaillant plus. Et ce sur la base du volontariat : soutien scolaire, projet d'aide pédagogique ou remplacement de courte durée, soit 18 heures par an et par mission. 

Promesse de remplacement systématique des professeurs absents jugée "peu crédible"

Un professeur gagnera alors 1250 euros et 3750 euros en plus chaque année. Mais cela peut-il suffire à enrayer la crise des vocations ? "Ce qui décidera les gens à passer le concours, c'est s'il n'y a pas 30 gamins par classe dans des classes pourries qui tombent en lambeaux", selon Judith Humery, professeure des écoles à Toulouse. "C'est une solution pas mal pour ceux qui veulent gagner plus. Après, on ne s'en rend pas compte, mais ce qu'il a annoncé revêt aussi de grosses charges, notamment l'aide au devoir", ajoute Antoine Gournay, professeur de mathématiques en Seine-Saint-Denis. 

C'est le dernier volet des mesures s’adressent aussi aux parents et aux élèves. Il s'agit de la promesse de remplacement systématique des professeurs absents et de l’aide en mathématiques et français, notamment en sixième. L’objectif gouvernemental est la mise en application de ces mesures, dès le mois de septembre prochain. Mais les syndicats ont jugé peu crédible cette promesse. Les enseignants devront alors s'engager sur les remplacements de courte durée dans le second degré. Pour Bruno Bobkiewicz, secrétaire général du SNPDEN-Unsa, principal syndicat des chefs d'établissements, il faudrait "que l’État s'engage à avoir des viviers de remplaçants. Et pour cela, il faut plus de moyens sur la table".

En lançant son chantier des "cent jours" afin de tenter de fermer la parenthèse de la crise des retraites, Emmanuel Macron avait promis lundi que l'école allait changer "à vue d'œil" dès septembre.  Dès la campagne présidentielle, le chef de l'État avait avancé deux pistes : une hausse "inconditionnelle" de 10% des salaires et une augmentation liée à de nouvelles missions, appelée "pacte". Mais toutes les organisations syndicales avaient claqué la porte des négociations en mars sur la partie "pacte", refusant le "travailler plus pour gagner plus".


La rédaction de TF1info | Reportage Sylvain Millanvoye, Pascal Michel, Nawal El Hammouchi

Tout
TF1 Info